21 novembre 2017

L'exotisme des petites choses

Une expérience d'expatriation. On peut dire ça comme ça... Et cela bien que je sois assez convaincu au bout du compte que toute nationalité n'est que de hasard, et donc pas entièrement persuadé d'avoir une patrie d'où je puisse m'extraire. Cela me désigne certainement comme un affreux « globaliste » pour emprunter un terme à la nouvelle extrême-droite (et à quelques uns qui se disent de gauche) - mais c'est une étiquette que je suis prêt à porter avec fierté, au bout du compte.

Mais pour autant...Ce qui est frappant, finalement, ce n'est pas le grand exotisme des paysages et des climats ; c'est beaucoup plus les petits décalages de tous les jours.


Un Great -tailed grackle (quiscale à longue queue) sous les pacaniers.

Par exemple, ayant beaucoup couru dans les sentiers boisés des environs, je me trouvais entouré de plantes et même d'arbre que je ne connaissais pas. Certes, bien que m'intéressant depuis tout petit aux choses de la nature, je suis loin de connaître toutes les plantes d'Europe de l'Ouest, et il y en a des plus banales dont je n'ai aucune idée du nom. Mais au moins, je les connais de vue, comme quelqu'un que l'on croise régulièrement dans les couloirs sans lui avoir jamais parlé. Ici, des brins d'herbe tout simples m'étaient totalement nouveaux - ces sortes de folle-avoine aux épis plats comme une feuille de papier, par exemple ! Ou ces arbustes aux magnifiques baies violettes qui rappellent vaguement le sureau. Nouveautés parfois peu avenantes, comme ces sortes de liserons aux épines acérées qui poussent précisément dans les « raccourcis » que le coureur mal avisé s'efforce d'emprunter... Les oiseaux, c'est pareil : le grackle est un des oiseaux les plus fréquents de la région ; une silhouette d'étourneau avec la taille d'un gros geai, et un cri aussi peu mélodieux ; le mâle étant noir d'encre avec des reflets bleutés. Il se fait plus rare depuis quelques jours, mais à la fin de l'été, il emplit l'espace visuel et sonore, au point d'être une vraie plaie à la nuit tombée sur les parkings de supermarchés où il se rassemble par milliers. Quant aux cardinals et aux blue jays, ils m'émerveilleraient tout autant si j'étais autochtone, mais sans le choc de surprise renouvelé à chaque buisson où on les trouve.

Je parle ici de flore et de faune, mais on pourrait en dire autant de ce qui est humain. Les échangeurs géants, c'est une chose ; mais les petits panneaux de limitation de vitesse, tellement discrets qu'ils échappent à nos regard de conducteurs européens ? Et tel ou tel produit de tous les jours, légèrement décalé ici par des habitudes différentes ?

Pour moi, c'est surtout ça, l'expatriation : une ribambelle de surprises minuscules, là où on les attend le moins.

Le Plume vous salue bien.

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