31 août 2005

Grand nettoyage d'automne

J'entends déjà les perfides faire remarquer que l'automne arrive tôt en Bretagne Nord. Ce qui n'est pas faux, à ceci prêt qu'on avait aujourd'hui un ciel plombé et une chaleur étouffante... Mais mon propos n'est pas là. Il s'agissait de faire les rangements nécessaires pour que le bateau puisse passer l'hiver sans dommages - il n'est pas exclu qu'il reprenne du service cet automne, bien sûr, mais l'espérience prouve que ces projets sont souvent mis à mal par les impératifs multiples et néanmoins catégoriques du reste de l'existence.


Grand déballage du bord peu après l'achat du bateau, printemps 2000.

De quoi s'agit-il ? Rincer les voiles qui ont pris l'eau de mer, les faire sécher (en les hissant, tout simplement) et les plier ; démonter une partie de l'accastillage et des manœuvres, en se demandant toujours ce qu'il faut laisser et ce qu'il faut rentrer ; rincer le moteur hors-bord à l'eau douce, extérieurement mais aussi intérieurement, en le faisant tourner plongé dans une grande poubelle pleine d'eau du robinet ; retirer l'hélice du loch et éponger les deux litres d'eau de mer que l'on fait inévitablement rentrer à cette occasion ; enfin, faire un peu de rangement, balayage et essuyage des plus communs. On songera ensuite à vérifier l'amarrage et même à le doubler : ça ne coûte pas cher d'être prudent.

L'un dans l'autre, ça ma pris l'essentiel de ma journée, cette histoire. Et demain, je rentre alla casa, ce qui ne me déplait nullement.

Le Plume vous salue bien.

30 août 2005

Tréguier - Perros

Voici donc le fringuant voilier revenu dans son chez-lui maritime - on retrouve les balises qu'on connait par cœur, pierre Jean Rouzic, pierre du chenal, Cribineyer, Roc'h hu... Les balises de la rivière de Tréguier commençaient cependant à me devenir familière : Gwar Iviniou, Taureau, petit Taureau et Taurillon, la Corne, les Trois Pierre, les Penn ar Guezec, le Corbeau, la pierre à l'Anglais, Basse Crublent : un plan d'eau, ça s'apprend.

La dernière fois que j'avais fait ce trajet, j'étais parti trop tard de Tréguier et j'avais du coup loupé d'une demi-heure l'ouverture du port de Perros. Alors cette fois-ci, pas de ça : j'ai passé la nuit sur le bateau et je suis parti de bon matin, départ 9h15 compte tenu du petit déjeuner. Du coup, courant descendant dans la rivière, ce qui est mieux ; de plus, une fois passé à la hauteur de Basse Crublent, le vent d'est modéré me permet de hisser un spi.

Résultat, arrivée à Perros avant 14h, alors que le port n'ouvrait qu'à 16h... Du coup, après affalage du spi (toujours plus périlleux que son envoi), on repart pour un tour, au louvoyage, ce qui m'a permis de vérifier que ce qu'on m'avait appris et que j'avais oublié, à savoir que l'écoute de génois doit passer au dessus du tangon et de sa balancine, est rigoureusement exact. Désolé pour la majorité des lecteurs pour qui tout ça est du chinois, les autres imaginerons sans peine la tête qu'avait ledit génois au premier virement... Enfin bon, pas de dégâts, je retiens la leçon.

Du côté de Ploumanac'h, vérification de l'adage (que je viens d'inventer) selon lequel on ne peut pas parler du temps qu'il fait en mer parce que le temps n'est pas le même suivant qu'on est au vent arrière ou au près - coups de soleil contre bonne brise et paquets de mer. Pas le même non plus, dans nos contrées, suivant que la marée monte ou descent, pour peu que le vent s'oppose au courant. Bref, après une demi-journée de bronzette, une bonne rincette, ça ne fait pas de mal.

Je me rends compte que je n'ai pas tant de photos que ça de ce plan d'eau dans mes archives. La prochaine fois, promis, je commence la collection de toutes les bouées, balises et amers du secteur !


Coucher de soleil en baie de Perros, 3 septembre 2004.

Tiens, ce paysage me fait penser que je n'ai pas fait de retour de nuit cette annéee. D'un autre côté, vu que mon feu arrière est cassé et que celui de tête de mat est incertain, ça n'est pas plus mal peut-être...

Le Plume vous salue bien.

29 août 2005

Couleurs d'Italie, 4 (ou : la fin de l'été).

Je n'ai pas de photos de colchiques (et, à vrai dire, je ne savais pas à quoi ressemblait une colchique jusqu'à tout à l'heure, où un dictionnaire m'a instruit sur ce point), sinon je vous aurais fait « colchiques dans les prés ». Au lieu de ça, une fleur alpine non identifiée - si quelqu'un la reconnaît, n'hesitez pas à me la dénoncer.


Fleur des Appenins, Lago delle Lame, juillet 2005.

