31 mai 2005

Pronostics

Hier, la question du jour était : que va devenir le parti socialiste. La démission de Jean-Pierre Raffarin a détourné les regards vers l'actuelle majorité - ça va nous permettre de souffler un peu.

Exit Raffarin, donc. Pas trop tôt ; en ayant quelque peu entendu parler dans le contexte poitou-charentais, j'étais sûr, dès sa nomination, qu'il ferait un premier ministre des plus impopulaires et j'ai gagné. Pourquoi l'avoir gardé si longtemps, non pas usé jusqu'à la corde comme on disait il y a un an mais bien au delà ? Je ne vois pas d'autre explication qu'une certaine sclérose intellectuelle de la part du président de la République. À moins bien sûr qu'on ne pense que ce dernier souhaitait au fond la victoire du non, ce qui vu ses antécédents n'est pas hors de question.

L'autre possibilité, c'est que, sa seule possibilité raisonnable étant Dominique Galouzeau de Villepin, il ait eu quelques inquiétudes sur ses capacités à tenir un poste aussi en vue. Ce serait pour le coup un signe de lucidité dans la mesure où il en est, je crois, incapable.

La question du jour est donc : Sarko retournera-t-il place Beauvau ? Il avait annoncé haut et fort qu'il refuserait tout autre poste que celui de premier ministre. Cependant, en imposant de conserver l'UMP en sus d'un ministère important, il force Chirac à se dédire jusqu'au ridicule, ce qui le réjouirait abondamment.

De toute façon, la composition de ce gouvernement sera de l'ordre de la palinodie, sans le moindre intérêt politique. Qui s'est réellement intéressé à la composition du gouvernement du malheureux Bérégovoy ? Les carotttes étaient déjà cuites.

Pour des pronostics plus avancés sur toutes ces questions, il vaudrait mieux s'adresser à de véritables spécialistes :


La bonne aventure, place Denfert-Rochereau (Paris 14ème).

À propos de Denfert-Rochereau et pour changer de sujet, cette place porte un nom intéressant ; elle s'appelait historiquement « barrière d'Enfer. » Lorqu'après la guerre de 1870, on a voulu honorer le colonel Denfert-Rochereau (Jean-Philippe), défenseur de Belfort, on a trouvé expédient de donner son nom à cette place qui ainsi changeait de nom sans en changer, puisque la barrière d'Enfer restait « Dennfert. »

Demain je répondrai à la question que vous vous posez tous : le boulevard Richard-Lenoir est elle dédiée à une personne prénommé Richard ou à deux personnes, Richard et Lenoir ?

Le Plume vous salue bien.

30 mai 2005

Et le lendemain, il faisait jour

Les premiers chrétiens en étaient persuadés : la fin du monde était imminente, l'histoire de quelques années tout au plus. Et puis, force a été de le constater, ce monde semblait durer. Le Moyen-âge a vécu dans cette attente : chaque fois que les temps se bousculaient, que les bases de la société semblaient ébranlées, ça y est, cette fois, c'était sûr, on y était - c'est le sens du scenescit mundus de Scott Érigène, alors que Vikings, Magyars et Sarrazins montaient à l'assaut du monde carolingien : non pas « les temps sont durs » ni « Mais où sont les neiges d'anta » mais bien «  ce monde vieillit - il n'en a plus pour longtemps... » Les discours de cette campagne étaient nombreux à nous annoncer mille et un cataclysmes.


Bureau de vote n°28, Paris 10ème, hier après midi.

Pourtant, ce matin, le soleil c'est levé et moi aussi - non sans difficultés je dois le reconnaître. Il y avait toujours une Union européenne, la bourse ne s'était pas effondré, l'Euro ne perdait pas suffisamment de valeur pour relancer la compétitivité de l'économie européenne... Dans la rue, dans les entreprises, personne ne portait de brassard noir - en tendant l'oreille, on entendait se réjouir les petites gens, hôtesses et agents d'entretien d'une grosse boîte où j'avais réunion, par exemple.

Dans les vingt-six département du « grand bassin parisien » - l'Île-de-France et les cinq régions adjacentes - seuls trois ont voté en faveur du traité : Paris, les Hauts-de-Seine et les Yvelines. Comme c'est curieux.

Le Plume vous salue bien.

28 mai 2005

Veille d'élection

Depuis que je milite dans un parti politique, les jours d'élection sont maintenant synonymes de petite nuit : la pénurie d'assesseurs est telle qu'il est difficile d'y couper. Les assesseurs sont, rappelons-le, les bénévoles théoriquement mandatés par les différents partis politiques et qui ont le double rôle d'assister le président du bureau (nommé par le maire) et de surveiller la validité des opérations. Je dis "théoriquement mandatés" parce que, depuis que le 10ème arrondissement de Paris a basculé à gauche, la droite fournit un total de 0 assesseurs pour la tenue des trente bureaux de l'arrondissement. Les écolos en fournissent généralement 4 ou 5, le PC sans doute une dizaine (alors qu'il fait nettement moins de voix que les Verts, mes compliments aux copains communistes - et pas aux Vert, par conséquent).

