L'empire austro-hongrois s'effondre dans un bruit de ferraille en 1918 ; il n'était pas bien vivant de toute façon depuis les premières années du XXe siècle. C'est pendant ce processus, puis dans l'écho de cette chute, que travaille Belá Bartók, hongrois et fier de l'être - et par conséquent pas austro du tout.
Palais royal de Budapest, 30 juillet 2009.
La tension principale, dans l'empire austro-hongrois, c'est celle qui oppose les Allemands (d'Autriche) et les autres - les Hongrois étant des autres par excellence, même si la double monarchie mise en place après 1848 leur a permis de se faire détester des Slovaques et Roumains inclus dans leur demi-empire. Et dans le monde de la musique, les Allemands prennent toute la place : comment faire de la musique « classique » après Brahms, surtout quand on ne veux vraiment pas faire du Wagner...
Du coup Bartók fait autre chose, empruntant à la musique traditionnelle hongroise (la vraie, pas la version qu'on en connaissait au terrasses de café viennoises) ou à ses voisines les structures qu'il ne veut pas prendre aux manuels de composition germaniques. Ça en fait un compositeur inclassable, à la musique pourtant très caractéristique : parfois, on tombe sur une musique à la radio ou à la télé et on se dit : tiens, du Bartók, et on se trompe rarement.
J'aime beaucoup la sonate pour deux pianos et percussions, le caractère facilement un peu fou des pièces pour deux pianos associés à une fabuleuse richesse de percussions. Le premier mouvement est caractéristique des compositions de Bartók, à la fois fondamentalement cohérent et apparemment décousu, parce que loin du discursif ou de la démonstration.
À part ça : tout va bien, tout va mieux.
Le Plume vous salue bien.
Boîtier Pentax MX, film Fuji pro400H.
Belá Bartók, sonate pour deux pianos et percussions Sz.110, interprété par Jean-François Heisser et Georges Pludermacher aux pianos, Guy-Joël Cipriani et Gérard Perotin aux percussions.
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