Ceci dit, c'est effectivement la fin de l'été : les volets des résidences en front de mer se closent, les encombrements estivaux ont disparus ; sur les routes, les 50cm3 des ados des environs zonzonnent, en prérentrée officieuse chez l'un et chez l'autre... Ma principale activité du jour : emmener à la décharge municipale (on dit déchetterie maintenant) quelques dizaines de kilos de vieilleries stockées depuis dix ans et jamais utilisées depuis : quelques années de Canard enchaîné et de Voiles & Voiliers , un bon paquet de Vie du Rail, une dizaines de publications de la documentation française probablement achetées chez Emmaüs dans nos années rennaises... Sans compter un convecteur périlleux, une cafetière hors service et une antenne de réception du défunt système de positionnement hyperbolique Decca. Évidemment, il y a tout ce qui, perdu dans cette masse, a attiré mon attention et a donc été épargné : une carte de Bobo Dioulasso au 1:200.000 (réédition de 1960) ; un manuel de géographie de C.E.P. (1957) ; un fascicule rééditant les sept premiers numéros du petit miquet qui n'a pas peur des grands, fanzine d'Yves Frémion (1976) ; le cours de fonderie de l'école de perfectionnement des agents de maîtrise des chemins de fer de l'État (1935).

Ce soir, je vais rejoindre le bateau pour le ramener demain matin à son port d'attache où je le préparerai pour pouvoir supporter les rigueurs de l'hiver, au cas où je n'y retourne pas en septembre. Et puis ce sera le retour, la rentrée, l'occasion d'affronter les problèmes qu'on a essayé de fuir pendant l'été...

Les chataîgnes ne se fendent pas encore sous nos pas - elles sont encore sur l'arbre, leurs piquants d'un beau vert pâle - mais, à n'en pas douter, c'est la fin de l'été.

Le Plume vous salue bien.

28 août 2005

De l'inconvénient des photos d'archive

En passant le phare de la Corne et la tourelle des Trois-Pierres cet après-midi, il faisait grand beau. Pas comme en juillet dernier lorsque cette photo a été prise...


L'estuaire du Jaudy, 27 juillet 2004.

Le Plume vous salue bien.

27 août 2005

Tréguier en gris (ou : journée Caliméro)

Temps médiocre, un peu lourd ; le ciel sur Tréguier n'était guère plus bleu que lorsque j'y avais fait escale l'été dernier :


Le port de Tréguier vu de l'aval, 27 juillet 2004.

Du coup, bricolage et nettoyage étaient au menu de la journée. Sans grand succès, il faut le dire, mais c'est toujours ça de pris. Après ça, j'enfourche le vélo pour les 20km du retour... et je crève, de la roue arrière bien sûr, au bout de quelques kilomètres. Là, évidemment, en fouillant dans la sacoche de guidon, je réalise que la clé de quinze, indispensable pour démonter ladite roue, est restée à la maison. Je me revois d'ailleurs triant le contenu de cette sacoche et m'exclamant : « Mais pourquoi diable me trimballé-je cette pesante clé de quinze ? Allez, zou, dans la boite à outils ! »

Réparer une crevaison sans enelver la roue, ça n'est pas évident. J'ai réussi à démonter le pneu et à en sortir la chambre mais, dans ces conditions, pas moyen de trouver la fuite - qui semble faible. J'ai bien une chambre à air de rechange mais, faute de pouvoir démonter la roue, elle m'est totalement inutile... Je repars, regonfle la roue, avance de quelques kilomètres, regonfle de nouveau, etc.

Évidemment, quand on fait comme ça, plus ça va et moins ça va. Arrivé au tiers du chemin, le gonflage ne tenant plus du tout, re-démontage - il est maintenant clair que les fuites sont devenues innombrables, grâce à la meilleure amie du pneu : la jante, sur laquelle je roulais vers la fin de chaque segment. Lorsque mes parents, inquiets de ne pas me voir arriver sur le coup de 21h alors que j'avais anoncé hautement que je rentrerai pour dîner, m'appellent sur le portable, je ne refuse pas l'offre qui m'est faite d'un rapatriement automobile.

On a sa dignité, certes, mais il y a des jours où il vaut mieux arrêter les frais.

Le Plume vous salue bien de ses mains pleines de cambouis.

26 août 2005

Perros - Tréguier

Aujourd'hui, trajet Perros - Tréguier, avec deux équipiers recrutés dans la famille. Tranquile : le fils du cousin à régler les écoutes, la femme de son oncle à la barre, et moi à manger des sandwich et regarder le paysage... Royal, même.

Évidemment, regarder le paysage, on appelle ça faire la navigation. À condition toutefois d'utiliser quelques accessoires supplémentaires : jumelles, compas de relèvement, carte marine, règle Cras, instructions nautiques... Ça tombe bien, c'est un des trucs que je préfère. Sur ce trajet, ce n'est pas très compliqué (d'autant que c'était la deuxième fois que je le faisais dans ce sens là) sans être non plus par trop simple. Jusqu'aux abords de la rivière de Tréguier, pas de difficulté ; après, il s'agit de trouver la passe. Il y a une bouée à reconnaître, la Basse Crublent ; ce ne serait pas si simple s'il n'y avait l'alignement de l'église par le château d'eau de Pleubian qui permet de la repérer. Après, il y a un autre alignement à terre qui indique la passe mais de jour il est pratiquement inexistant : il s'agit de deux phares dont l'un ressemble à une maison avec une grosse verranda face à la mer et l'autre est aux trois quarts caché dans les arbres. En faisant le cap qui va bien, on y arrive, mais non sans une légère appréhension. Enfin, après ça, on passe pile entre une latérale babord et une latérale tribord ; ensuite, moyennant quelques ruses au début, c'est du pilotage facile entre les bouées de la rivière.


Le Jaudy au port de Tréguier, vu vers l'aval, avril 2004.