En clair, ça veut dire être là de l'ouverture à la fermeture du bureau - enfin, il y a généralement moyen de se ménager une pause, si tant est qu'on arrive à garder en permanence au moins un assesseur en plus du président (qui peut lui aussi se faire temporairement remplacer pour la même raison). Cete année, cerise sur le gâteau : il a été décidé que les bureaux de Paris (et ceux de Lyon je crois, mais pas ceux de Marseille, allez comprendre) ouvriraient de 8h à 22h. En ajoutant deux heures pour le dépouillement et le rangement - il faut bien que les bambins puissent utiliser leur gymnase demain matin - et en soustrayant deux heures de pause (soyons optimiste), ça fait une journée de 14h. J'avoue que ça me gonfle sérieusement, ce coup-ci - mais il faut bien que quelqu'un le fasse. Ceci dit, il va falloir que le ministère de l'intérieur révise sérieusement sa politique d'élargissement à l'infini des ouvertures des bureaus : le système actuel, basé sur le bénévolat et le civisme, est au bord de l'asphyxie, à force de tirer sans cesse d'avantage sur les bonnes volontés.

Puisqu'il est question de bonnes volonté, parlons du dépouillement : je rappelle que celui-ci est fait par des électeurs volontaires. L'idéal pour un bureau de taille moyenne est davoir trois ou quatre tables de dépouillements, chacune comptant quatre scrutateurs. Si on est suffisamment nombreux, ça prend une petite heure et c'est plutôt sympa. Alors, si vous n'avez rien de prévu demain soir après dîner, dites les mots magiques après avoir mis votre buletin dans l'urne et émargé le cahier prévu à cet effet : "vous avez besoin d'un coup de main pour le dépouillement ?"

Allez, pour célébrer la fin du beau temps - il y a une justice, il n'aurait plus manqué qu'il fasse beau demain - je vous propose une photo de la dalle des Olympiades (paris 13ème) écrasée par le soleil, en fin d'après midi vendredi.

Le Plume vous salue bien.

27 mai 2005

Et l'unique cordeau des trompettes marines

Une journée de travail transpirée dans un Paris moîte de réchauffement climatique - alors, pourquoi pas se reposer un peu les yeux sur un paysage marin, un tant soit peu épargné par la fameuse canicule qui nous a coûté notre lundi de Pentecôte.


Baie de Perros, août 2003. Au fond, les Sept Îles.

La langue française n'a pas de mot spécifique pour ces paysages, alors qu'on n'y voit guère de pays, au sens de campagne, comme dans l'expression ancienne plat pays, ou dans paysan : un paysage marin, c'est beaucoup de mer et pas beaucoup de pays - du ciel aussi, évidemment. L'anglais, qui doit sans doute à ses racines germanique un certain goût pour les mots-valises, parle spécifiquement de seescape. Le français a bien marine mais ce mot ne désigne que le tableau que l'on peut faire de cette vue - la représentation, pas la chose. A rose is a rose is a rose is a rose.

Ce soir-là, tous les voiliers qui avaient passé la journée en mer traînaient un peu avant de rentrer au port, juste assez loin de la côte pour pouvoir regarder le coucher de soleil sur la mer.

Le Plume vous salue bien.

P.S. : le titre est bien sûr d'Apollinaire ; c'est le texte du poème « chantre », dans Alcools

26 mai 2005

Midi à sa porte

« Chacun cherche midi à sa porte » : l'expression est en bonne place au rang de celles que l'on connait bien, que l'on utilise parfois, mais sans savoir trop bien ce qu'elle veut dire. Et comme ceux qui l'utilisent n'en save pas plus que ceux qui l'écoutent et la réutiliseront, son sens disparaît peu à peu.

Mais ce n'est pas des pages rose du Larousse qu'il s'agit. C'est rue du Cherche-midi que ça se passe.


Paris, 6ème arrondissement, 11 mai 2005.

Un bout de mur en dentelle qui ne mure rien, un réverbère sous le soleil. Et une tour Montparnasse qui montre le bout de son nez.

Sinon, Basic Instinct, ça a plutôt mieux vieilli que Le Grand Bleu, ne trouvez-vous pas ?

Le Plume vous salue bien.

25 mai 2005

Deux-chevaux verte !

Elles se font rares maintenant les deudeuches vertes, celles  dont le croisement étaient l'occasion de se pincer d'un bout à l'autre de la banquette arrière jusqu'à ce que l'escalade de la violence n'amène l'intervention du conducteur... Certaines ont été victime de la Baladurette, d'autres tout simplement de leur maladie congénitale : la rouille jusqu'au point de rupture des longerons.

