13 octobre 2005

Le grand pardon

Aujourd'hui vers 19h50 se terminait la célébration de Yom Kippur, le grand pardon - l'une des deux principales fêtes juives de l'années avec Pessah, la Pâque. J'étais pour l'occasion à la synagogue de la rue Notre-Dame de Nazareth, dans le 3ème arrondissement de Paris. La plus proche de chez nous, je crois, et surtout celle que fréquentaient depuis plusieurs décennies la mère et la grand-mère de mon épouse : n'étant juif ni par la naissance, ni par la foi, j'étais là en ami - ou plutôt en conjoint.

Je l'ai déja dit, je suis d'un naturel aussi peu religieux qu'il se puisse trouver. Seulement, voilà : les hasards de la vie, affublés comme souvent de trais féminins (et d'ailleurs charmants) m'ont fait rencontrer le judaïsme, m'en rapprocher d'aussi près qu'il est possible sans qu'on en fasse partie. J'ai envie d'en parler un petit peu.

Dire d'abord à quel point le terme de judéo-christianisme est un leurre, peut-être une malhonnêteté. Un procédé, en tout cas, consistant finalement à inclure de grée ou de force le judaisme sous la bannière chrétienne, au prix d'une ignorance réelle ou simulée des spécifictés du judaïsme.

Pas de prétention à l'universalité. Pas de volonté de convertir. Accent sur la vie terrestre plutôt que sur une éventuelle vie ultérieure. Sur la loi plutôt que sur la foi. Finalement, ce serait plutôt la recherche des points communs qui prendrait du temps - à ceci près que chétiens et juifs ont un livre sacré en commun, ce qui n'est tout de même pas rien. Mais si le livre est le même, y lit-on la même chose ?

Mais surtout, le judaïsme, c'est la combinaison d'une religion et d'un peuple ; la religion d'un peuple, un peuple un peu particulier car ayant vécu des siècles au milieu d'autres peuples, sans s'isoler mais sans s'y fondre non plus. Dans le hall bondé de la synagogue, dont c'est la plus grande affluence de l'année, les gens se retrouvent, échangent des nouvelles, au grand dam dam des rabbins et des fidèles les plus observant qui tentent d'obtenir le silence par des chut ! courroucés qui s'ajoutent au bruit ambiant. Lorsqu'approche la fin légale du jour, la foule augmente encore ; certains prient, d'autre non ; il fait chaud, les enfants sont fatigués, ceux qui ont observé le jeûne commencent à vasciller sur leurs jambes ; et puis le silence se fait : après la bénédiction des cohanim sonne enfin le shofar, la corne qui clôt les célébrations. Moment de soulagement, d'embrassades, de joie d'être ensembles : une semaine après son début officiel, l'année peut commencer pour de bon.

Le Plume vous salue bien.


Illustration : une mezuzah, achetée je crois à Portland (Maine), qui orne le chambranle d'une des portes de notre domicile.

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