À noter sur cette image les nombreuses bouées ou perches rouges et vertes. Les rouges sont des latérales babord, à laisser à droite en descendant la rivière ; les vertes, des latérales tribord, à laisser à gauche en sortant. Évidemment, c'est comme pour le slalom à ski : il faut le plus souvent laisser à gauche les bouées qui sont sur la droite de la rivière, et réciproquement.

Sinon, à l'arrivée au port, joie : contrôle des douanes, qui sont bien sûr habilitées à contrôler le matériel de sécurité. Ce qui ne m'arrangeait guère, vu que mes fusées de détresse étaient périmées depuis 18 mois et mon extincteur réglementaire depuis des années... Ils ont mis un bout de temps à se convaincre que j'étais bien le propriétaire du bateau - ce qui est pourtant relativement flagrant à voir l'acte de francisation du bateau, qui comporte une photo d'identité. À croire que je n'ai pas une tête à posséder un bateau. Celà étant fait, ils m'ont laissé un sursis : pas d'amende, moyennant d'aller illico racheter les équipements défaillants et de leur faxer la facture dans les plus brefs délais... Ça casse un peu l'ambiance en fin de sortie, mais bon, acheter pour 27 euros de matériel dont j'avais de toute façon besoin est plus agréable que de payer 370 euros de prune.

Demain, bricolage et balade éventuelle dans les environs. Après-demain, peut-être exploration de quelques passages subtils du coin.

Le Plume vous salue bien.

25 août 2005

Tout nu

Je suis reparti en Bretagne, en train, et tout nu : j'ai oublié mon appareil photo. Je m'en suis rendu compte pas bien loin de la maison, mais trop tard pour pouvoir y retourner sans louper mon train... Les photos que vous verrez ces jours-ci sont donc des photos d'archive - et ça tombe bien, il y en a plein.

Retour donc auprès du bateau, toujours au port de Perros :


Le port de Perros vu de mon mât le 9 août dernier.

Pas pour longtemps cependant : en raison des faibles coefficents de marée, le port restera fermé de samedi 0h20 à mardi 16h.... En conséquence de quoi j'emmène demain midi le bateau au port de Tréguier qui, étant en rivière, est ouvert en permanence - retour à Perros mardi. Et j'avoue que pour l'avenir, je m'interroge : un port qui est systématiquement fermé à chaque fois qu'on veut faire du bateau, à force, ça lasse. On verra !

Le Plume vous salue bien.

24 août 2005

Gênes toujours

Ayant acheté une glace à deux pas de la cathédrale San Lorenzo, nous nous mettons à la recherche d'un coin tranquile pour la déguster. Nous prenons donc une petite ruelle derrière laquelle il nous semble appercevoir une ruelle et nous tombons sur ça :


Gênes, Piazza delle Scuole Pie, 8 juillet 2005.

J'ignore ce qu'abrite cette façade ; cependant, les immeubles avoisinants sont découpés en appartements minuscules si l'on en juge par le nombre de sonnettes ; dans le passage voisin, deux africaines en boubou discutent tout en se faisant des tresses tandis qu'à l'imprimerie d'à côté on travaille d'arrache-pied dans le vacarme d'antiques rotatives. Le vieilles ruelles du centre historique de Gênes ne sont plus les coupes-gorge d'il y a une vingtaine d'année mais continuent de former un quartier populaire où le prolétaire, autochtone ou non, croise les groupes de touristes.

Merci saint Georges, saint Laurent, ou qui que ce soit qui soit responsable de ce miracle : la magnifique ville de Gênes est tout sauf une ville musée.

Le Plume vous salue bien.

23 août 2005

Funiculaire

Du bas de la ville au point de vue d'où le panorama d'hier a été pris, le plus simple, c'est le funiculaire. Car en plus d'avoir une dizaine de gares de chemin de fer, Gênes dispose de trois ou quatre funiculaires - illustration des deux dimensions de Gênes : en linéaire, le long de la côte, et en vertical, sur les pentes de la montagne.


Le funiculaire Zecca - Righi, Gênes, le 8 juillet 2005.

Comme le funiculaire du Havre que je prenais quand j'étais gamin, il est à deux rames en contre-poids et voie unique, avec croisement au milieu du parcours. Par contre, il a trois ou quatre stations intermédiaires, l'une d'elle étant le point de croisement, ce qui complique passablement les choses.

Chaque rame dispose d'un machiniste dont le travail est d'ouvrir les portières et d'appliquer le freinage au bon moment - c'est à dire en bonne synchronisation avec l'autre rame, puisqu'elles sont reliées par leur câble commun. À première vue, la principale difficulté de ce travail est de mettre et d'enlever les lunettes de soleil en entrant et en sortant des tunnels et de conserver un air impassible, digne avec une trace d'ennui, comme les liftier de naguère. Ne leur dites surtout pas que j'ai dit ça, sinon, la prochaine fois, il faudra que je monte à pied.

Le Plume vous salue bien.

22 août 2005

Genova

Gênes, Genova, Genoa... La vieille cité de Saint-Georges, rivale occidentale de la cité de Saint-Marc, ville portuaire par excellence puisqu'adossée à la montagne, qui l'a souvent protégée mais qui serre un peu aux entournures tout de même... Je vous avais promis d'avantage de Gênes (pas de jeu de mot douteux je vous prie) : en voici.


le port de Gênes vu de Righi

Le voici, ce port, et les petites rues du centre historique entassées juste au dessus, sur les pentes douces qui précèdent la montagne. La vieille darse, sur la droite de l'image, bordée par l'immense cquarium marin et les étranges structures qui l'avoisinnent ; plus à gauche, la vieille ville à proprement parler, où l'on distingue la tour noir et blanche de la petite cathédrale Saint-laurent, noyée dans ce dédale.