Du coup je n'ai pas loupé celle-ci, qui était garée en bas de la rue du Faubourg Poissonnière (immatriculation floutée parce que j'ai des principes) et qui brillait sous le soleil d'après l'averse :


Souvenir d'enfance en stationnement à la frontière de mon arrondissement, lundi 23 mai 2005.

Me rappelle la deuche des cousins, ça. Même si elle était bleue, de ce bleu indéfinissable qui n'appartenait qu'à elles. On en a fait, des kilomètres, là-dedans - y compris des cinq cent bornes par la nationale et sous la pluie - quand un camion double, l'appel d'air ouvre la fenêtre du conducteur qui ne verrouille plus depuis des lustres, et là il faut se planquer avant l'arrivée du seau d'eau envoyé par les roues...

Et puis il y a les entrées à l'américaine, sans ouvrir les portes - après tout, c'est une décapotable. Les fin de côtes en première dès qu'on est trois ou quatre dedans. Les bourrasques qui secouent l'habitacle les jours de tempête.

so much depends
upon

a green deux-
chevaux

glazed with rain
water

besides the white
chickens

(William Carlos Williams, un tantinet remanié par mes soins - mais je n'ai pas trouvé de substitut adéquat aux poulets du dernier vers.)

Le Plume vous salue bien.

24 mai 2005

Et sinon, Jussieu...

Un petit moment qu'il n'y a pas de Jussieu sur ce blog - pas très envie d'en causer je suppose ? J'y passe pourtant toujours une partie non négligeable de mes journées...

Pourtant, grâce à des problèmes de climatisation à répétition (ne l'oublions pas : sans climatisation, pas d'informatique), j'ai pu faire ma promenade favorite : les toits, un des rares endroits de Jussieu où l'on se sente au cœur de Paris.


Vue du toit de la barre 65-66, 10 mai 2005.

Autre point de vue, autre ville - comme découvrir une représentation nouvelle de la ville qu'on connait.

Le Plume vous salue bien.

23 mai 2005

http://le-plume.blogspot.com/2005/05/et-sinon-jussieu.html

Le 22 octobre 1895, le train express n°56 en provenance de Granville arrivait en gare Montparnasse à une vitesse légèrement supérieure à la normale. Le mécanicien tente d'actionner le frein à air comprimé Westinghouse - qui permet d'actionner les frans de toutes les voitures simultanément, mais le robinet est grippé : il ne parvient pas à arrêter le convoi à temps. Le train renverse le butoire, traverse la salle des pas perdu, perfore la façade et tombe en contrebas, sur l'actuelle place Fulgence Bienvenüe. Par chance, le conducteur du fourgon de queue a pu, lui, actionner le frein, ce qui a permis d'arrêter le train alors que seule la locomotive était tombée.

L'accident, qui a donné lieu à des photos célèbres, n'a fait qu'une victime, une marchande de journaux ou un passant suivant les sources. Mais aujourd'hui, la façade de la gare Montparnasse était en parfait état :

Les perfides me feront deux remarques :

  • D'abord, que cette façade n'est pas la même que celle de 1895 puisqe la gare a reculé de 2 ou 300m sous la pressions du Gaullisme immobilier - elle se trouvait à l'emplacement de l'immonde centre commercial qui se trouve, lui, à proximité immédiate des lignes de métro. Une gare part de Paris en direction de l'ouest en 1852 ; elle se déplace de 200m par siècle. Quand arrivera-t-elle à Chartres ? Il est en tout cas certain qu'une locomotive qui atteindrait le point d'impact d'octobre 1895 battrait tous les records de vol plané ferroviaire.
  • Ensuite, que cette photo ne date pas d'aujourd'hui : la façade est maintenant affublée de l'immonde logo rougeâtre dont vient de se doter la compagnie - et dont la courbe descendante est sans doute représentative de la foi qu'elle a dans son propre avenir. La photo date en effet du 24 juillet 2004. Observateurs, ces petits.

Tout ça pour dire que cette gare se charge d'une nouvelle couche sémantique : après avoir été la gare des vacances de la Toussaint à Paris (remplaçant dans ce rôle la gare Saint-Lazare avant d'être elle-même remplacée par Austerlitz, mes parents ayant eu parfois la bougeotte), puis celle des études à Paris (qui ont opportunément débutées en même temps que la desserte à grande vitesse d'Angoulême), puis celles du stage à Versailles, puis celles des pauses en Bretagne lorsque lesdites études étaient un peu en panne, puis celles des travaux en archive à Angoulême ou Rochefort et, pendant ces mêmes années, celle des week-end chez mes parents, elle devient celle du boulot de la Madame, qui se rendait aujourd'hui à sa première réunion au Mans.

