03 juin 2005

histoire : les affaires reprennent

Ceux qui suivent ce blog depuis ses débuts ont entendu parler de mon projet de mémoire de maîtrise - sur l'histoire des techniques au XVIIIe siècle en général et la sidérurgie de la fonte en particulier. D'aucun auron suivi mes tribulation d'un centre d'archive à un autre (Angoulême, Rochefort, Vincennes, Paris, Lorient - ce sera tout, merci bien) tout au long de l'année universitaire 2004-2005. Et depuis l'automne dernier... pas grand chose. Il est temps d'en reparler.

En somme, après quatre ans où une partie essentielle de mes loisirs a été consacrée à l'histoire, j'avais, je crois, besoin de souffler un peu. Finalement, faire en trois ans un DEUG et une licence tout en travaillant à plein temps, ça n'est pas si mal. Il est vrai que l'année de licence, qui aurait pu être problématique, correspondait à une année relativement creuse d'un point de vue professionnel. Ça n'a pas été le cas de ces deux dernières années - et rédiger un mémoire, surtout lorsqu'on a l'ambition de faire quelque chose de bien, demande un tout autre investissement que de bachotter quelques cours et de lire quelques bouquins sur un programme.

Du coup, j'ai traîné. En plus, comme j'espérais réussir à finir la bête à la toute dernière minute pour avoir ma maîtrise, j'ai omis de me réinscrire - c'est cuit donc pour cette année.  mais les affaires reprennent : je vais me réinscrire l'an prochain, en première année de master, avec une nouvelle directrice, mon directeur d'origine prenant sa retraite. J'ai quand même quelque remords à ce propos : il m'aurait semblé approprié de soutenir ce mémoire sous la direction officielle du professeur qui m'a fait découvrir la richesse de l'histoire des techniques. Ceci dit, la nouvelle titulaire de la chaire d'histoire des techniques est quelqu'un que je connais, que j'apprécie beaucoup et qui je crois m'apprécie aussi et qui est spécialiste de la jonction entre XVIIIe et XIXe siècle, ce qui correspond parfaitement à mon sujet.

Ce qu'on va faire, par conséquent, c'est de reprendre l'affaire de manière très pragmatique : comment tirer du diplôme universitaire - j'y accorde une certaine valeur - d'un travail de recherche d'ores et déjà plutôt réussi. On va tâcher de faire ça, je vous tiendrai au courant.

En attendant, voici un petit échantillon de la richesse des fonds d'archive que j'ai eu le plaisir de consulter. Il s'agit d'un plan de la rivière Touvre - un affluent de la Charente qui a la particularité de prendre sa source d'une résurgence importante et dont le flot est donc pratiquement constant en toute saison. C'est elle qui fait mouvoir les soufflets de l'usine que j'étudie - il n'y a pas de hauts fourneaux sans soufflage et, à cette époque, pas de soufflets sans roue hydraulique. Je vous renvoie à un schéma que j'ai posté il y a déjà logtemps dans ma rubrique "histoire de dire". Les droits domaniaux sur les eaux de cette rivière ont été l'objet de longs conflits juridiques - le domaine du Roi, s'il est inaliénable, peut être engagé, c'est à dire en quelque sorte hypothéqué ; cet engagement étant cessible, on aboutissait à une situation où l'on ne savait plus à qui était quoi, entre le roi, son frère et des particuliers. En 1777 a donc eu lieu un bornage délimitants lesdits droits et qui ont été fixés sur une carte. On a du coup commandé au même cartographe cette imposante carte de la rivière Touvre en trois rouleaux, intitulée Plan de la rivière de Touvre sur la quelle s'étendent les droits de pêche retirés par Monseigneur le Comte d'Artois sur les héritiers de Mr. Paultre et autres. Il s'agit vraissemblamblement de l'œuvre de Pierre Touffaire, ingénieur des bâtiments civils de la marine à Rochefort. Tout en haut, c'est l'usine que j'étudie et qui est au cœur du litige.

Cette affaire n'est que l'un des nombreux dossiers dans lesquels je me suis plongés, un peu périphérique à mon histoire mais soulevant plein de questions concernant la conception du domaine et de ce qu'est l'eau d'une rivière, à la fois source de nourriture par le biais de la pêche et d'énergie pour les moulins à blé mais aussi les forges, hauts-fourneaux, papeteries, qui forment la base de l'ancienne industrie.

Je pourrais en parler pendant des heures - mais je vois que ce qui ne se sont pas enfuis s'endorment. Je vous souhaite donc une bonne nuit !

Le Plume vous salue bien.

P.S. : il y a quelques bugs dans les raccords de photos, désolé. Les pieds de chaises qui tenait le rouleau ouvert à ses deux extrémités donnent l'échelle.

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