Ceux que le voisinage des zones portuaires modernes et de l'architecture médiévale incommodent, ceux qui voudraient de l'ancien pour oublier le monde moderne, ceux-là n'aimeront pas Gênes, où tout se téléscope. Moi, c'est précisément pour ça que Gênes me plaît.

Le Plume vous salue bien.

21 août 2005

Couleurs d'Amérique

Pas de séjour outre-Atlantique pour nous cet été - malin que nous sommes, nous nous réservons ça pour la fin décembre. En attendant, en voici quelques couleurs :


Red Rock Canyon, Nevada, août 2005.

Évidemment, ce sont là des couleurs que nous ne risquerons pas de rencontrer dans les rues de New York et Washington au plus noir de l'hiver. Il y en aura d'autres !

Le Plume vous salue bien.

20 août 2005

Reflets de la Villette

La cité des sciences et de l'industrie est une création typique des années 80 : c'est grand, ça a de la gueule - même si ça ne vieillit pas forcément très bien - et ça ne sert pas à grand chose. Sur un espace dix fois plus grand, pas beaucoup plus de matière que dans le bon vieux palais de la découverte, finalement. Plus de diversité, peut-être, mais certaines sections sont proprement affligeantes (aéronautique et automobile, plus des publicités géantes pour Renault et Dassault que de véritables expos). Et puis, c'est comme dans le concept d'« histoire des sciences et techniques » : de techniques, d'industrie, c'est à dire, au bout du compte, de gens au travail, on ne voit rigoureusement rien. Regrettons que l'éphémère ministère de la revalorisation du travail manuel n'est pas assez duré pour surveiller de près ce grand projet tontonnien...

Mais de toute façon, l'objectif de cette journée, c'était de la passer entre amis. Et ça c'était pleinement réussi.


Portrait de groupe à la Géode hier après-midi. Le photographe est au regret de constater qu'il n'a pas maigri.

Le Plume vous salue bien.

19 août 2005

Des quais de la Villette au quai de gare

Un petit tour et puis repart : mon ami, mon vieux frère, celui qui a la mauvaise idée d'habiter à l'autre bout de l'Eurasie et que j'avais récupéré à Roissy hier, est reparti avec armes et bagages (et gamin) vers d'autres horrizons.


Le TGV de 19h00 pour Lyon et Saint-Étienne, ce soir, Gare de Lyon,19h02.

J'essaye d'éviter de me la jouer « cher journal » dans ces pages - au point qu'on a pu y voir une certaine froideur. Mais, après tout, si on ne peut pas épancher ses coups de blues sur son blog, à quoi bon ?

Sans compter les super courbatures aux jambes que je me tappe : faire la cité des sciences avec, pour une bonne partie de la visite, un gamin de sept ans juché sur la pointe de mes godasses, ça fait du sport. Mais comme il est le fils de mon ami et quelque chose comme mon filleul, il a le droit inaliénable de m'exploiter de manière éhontée - et de s'endormir sur mes épaules dans un coin de l'exposition d'accoustique, si c'est ce qui lui chante.

Le Plume vous salue bien.

18 août 2005

The White Pony

À Rome, fais comme les Romains, dit-on. Et à Paris, fait comme les Romains aussi. Voici en effet le nouvel arrivant dans notre ménagerie : nom de code The White Pony, aussi appelé à l'occasion lo scooter (prononcé à l'italienne : « scoutaire »). Acheté par la madame pour pouvoir rejoindre efficacement la gare de chemin de fer par laquelle elle turbotera l'an prochain. Ceci dit, pour le moment, ni elle ni moi ne maîtrisons pleinement la bête, même si l'on s'efforce de profiter de la période creuse du mois d'août pour s'entraîner un peu...


Le White Pony sur l'esplanade du château de Vincennes, cet après-midi, 15h45.

J'ai profité de ce premier jour parisien pour débourrer un peu l'animal et lui faire découvrir la banlieue parisienne. Pas très grande banlieue : Saint-Mandé, Vincennes (où l'engin s'est arrêter pour jouer les pin-up, voir photo) et retour par la porte dorée... Dans l'état actuel de mes compétences, ça me suffit largement. Et puis il fallait que j'aille récupérer la twinga pour aller chercher un ami cher et son fils à Roissy, provenance directe d'Osaka - mais ceci est une autre histoire.

Le Plume vous salue bien

17 août 2005

Sur les routes de France

Bon, eh bien, nous revoilà chez nous, après une journée de route plutôt sportive - vu qu'étant donné que la twinga elle a pas la direction assisstée et que quand il y a plein de raffales de vent on s'en prend plein les biscotos pour pas un rond. De retour donc, avec une pleine cargaison de spécialités bretonnes :


Ladite cargaison vu du siège du passager, départementale 38 du département des Côtes d'Armor.

Bah oui, un bananier. Ça change de la faïence de Quimper, non ? Et puis maintenant qu'on a une carte de fidélité aux magasins de la coopérative du Trieux, faut rentabiliser...

Le Plume vous salue bien.