Voilà, c'était notre émission spéciale "Montparnasse et moi", merci de nous avoir suivis. Sacré gare, j'y ai même passé une nuit, alors qu'elle était en plein travaux, retour du Mali et en attente du premier Paris-Brest.

Le Plume vous salue bien.

22 mai 2005

Un dimanche dominical

Un dimanche en pente douce aujourd'hui. Pas inutile après ces dernières semaines un tantinet éprouvantes. Sans compter que ça me gratte les bras. Aujourd'hui, donc, repos domiciliaire et dominical.


Amiens, la cathédrale au coucher du soleil, 17 mai 2005.

Un jour à regarder la forme des nuages changer et le soleil se coucher. Ou, à défaut, à traîner dans un canapé en regardant gagner Toulouse, avant d'aller se préparer un bon dîner*.

Demain, je pourrais encore souffler un peu, la présidence de l'université nous ayant offert un lundi de non-pentecôte - et ce pendant que la Madame, elle, inaugurera ses trajets vers les vertes collines du Maine. Je sens que je vais me sentir un peu coupable, sur ce coup là... D'un autre côté, j'ai promis de rédiger un cahier des charges d'appel d'offre pour dans huit jours - raisonnablement, demain ne devrait donc pas être tout à fait chômé. On verra bien.

Le Plume vous salue bien.

*Butter chicken (poulet mariné façon tandoori avec sauce tomate au beurre et aux épices), aloo paratha (pommes de terre épicées) et riz basmati...

21 mai 2005

Baignade toujours

Trop occupé hier soir à vidanger les bouteilles de champagne qui restaient de l'habilitation pour blogguer. Faut bien fêter ça...

Du coup, je suis vanné, d'autant qu'on a re-fêté ça aujourd'hui. Et en plus, j'ai les bras qui me démangent terrible. Dur la vie. Et avant de m'endormir comme une pierre, je vous livre une photo de baignade - la seule fois que j'ai photographié une tortue dans son habitat naturel, je crois. L'habitat naturel étant, en l'occurence, le parc des fens, à Boston, tout près du Museum of Fine Arts d'une part et du stade de baseball des Braves, d'autre part.


Chelydra serpentina, la snapping turtle d'Amérique du Nord. Boston, Fenway Park, juillet 2001.

Notez au passage que, même si elle nage en eaux troubles, la tortue garde le regard cair !

Le Plume vous salue bien.

19 mai 2005

Dans le grand bain

Bon : comme je le disais hier soir en commentaire, si notre folle cavalcade au travers des plaines picardes n'a pas eu exactement le résultat escompté, les choses ont fini par se débloqué d'un côté que l'on n'attendait plus. Ende gut, alles gut dit-on outre-Rhin ; quant à moi, je continue donc sans états d'âmes ma mini-série amiénoise.

Ceci dit, toute cette affaire (ainsi qu'une séance de bricolage dans la laine de verre) m'a filé une espèce d'urticaire sans gravité mais assez désagréable. Je rentre donc de ce pas à la maison prendre un bon bain !


Objet trouvé sur les berges de la Somme à Amiens, 17 mai 2005.

Le Plume vous salue bien.

P.S., petit appel à commentaires : sauf exceptions, j'ai plus ou moins stabilisé le format des images que je poste dans cette rubrique à 600×400 pour les images au format 2/3 issues de l'argentique ; à 560×420 pour les images 3/4 de l'appareil numérique (mais 408×540 pour les orientations verticales) ; à 512×512 pour les extraits au format carré. J'ai l'impression que c'est un compromis acceptable pour toutes les résolutions d'écran qu'on trouve aujourd'hui dans le commerce. Est-ce que vous confirmez cette impression ?

18 mai 2005

Retour de campagne

Retour un peu trop tard hier soir pour pouvoir écrire une entrée...

Je m'explique : la Madame, elle était à la chasse à un poste universitaire, ce qui suppose d'envoyer des dossiers relativement monumentaux par monts et par vaux, puis de se rendre à des entretiens dans les universités intéressées. Et hier, il y en avait deux, d'entretiens : un l'après-midi en banlieue parisienne, l'autre en fin d'après-midi à Amiens. Du coup, j'avais pris une demi-journée de congé pour jouer les chauffeurs de maître.

Nous avons réussi à arriver à l'université d'Amiens une minute avant le rendez-vous - ce n'était pas gagné. Après ça, promenade du côté des hortillonnages, suivie d'un bon dîner. Bonne fin de journée en Somme, en somme.


Les bords de la Somme à Amiens hier soir.

Ceci dit, pour le moment, il n'est pas certain que ces efforts soient couronnés de succès. On croise les doigts et on verra...

Le Plume vous salue bien.

16 mai 2005

Beauregard

Après les vertes allées, le Sentier, certes beaucoup moins verdoyant - même si pour une fois, la rue Beauregard portait bien son nom :


La rue Beauregard (Paris 2ème) au soleil du matin, 22 avril 2005.

Même l'église du coin avait l'air de bien porter son nom, c'est dire. Et sur ces optimistes propos, je vous laisse : la journée de demain s'annonce chargée.

Le Plume vous salue bien.

15 mai 2005

Serres tropicales

Je sens que je vais continuer à vous bassiner un peu avec le jardin des plantes, parce qu'il y a un lieu magique dont je n'ai pas encore parlé : les serres tropicales. Il y a une raison à ça : elles sont fermées au public pour rénovation et, au train où vont (ou ne vont pas) les travaux, la réouverture n'est pas pour demain. En attendant, on peut voir ces impressionnantes structures de verre et d'acier, pleines à craquer de palmiers, de manguiers, de palétuviers, de cycadophytes et, je crois, de quelques fougères arborescentes. Pleines à craquer, mais sans craquer pour autant : bien que les frondaisons s'appuient visiblement sur les vitres, on n'a pas encore vu à ma connaissanec d'hévéa jaillir hors des panneaux.


Jardin des plantes, Paris : les serres tropicales, 9 mai 2005.

Ce côté là, vers l'est, c'est le côté tropical humide. À l'autre bout, yuccas, cactus, protéas et Joshua trees : c'est la « serre mexicaine, » consacrée au milieux arides. En plissant un peu les yeux, on peut la visiter du regard depuis la rampe qui mène de l'esplanade de la grande galerie vers le côté nord des jardins et l'amphithéatre et qui se faisant déséspère le joggueur.

Le jardinage domestique du jour avait certes moins d'ampleur ; mais tout de même, petit à petit, on commence à avoir pas mal de verdure sur laquelle poser les yeux !

Le Plume vous salue bien.

14 mai 2005

Carte postale

S'agissant d'Afrique du Sud, je me sens toujours un peu coupable de publier des images de carte postale. Ces images ont tellement servies à masquer les réalités d'un pays qui, après avoir passé le demi-siècle que l'on sait, se débat tant bien que mal face aux problèmes sanitaires et sociaux que l'on sait aussi.

D'un autre côté, ici, il pleut, il fait froid ; les paysages urbains de notre capitale sont loins d'avoir leurs plus beaux atours ; bref, globalement, ce n'est pas la grande forme. Alors pourquoi se refuser quelques belles images ?


Boschendaal, Western Cape, le corps de ferme du XVIIIe siècle.

C'est sous le grand chêne, sans doute amené par les émigrants huguenots dans leurs chapeaux, qu'avait lieu la dégustation de vins blancs que j'avais montré ici il y a presque un an.

Franchement sympas, les vins blancs en question - ça je crois que je l'avais déja dit.

Le Plume vous salue bien.

13 mai 2005

Une rue parisienne

Puisque mes dernières entrées récentes nous ont emmenées vers des ilôts de calme dans une mer d'agitation, il y a une logique à enchaîner avec la plus grande de ces îles : le Père Lachaise. Et surtout, j'en ai sur le rouleau développé la semaine dernière une photo dont je ne suis pas mécontent :


Cimetière du Père Lachaise, 19 mars 2005.

Je le disais je crois dans ma première entrée à propos de ce lieu : je ne le trouve pas morbide, le Père Lachaise. Parisien, sans aucun doute : un peu décalé, parfois prétentieux, souvent positivement marrant. La rue circulaire, c'est une rue parisienne, avec ses façades bien allignées et contraintes de s'élever faute de place pour s'étaler. Et, partout, un soucis de se distinguer, de déparer, de dire son fait. Et le temps passe, une histoire au long cours...

Les arbres par contre sont plus nombreux - et bien plus vifs - qu'ils ne sont au dehors.

Le Plume vous salue bien.

12 mai 2005

Jours tranquiles à Saint-Germain-des-Prés

J'ai un chantier à superviser ces jours-ci dans des coins que je ne fréquente guère : les confins des 6ème et 7ème arrondissements, pas si loin de Montparnasse sans toutefois sortir de l'ancien faubourg Saint-Germain. On y trouve des ambassades, des palaces (le Victoria Palace Hotel n'est pas bien loin) des boutiques de luxe et quelques vénérables bâtiments universitaires.

Juste en face de l'Alliance française, le numéro 96 du boulevard Raspail n'offre pas grand chose au passant : un mur de pierre et un portail en fer, peint de ce vert bouteille si typique des cages d'escaliers de cette ville - raison pour laquelle, je suppose, il fût adopté par la société des transports en commun de la région parisienne. Et derrière, pas grand chose non plus, si peu même : une cour pavée, quelques arbres ; une loge de concierge tout à fait charmante et un pavillon en béton de l'entre-deux-guerres, carractéristique de l'école de Le Corbusier, d'une part, et de la mauvaise qualité des bétons armés de l'époque, d'autre part ; un ancien hôtel particulier de trois ou quatres étages, partagé entre diverses institutions d'enseignement supérieur et de recherche ; quelques arbres, au milieu de tout ça.