16 août 2005

On remballe

Eh oui, provisoirement au moins, on remballe ; je reviendrai sans doute dans le secteur d'ici peu, mais ce n'est pas pareil. On remet dans les bagages tous les trucs qu'on a acheté pour ramener, tous ce qu'on a acheté pour ici mais qu'on ramène quand même, sans compter du linge sale et des ordinateurs propres. Et puis tous les « on aurait pu, » les « on aurait dû, » les « dommage que »...


Louannec : la baie de Nantouar ; au fond, la Pointe-épine à Trélevern.

Demain soir, nous serons chez nous - et si loin en même temps.

Le Plume vous salue bien.

15 août 2005

Littoral

Ces jours-ci, morte-eaux : l'eau n'est pas plus morte que d'habitude mais les marées sont faibles. Du coup, au lieu de se remplir et de se vider entièrement, la baie reste toute la journée quasiment pleine, ce qui surprend un peu, quand on a l'habitude. Idéal pour les bains de mers puisqu'on peut se baigner à toute heure ; pour la plaisance, c'est moins bien : le port de plaisance de Perros (dont le mur est nettement au dessus du niveau de la mi-marée) reste fermé pour des coefficients inférieurs à 40 - et n'ouvre que quelques dizaines de minutes par marée pour les coefficients compris entre 40 et 50.

Résultat, j'ai pris mon bain annuel - mon passage à la patouille en Laser l'autre jour ne compte pas, c'était à l'insu de mon plein gré. Eh oui : je me baigne fort peu. Ça n'a jamais été mon truc ; d'abord je nage à peu près aussi bien que les petits bouts de pain dans le café au lait du matin : je flotte mais ça s'arrête là. Ce qui n'empêche que ça n'a rien de désagréable, tous comptes faits. OK - ceci n'est pas une découverte révolutionnaire !

Beaucoup plus fort : une étude comparative de la chaleur accumulée par les différents types de galets, par application cutanée sur le bide alors qu'on dore au soleil. En plus ça fait marrer vos petits camarades. (Ce sont les galets bleu-gris les plus chauds. Glop, glop.)

Ensuite, on pourra, comme nous l'avions fait hier soir, traîner sur la grève à regarder mouettes, aigrettes et courlis picorer sur l'estran. Ou bien descendre sur le port se taper un ou deux apéros : même au port, un voilier, ça a du bon.


Nantouar, au fond de la baie de Perros, hier soir.

Coupe géologique du front de mer local : En haut, spartine d'Angleterre et oseille de mer bordent le chemin du littoral. En dessous, des années de galets amenées par les tempêtes d'hiver et pénétrés dans l'argile par gravité. Plus bas encore, l'argile s'effrite sous l'effet des grandes marées ; recul par conséquent de cette mini-falaise, et les galets retournent progressivement à leur précédente occupation de galets.

Bref : tout va bien.

Le Plume vous salue bien.

14 août 2005

Transat

En vacances, l'après-midi dans le transat, c'est bien.


Louannec, cet après-midi, vers 18h. Au premier plan, Cosey, Orchidea ; au fond, Robert B. Parker, Cold Service.

L'après-midi à deux transats, c'est beaucoup mieux.

Le Plume vous salue bien.

13 août 2005

Au mouillage

Le bateau est resté sagement au port aujourd'hui : bourrasques de vent et pluie se sont invités à brûle-pourpoint. Enfin, en nous laissant le temps de faire le barbecue de midi, tout de même...

Pas de sortie en mer, donc ; pas une raison pour ne pas la regarder. Cette photo date de la semaine dernière, avec une belle lumière de fin de journée sur la baie de Perros et l'entrée du port.


Les mouillages du quai de la douane à Perros-Guirec, 4 août 2005.

L'entrée du bassin à flot est un peu plus loin à gauche, en longeant la jettée du Linkin, dont l'extrémité est surmontée d'une tourrelle blanche à feu vert. Pour aller vers le large, on laisse cette jettée sur la gauche et la tourrelle Gomonénou (latérale babord donc rouge, à peu près au centre de l'image) sur la droite. Après, c'est à vous de voir.

Le Plume vous salue bien.

12 août 2005

Back to Briançon

Non, je ne suis pas reparti dans les Alpes ; c'est juste ce blog qui revient un petit peu en arrière. Je me rends en effet compte que je n'ai pas mis de photos de Briançon dans ces pages, ce qui est un manque cruel. Il s'agit tout de même de la sous-prefecture la plus haute de France. Enfin je crois. En tout cas, la ville haute et sa citadelle, fortifiés par Vauban pour défendre la route du Montgenèvre, vallent franchement le coup d'œil.


Briançon : l'accès à la citadelle depuis la porte de Pignerol.

Sur ce, moi, je vais mettre la viande dans le sac sans tarder. Passé une bonne partie de l'après-midi à débiter à la scie du sycomore tombé il y a quatre ou cinq ans, résultat, je suis rincé.

Le Plume vous salue bien.

11 août 2005

Couleurs d'Italie, 3.

Une bonne partie du Rapallo d'avant-guerre était occupé par le couvent de l'ordre des Clarisses. Celui-ci a été fermé après la guerre ; une partie du couvent a été transformé pour devenir un auditorium et centre de conférence occasionnel, avec une esthétique un petit peu particulière peut-être...


L'auditorium des Clarisses à Rapallo (province de Gênes).

Le Plume vous salue bien.