Boulevard Raspail, hier matin. Un petit morceau de ville hors du temps.

Le Plume vous salue bien.

11 mai 2005

Arrière-cours

À Paris, il y a de grands boulevards, de très grandes bibliothèques, de grands théâtres (du Splendid, bien sûr) et peut être bien quelques grands ducs (en tournée, certainement). Mais il y a aussi des petits pères, des petites écuries, des petits carreaux, un petit musc ; il y a aussi des recoins qui vous surprennent, des perspectives qui s'ouvrent là où on les attend le moins, sans arcs de triomphe ni martial défilé.

En parcourant ma planche-contact, je réalise que ça fait un moment que je ne vous montrais plus le Xe arrondissement, à l'exception de quelques photos d'intérieur : sur les cinquantes dernières et sauf erreur de ma part, on trouve huit photos des États-unis, six du Japon, quatre d'Italie, trois du Groenland, deux d'Afrique du Sud et une de Gibraltar ; onze des Côtes-d'Armor, trois d'Ile-et-Villaine, du Finistère et de la Seine-Saint-Denis, deux de la Manche, une de la Sarthe ; treize du 5e arrondissement, cinq du 13e, deux du 20e, une du 1er, du 2e et du 6e. Par contre, les seules photos du 10e sont celles de chez nous. Un passage du côté de l'ancien hôpital Saint-Lazare m'a donné l'occasion de m'y remettre :


Entre l'ex-hôpital Saint-Lazare et le fort Chabrol de jadis, hier matin :
de vieilles bâtisses, derniers souvenirs de la petite industrie parisienne.

J'en profite pour revenir au format carré, que j'aime bien et que j'avais lui aussi un peu négligé, à quelques onrnithorynques près.

Le Plume vous salue bien.

10 mai 2005

D'autres tortues

La tortue étant en quelque sorte l'animal fétiche de ce weblog, rien de plus naturel que de vous en présenter une nouvelle espèce - ça en fera quatre, je crois. Ici, à la prises hier midi à la galerie d'hibernation/nusrserie de la ménagerie du jardin des plantes, une joyeuse bande de tortues grecques, Testudo graeca, y compris un jeune specimen survolté qui semblait se mouvoir avec aisance dans le monde des adultes - grâce sans doute à son spectaculaire différentiel de vitesse.


Concentration de Testudo graeca hier au jardin des plantes.

Ceux qui ont la mémoire longue leur trouverons peut être une ressemblance avec Pacouline, la tortue de mes neveux, qui était de l'espèce Testudo hermanii - ce sont en effet deux espèces très proches.

Sur ce, j'ai deux dorades royales, Sparus aurata (espèce qui pour le coup n'a rien à voir) qui n'attendent que moi pour passer au four !

Le Plume vous salue bien.

09 mai 2005

Envol

Voilà longtemps déjà que je vous avait promis la sculpture de Jacob Epstein pour la tombe d'Oscar Wilde.  Je n'étais pas entièrement satisfait de mes photos numériques et attendais donc la fin de la péloche du Pentax, ce qui a pris, comme dans le sketch de Fernand Reynaud, « un certain temps. »


Jacob Epstein (1880-1959), tombe d'Oscar Wilde au Père Lachaise, 1909-1912.
Cliché du 19 mars 2005 après-midi.

Voilà : une sculpture majeure d'un des grands sculpteurs du XXème siècle, passablement salopée par le rouge à lèvre des drag queens de France et de Navarre. En faisant abstraction de ça, le dynamisme du génie ailé est saisissant, s'envolant vers le soleil levant malgré la masse du bloc dont il est extrait - sculpture latérale à un bloc, sans pour autant être un bas-relief. Dynamisme qui s'oppose à un visage hiératique surmonté d'une lourde coiffe, chargé de toute la pesanteur de son inspiration assyrienne. Pas la peine de se lancer dans les interprétations possibles de ce paradoxe, on y passerait la nuit.

Bon, je reconnais qu'il n'est pas très visible sur ce cliché, le visage. Mais que voulez-vous : comme il a été dit plus haut, le génie s'envole vers le soleil levant. Son visage était donc à l'ombre à l'heure où j'étais de promenade. J'ai essayé de le photographier, mais ça n'a rien donné.

Il faudrait que j'y aille le matin. Beauty is difficult disait un autre moderniste*.

Le Plume vous salue bien

* Le poète Ezra Pound. Vérification faite, ce vers apparaît dans une section du canto 74 qui parle (qui traite ?) d'art contemporain et d'archéologie du Moyen-Orient. Ça tombe plutôt bien.