10 août 2005

La commune de Louannec (où je me trouve) est, quoi que littorale, une commune rurale qui tourne résolument le dos au vent du nord, et donc à la mer. Il était donc bien naturel de ne pas avoir que des images maritimes dans cette série bretonne - et j'allais justement à pied au bourg acheter le journal tout à l'heure, l'appareil numérique blotti dans le sac banane. Quelle vie palpitante que la mienne !


L'église et le stade de Louannec.

Un ouvrage* fort intéressant, basé entre autre sur le dépouillement des registres des « généraux de paroisses »(assemblées qui cumulaient les fonctions détenues dans les autres provinces d'ancien régime par la fabrique paroissiale d'une part et l'assemblée de la communauté villageoise d'autre part), nous apprend que la préoccupation principale des Louannécains de la décennie 1770 était de financer la reconstruction du clocher de leur église, fissuré « au point qu'on n'ose plus y faire sonner la grosse cloche. » Un article du numéro d'aujourd'hui d'Ouest France nous donne la principale information concernant la commune : les matchs amicaux de l'union sportive Perros-Louannec se dérouleront au stade de Louannec, plutôt qu'à celui de Perros. Déduisez-en ce que vous voulez.

Le Plume vous salue bien.

*Christian Kermoal, Les notables du Trégor, Éveil à la culture politique et évolution dans les paroisses rurales (1770-1850),Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2002, 488p.

09 août 2005

Des nouvelles de ma tête (de mât)

Encore un problème de résolu : ma drisse de génois coulisse de nouveau correctement dans son réa, suite à une opération commando menée à huit mètres au dessus du pont de mon fringant voilier.


gros plan sur la tête de mât, vers 18h aujourd'hui.

La drisse de génois fautive, c'est la rouge qui sort sous la ferrure d'étai. La poulie noire à droite est celle de la drisse de spi, à laquelle était d'ailleurs suspendu votre serviteur. Tout ça est passablement défraîchi ; il faudrait décidément que je gagne au loto. Ce qui me paraît peu probable, faute d'y jouer.

Sinon, la cause de ce blocage, c'était semble-t-il un vieux bout de pain d'un ou deux centimètres cubes, dur comme le roc après des mois de vent de sud-ouest, sans doute coincé là par un goëland soucieux du lendemain. C'est le seul corps étranger que j'aie délogé de la poulie et, depuis, ça marche. Des fois, faut pas chercher...

Reste qu'il faudra un jour ou l'autre que je change l'ensemble de ces réas ainsi, sans doute, que la potence de la drisse de spi, qui me semble hautement suspecte. En fait, c'est le mât tout entier qu'il faudrait changer : nous voilà ramené à mon problème de loto.

Le Plume vous salue bien.

08 août 2005

Une journée sur l'eau

Passé la journée sur l'eau aujourd'hui. D'ailleurs j'ai la curieuse sensation que cette table - et la pièce qui va avec d'ailleurs - remue dans tous les sens, ce qui, bien que les fondations de cette maison soient des plus modestes, me semble assez improbable.

Que dire ? Il faisait beau ; il y avait du vent... lequel m'a essentiellement servi à lutter contre le courant dans la mesure où je me suis ingénié à aller contre la marée aujourd'hui, d'ouest en est à marée descendante et vice versa. Mais qu'importe, j'avais tout mon temps.


Rouzic, « l'île aux oiseaux, » au bout de mon étrave, vers 14h30 cet après-midi.

Le Plume vous salue bien.

07 août 2005

D'où je vous parle...


Vue de la baie de Perros, mai 1999.

D'où je vous parle, on a une vue magnifique sur la baie de Perros et la pointe de Port-l'Épine, à Trélevern.

Enfin, presque : la photo est prise du haut du terrain ; en bas, les arbres cachent tout.

D'où je vous parle, j'ai l'impression qu'il n'y a pas d'autre endroit où je puisse me sentir chez moi.

Mais ce n'est pas chez moi.

D'où je vous parle, ce n'est pas parfait. Mais on peut regarder la mer et, parfois, y naviguer dans un beau soleil de fin de journée ; s'y sentir bien. De temps en temps au moins.

Il ne faut peut-être pas trop en demander.

Le Plume vous salue bien.

06 août 2005

Au bord de l'eau, sur l'eau, dans l'eau.

Cet après-midi, Port-Blanc, partie maritime de la commune de Penvénan - dont le chef lieu est un gros bourg rural assez éloigné de la mer. Port-Blanc, c'est un fatras d'îles, d'îlots, de blocs de granit, qui, contrairement à ce qui se passe à Plougrescant quelques kilomètres plus loin, forment un abri assez sûr, protégé de la houle lorsque qu'elle n'a pas la mauvaise idée d'être dans l'axe de la passe. Ladite passe est assez facile, praticable à toute heure, quelle que soit la marée, ce qui est rare dans le secteur. Enfin, assez facile... Si on n'a pas de carte, on risque d'avoir du mal à la trouver : quand j'arrive du large j'ai toujours un petit peu de mal à me persuader qu'elle existe bel et bien, qu'il y a bien un trou dans cette salade de cailloux...

Mais au dedans, le calme, les petits bateaux à l'échouage, les plus gros aux mouillage... Tout autour, les petites îles sont surmontées d'amers en forme de pain de sucre pour guider le navigateur. Il fait bon ; il y a des enfants qui font des châteaux de sable et d'autres qui pourchassent les crabes. C'est le mois d'août.


Les mouillages de Port-Blanc cet après-midi.

C'est aussi un bon coin pour la voile légère, et la raison pour laquelle je m'y étais propulsé d'un coup de vélo est qu'un cousin y avait un dériveur récemment acheté (un Laser pour les connaisseurs) que j'entendais bien tester. Ce que j'ai fait avec plaisir ; seulement, le vent était plus frais qu'il n'en avait l'air et je n'avais pas fait de Laser depuis pas mal d'années. Résultat, dans un virement de bord pas très réussi, m'étant pris le rituel coup de bôme sur le ciboulot, je me préoccupe de rattraper au vol ma casquette, tant et si bien que mon bateau se retrouve sur la tranche et moi à la patouille. Bon, ça fait partie du jeu ; j'avais pas vraiment décidé de me baigner, voilà tout. Après avoir redressé, je continue à m'éclater d'un bout à l'autre du plan d'eau - pour me remettre au tapis au moment d'arriver sur la plage, ce qui est du dernier grotesque, il faut bien le dire.

Une bonne après-midi, donc. J'ai même trouvé une bonne âme pour me prêter un tee-shirt sec avant de rentrer.

Le Plume vous salue bien.

05 août 2005

Figaro-ci, Figaro-là...

Sans doute l'avez-vous entendu : cette année, la course en solitaire du Figaro part de Perros-Guirec et donc à deux kilomètres à vol d'oiseau de l'endroit où je me trouve présentement.

Je me suis complètement désinteressé de l'actualité de la course au large ces derniers temps. Je n'ai rien contre, mais bon, ce que font ces gens sur leur bateau, ça les regarde, finalement ; je ne me sens pas concerné plus que ça. Mais bon, le Figaro (malgré le nom, hein - et avant c'était L'Aurore, c'est encore pire), c'est quand même des tas de souvenirs : l'époque où ça se courait sur half toner, des bateaux conçus pour la régate en équipage ; la disparition de Gilles Gahinet ; les départs dans le matin brumeux, vus d'une corniche bondée...


Un Figaro Solo en rade de Perros hier après-midi.

Et puis c'est sympa d'avoir plein de beaux bateaux sur le plan d'eau. Ils glissent avec une facilité déconcertante sur l'eau, manœuvrent comme de rien... On se dit que la vie, peut-être, ça pourrait être comme ça ?

Sinon, puisqu'il y a Afflelou de marqué sur la voile : j'ai fait refaire le verre de lunette cassé (mais chez Atol Optic). Comme quoi il arrive que des problèmes se résolvent.

Le Plume vous salue bien.

04 août 2005

« Ils sont tristes à la fête, où qu'ils aillent »

J'étais tout à l'heure plongé dans des abîmes de perplexité, et ce pour des raisons qu'il serait déplacé de raconter ici. Je repensais donc au beau commentaire que faisait l'amie Annnie avec trois n à ma note d'avant-hier :

Je connais ce sentiment. Le "je suis d'ici" qui manque.
Alors après, c'est comme l'adoption.

Commentaire qui m'a d'autant plus touché que les deux termes de cette équation me sont familiers. Et c'est très juste : dans un cas comme dans l'autre il s'agit de décalage, de questions qu'on se pose ou qu'on s'interdit de se poser ; de celles que posent le regard des autres aussi.

Alors, peut-être que mon pays, c'est le pays de ceux qui n'ont pas de pays, la constellation des grandes métropoles reliées entre elles par la traînée des vols intercontinentaux : Paris, Londres, New York, Los Angeles...


New York, Lower East Side, septembre 2004.

Seulement voilà : j'aime rouler à bicyclette entre les talus couverts de fougères, j'aime regarder les étoiles dans le ciel nocturne, j'aime quand mon bateau glisse sur l'eau dans la lumière du soir... Ah, que tout ceci est mal commode !

Le Plume vous salue bien.

P.S. : merci à Michel Berger pour le titre, bien sûr.

03 août 2005

km2267 : Ronchamp (Haute-Saône)

Pour en finir avec le voyage en Italie, il me semble judicieux de revenir en France, justement. Rappelez-vous la fin du grand blond avec une chaussure jaune : « Quand il reviendra - car il reviendra forcément... »

C'était je crois la première fois que je mettais mon nez dans ce département rural de l'Est de la France. Je suis un Français de l'Ouest : déposez-moi n'importe où à l'ouest d'un angle Dieppe - Paris - Bordeaux et je me sentirai un peu chez moi, si je n'y ai pas effectivement habité. De l'autre côté de cette ligne, il y a plein de coins sympas, mais ça me reste un peu étranger. Bref, la Franche-Comté, c'est une région dont je présume qu'elle doit avoir de nombreux agréments, mais c'est vraiment l'inconnu, sans compter que c'est un peu trop loin de la mer pour moi.

Avisés que nous sommes, nous voulions éviter de prendre l'autoroute qui redescend vers Beaune et avions donc pris la nationale (elle l'est encore, pour le moment) de Belfort à Langres. Et comme je copilotais sur ce tronçon je suis tombé en regardant la carte sur le village de Ronchamp, d'où le tilt : c'est là qu'est la chapelle Notre-Dame-du-Haut, œuvre majeure du Corbusier. Les photos que j'en avais vues ne m'avaient jamais entièrement convaincu. Mais, tout de même, pour un ou deux kilomètres, ce serait dommage de ne pas vérifier sur pièces.