08 mai 2005

Documentation nautique

Parmis le matériel réglementaire du plaisancier se trouve, en bonne place, la documentation nautique : tous les ouvrages nécessaire à la navigation dans la zone concernée. Ça inclue :

  • les instructions générales (textes réglementaires, procédures relatives au secours en mer, aux signaux, etc.) ;
  • les instructions nautiques, qui décrivent les dangers et les routes à suivre ;
  • les livres des feux, dont j'ai déjà parlé ;
  • les atlas de courants de marée (sauf en Méditerranée) ;
  • et, bien sûr, les cartes à l'échelle appropriée de la zone concernée.

Évidemment, si le petit pêche-promenade avait tout ça à bord, c'est tout juste s'il flotterait... Du coup, un certain nombres d'éditeurs publient des ouvrages rassemblant toutes ces informations pour les zones de navigation usuelles - j'utilise à cet effet l'almanach du marin breton, sans m'interdire d'acheter pour le plaisir des ouvrages du service hydrographique et océanique de la marine que l'almanach résume.

Il reste toutefois les cartes. Ça, pas question de les remplacer par quoi que ce soit. Il est vrai que, lorsque l'on navigue autour de son port d'attache, on n'en a pas forcément besoin - quoi qu'on a parfois des doutes qu'il n'est pas déplaisant de pouvoir lever.

Ceci dit, la réglementation n'impose pas seulement de posséder la documentation nautique adéquate : elle exige également qu'elle soit à jour - c'est de simple bon sens, mais la réalisation ne va pas forcément de soi... En effet, si l'achat annuel d'un almanach nautique complet permet de s'épargner les mises à jour des livres des feux et autres guides du navigateur, il est clair qu'on ne va pas se racheter un jeu de carte tous les ans - plutôt plus cher que la Michelin de base, ces trucs là. Pour bien faire, il faut donc y reporter à la main, avec gomme, crayon, rapporteur et compas à pointe sèche, les corrections publiées dans les groupes d'avis aux navigateurs publiés toutes les semianes par le SHOM...


Quand la table de travail se transforme en table à carte : séance de mises à jour ce soir.

En fait, plein de gens ne le font jamais. Moi, de temps en temps, ne serait-ce que parce que j'aime ça. Ceci dit, pour être tout à fait honnête, ça faisait quelques années que je ne m'y étais pas collé. Ce qui me donne un retard conséquent à rattraper. Je n'avais même pas reporté le changement de balisage de Paimpol, qui a plus de trois ans maintenant !

Du coup, j'y retourne. Bon vent, comme dirait l'autre.

Le Plume vous salue bien.

P.S. : j'y songe, les liens vers les groupes d'avis aux navigateurs ne rendront pas grand chose faute de récupérer les fontes spéciales qui vont bien... Bah, c'est juste histoire de donner une idée de la chose !

06 mai 2005

Oryctérope

L'oryctérope et l'onithorynque ont un certain nombre de points communs, notamment des noms commençant par O, comportant un Y, et qu'on ne sait pas trop comment les écrire. Ils sont les représentants de familles ayant très peu d'espèces (trois espèces de monotrèmes, pour l'onithorynque, une seule espèce de tubulidenté, pour l'oryctérope. Ils sont aussi à peu près de la même couleur.

Mais à part ça, ils ne se ressemblent absolument pas et vivent sur des continent différents. L'ornithorynque n'a pas de dent alors que l'oryctérope, est, comme on l'a dit, tubulidenté, c'es à dire que ses dents ressemblent vaguement à des tours de jeu d'échec. L'onithorynque fait s'exclamer d'étonnements petits et grands, alors que l'oryctérope, personne n'y fait attention.


Dans la grande parade de l'évolution de la galerie du même nom, l'oryctérope est un peu à la traîne.
Muséum national d'histoire naturelle, 20 avril 2005.

Je note d'ailleurs qu'il n'y a pas d'oryctérope dans les Histoires comme ça de Kipling, non plus que dans Les animaux de personne de Jacques Roubaud (Paris, Seghers, 1991) - qui mentionne pourtant le tamanoir noir, le gnou bleu et le zorille varié. Il faut dire que son nom français n'évoque pas grand chose et son nom latin (orycteropus afer) encore moins. L'anglais aardvark, importé de l'afrikaans, fait plus exotique. Il a de plus le mérite de faire la une, sinon des gazettes, du moins des dictionnaires.

Par contre, les oryctéropes ont de chouettes oreilles pointues, ce qui n'est pas rien.

Le Plume vous salue bien.

05 mai 2005

Comme ci, comme ça.

On ne peut pas être bavard en permanence, sauf à devenir une véritable plaie. Bavard, je l'ai été copieusement dans ma rubrique sur les bouquins - du coup, ici, je le serais moins. Et puis... pas très envie de causer, pour dire vrai.