On quite donc la nationale à la sortie du gros village de Ronchamp ; on passe sous la voie ferrée Paris-Bâle, dont la proximité n'est pas une surprise lorsque de Bâle on roule vers Paris. On serpente dans les bois à flanc de côte ; on passe une petite mine de charbon transformée en musée, avec sa petite rame de wagons Decauville en expo ; on arrive à un parking surdimensionné et, après avoir acquitté une modique entrée, on termine de monter à pied. Et voilà : on se retrouve sur le cul. C'est vraiment magnifique - ce n'est pas parce qu'en copiant ce modèle on a fait des dizaines d'églises au mieux médiocres (et au pire celle de Royan) que celle-ci doit être mise dans le même sac. C'est un des lieux où le Corbusier a fait jouer avec le plus de virtuosité ses principes de base : l'adéquation avec le milieu, le jeu sur la grammaire spatiale des édifices traditionnels et, surtout, la lumière. Il s'agit d'une œuvre tardive (années 50), à une époque où la question de la lumière est la seule qui le préoccupe vraiment. L'architecture comme jeu des volumes sous une lumière changeante...


La chapelle Notre-Dame-du-Haut à Ronchamp, 13 juillet 2005.

Ce toit par exemple, qu'on a mal imité un peu partout dans les années 60 : il n'a d'intérêt que par le fait que, dans l'orientation précise qui est la sienne, il est secondé par l'ombre qu'il projette sur la courbe de la façade sud. Faites pivoter l'ensemble de 90° et ça n'est plus qu'une masse de béton sans le moindre intérêt. L'intérieur est tout aussi magistral, reprenant tous les termes de l'architecture religieuse occidentale mais en produisant un espace totalement neuf et parfaitement harmonieux. Et là encore, c'est la lumière qui est le personnage principal. Une très, très belle leçon d'architecture - aux antipodes de ces bâtiments formidables sur plans ou en maquette et qui, une fois sortis de terre, tombent complètement à plat. Et les bois et coteaux de Franche-Comté sont là, en face du tertre, étendant l'harmonie bien au delà des murs.

Bref : on a plutôt aimé.

Le Plume vous salue bien.

02 août 2005

Au pied de mon mât

Me voilà donc de retour auprès de ce qui ressemble le plus à un point fixe - pas seulement le bateau, qui est tout de même censé être mobile, mais tout ce qui est autour. La baie, les paysages, la maison de vacances, celle de mes cousins de l'autre côté du talus, les arbres, les marées... Finalement, vu mes nombreux déménagements, ce coin est le seul que je fréquente depuis mes premières années. Certes, je ne suis pas « d'ici, » même si j'ai habité quelques années à Lannion, 10km plus loin ; seulement voilà : comme il n'y a aucun lieu où je puisse dire que « je suis d'ici, » ça finit par en tenir lieu, au moins dans la tête.

Et finalement, l'achat d'un bateau, que je n'aurais pas imaginé mettre ailleurs que là où il est, était sans aucun doute une manière de renouveler ce lien à un moment où je ne savais pas où j'en étais - je souligne le côté topographique de l'expression, qui en dehors de ça ne correspond pas tant que ça à mon état d'esprit d'alors.


La plaisance vue de près, sur le ponton tout à l'heure.

En fait, j'étais cette fois-ci un peu réticent à l'idée de partir. D'abord parce que je suis séparé quelques jours de ma chère épouse, ce dont je n'avais aucune envie. Au delà de ça, il y avait sans doute autre chose, peut-être une peur de la régression ? Mais m'y voilà - et ce sentiment s'est dissipé alors que mon train passait les derniers bosquets qui précèdent la gare de Lannion.

Au pied du mat donc, en quelque sorte. En haut duquel se pose d'ailleurs un problème technique qu'il va bien me falloir résoudre : avec le temps, les poulies qui permettent aux drisses (c'est à dire, pour les non-initiés, les cordages qui, passant depuis le pont par le haut du mat, permettent d'y hisser les voiles) de faire leur office se sont bloquées et jouent maintenant le rôle, plutôt à contre-emploi, d'un coinceur tristement performant. Comme tout ça est pris dans la masse suite à trente ans d'électrolyse, je ne vois pas de solutions propres qui n'impliquent pas de démâter et de procéder à de la chirurgie lourde su la tête de mat. Bon, je crois avoir trouvé comment contourner la difficulté... Ça va bricoler dur demain matin. Et il a intérêt à faire beau vu que j'ai réussi à péter un verre de mes lunettes ordinaires ; celles qui me reste sont mes lunettes de soleil !

Le Plume vous salue bien.

01 août 2005

km2067 : Bâle

Nous nous étions infiltrés la veille entre sources du Rhône et sources du Rhin, toutes deux aux abords du Saint-Gothard ; c'est en flirtant avec le Rhin que nous passons de nouveau la frontière, celle qui nous ramène à la maison. C'est Bâle, avec ses tramways verts et jaunes, ses musées que nous ne visiterons pas, ou du moins pas cette fois-ci, et sa cathédrale de grès rouge aux toits multicolores.


Bâle, le transept sud de la cathédrale, 13 juillet 2005.

Ce récis illustré touche à sa fin alors même que je m'aprête à repartir, vers l'ouest cette fois-ci et mes habituels plans d'eau. Il y aura encore quelques photos de ce voyage, notamment pour sa partie française que je n'ai guère traité. Mais je vais tout de même tenter de ramener progressivement mon propos vers le présent.

le Plume vous salue bien.