L'église de Langoat, canton de la Roche-Derrien, Côtes d'Armor.

Voilà pour l'ambiance. En paraphrasant vaguement Ashberry : la sévérité était-elle intentionnelle ? De toute façon, l'esprit souffle où il peut.

L'église de Langoat abrite, paraît-il, le tombeau de Sainte Pompée (sic), mère du premier évêque de Tréguier, Saint Tugdual. Vous voyez : même les saints ont des coups de pompe.

Le Plume vous salue bien.

04 mai 2005

Embuscade

Trop plein d'images ce soir : le dernier séjour en Bretagne, le dernier rouleau du Pentax que je viens de récupérer, ma balade de dimanche, sans compter l'oryctérope... Abondance de biens ne nuit pas, dit-on.

Attention toutefois, en cas d'abondance de biens justement, de ne point se faire dépouiller au coin d'une ruelle par un chevalier à pied camouflé derrière des broussailles :


Dol-de-Bretagne, le long du musée de Dol, derrière la cathédrale. Vendredi dernier, vers 15h.

Ah, et puis un canon de marine, tiens - monté sur un affut qui me semble passablement fantaisiste, tiendrait pas le coup longtemps leur affaire. J'ai regardé : rien de lisible sur les tourillons, où les fabricants gravaient leur marque ; faudrait que je regarde les détails pour tâcher de le dater. Trois ou quatre siècles après l'armure, probablement.

Le Plume vous salue bien.

03 mai 2005

Phares et balises, 5 : Nividic

Alors que la vie professionnelle a quelque peu repris ses droits après un mois d'avril passablement chaotique,  je reprends ma série des phares là où je l'avais laissée : à Ouessant. Quelques milles à l'ouest de Créac'h, pour être précis ; son petit frère, si l'on veut, tout au bout de la pointe nord-ouest de l'île.


An-Ividig, 48°26,9 N - 5°09,1 W, VQ(9)10s28m10M. Ouessant, août 2000.*

Particularité de ce phare : il est dans un des coins les plus casses-bateaux qui soit, encore plus que la Jument, ce qui n'est pas peu dire. Du coup, à l'époque où il était gardé, il avait fallu improviser un moyen de le ravitailler même en cas de tempête, qui peuvent durer longtemps dans le coin. C'est la raison d'être des étranges poteaux entre le phare et la côte (presque entièrement cachés par les rochers sur ce cliché) : un téléphérique, lorsque la voie de surface est impraticable.

Cette solution a été abandonnée assez vite : une plate forme pour hélicoptère a été ajoutée ; d'autre part, Nividic a vite été complètement automatisé. Mais ce jour là le temps était clément au point de rendre hospitalière la baie de Lampaul, ce qui n'est pas si fréquent.

Le Plume vous salue bien.

* VQ pour very quick : neuf éclats très rapides suivis d'une périonde d'extinction. Pour le nom, je fais confiance à la dernière édition de l'Almanach du marin breton : il semble que l'orthographe bretonne du toponyme ait été rétablie.

02 mai 2005

Et ça vous fait rire ? (ou : monotrème toi-même)

En classant mes photos du mois d'avril, je suis tombé sur un cliché pris à la grande galerie de l'évolution du Muséum :


Ornithorynques, muséum national d'histoire naturelle, 20 avril 2005.

Comme quoi on peut être empaillé et se gondoler tout de même. Peut être en imaginant la perplexité des naturalistes tentant de les classifier : un ovipare qui allaite ses petits (mais sans mamelles), à sang chaud mais à température variable. Le tout avec un bec de canard à la Donald Duck.

Un de ces jours, je vous présenterai l'oryctérope.

Le Plume vous salue bien.

01 mai 2005

Cow-boy solitaire

Dure est la vie du pauvre cow-boy solitaire qui doit mener à bien sa mission : faire franchir à ses bêtes des immensités inhospitalières.


Place de la Concorde (Paris 1er), aujourd'hui vers 13h.

Photo prise ce matin du côté des tuileries où les traditionnels poneys allaient prendre leur service. J'avais prévu une grande virée à vélo dans la verte campagne mais finalement je n'ai pas eu le courage de sortir de Paris. C'était soit la virée habituelle le long du canal de l'Ourcq, soit prendre le train, soit rouler des kilomètres pour franchir les fortifications - enfin ça s'appelle le périph' maintenant et c'est nettement plus redoutable.

Pas la pêche pour tout ça, donc ça c'est fini en petite boucle dans le Paris des touristes, Châtelet, Concorde, Invalides, Trocadéro, Étoile et retour par Saint-Lazare. À temps pour acheter un brin de muguet avant de rentrer glandouiller à la maison.

Le Plume vous salue bien.