22 septembre 2005

équinoxial

L'équinoxe d'automne, cette nuit. L'équinoxe, phénomène astronomique semestriel marqué par l'orthogonalité de l'axe de rotation terrestre et de la droite joignant le centre de la terre au centre du soleil. Le seul moment donc où la terre ne présente pas au soleil un hémisphère plus que l'autre - les nuits ont la même durée dans les deux hémisphères, aequis nox.

Pour les marins et les riverains du littoral, l'équinoxe est synonyme de grandes marées. Les grandes marées de l'équinoxe d'automne sont souvent les plus importantes de l'année ; les grandes marées de fin août (une lune avant l'équinoxe donc) sont généralement d'une amplitude comparable. C'est si je me souviens bien par une de ces marées que j'avais fait ma première arrivée en baie de Morlaix :


Les roches peintes Roc'h Cahers, face à Carantec, Finistère, 20 août 2001.

J'avais posté un extrait de la carte marine du coin dans ma rubrique « cartes sur table » qui mériterait d'ailleurs que je la nourrisse un peu ; ces roches se trouvent légèrement à gauche de l'île aux dames. Il devait être à peu près trois heures et la marée commençait à peine à remonter - basse mer à 14h15 d'après mes notes d'alors, hauteur d'eau 0,80m au dessus du zéro hydrographique (contre 9,45m à la marée haute suivante). J'ai donc eu l'avantage d'appercevoir à travers l'eau la roche de l'équinoxe, roche cotée à 2m sous le zéro, pile sur l'allignement du grand chenal. Nulle doute qu'elle doive son nom aux circonstances de sa découverte, par la quille d'un navire ayant embouqué le chenal par une de ces grandes marées basses.

À deux pas de là, le château du taureau. Le conventionnel Gilbert Romme y fut emprisonné avec cinq de ses confrères, arrêtés pour collusion supposée avec les émeutiers du 1er prairial an III. Pourquoi parler de Gilbert Romme ici ? Tout simplement parce que c'est lui qui avait décidé de faire commencer l'année républicaine au jour où est observé l'équinoxe d'automne à l'observatoire de Paris. Ainsi, on assurait de manière définitive la concordance entre année solaire et année calendaire, en donnant autorité finale à l'observation. Rousseau, la primauté de la nature, etc.

Il est de bon ton de mépriser le calendrier révolutionnaire ; pour ma part, je l'aime bien. À force de travailler sur les documents de cette époque, il me semble simple et tout à fait naturel - en plus, on aurait une année universitaire allignée sur l'année civile, ô joie. Finalement, ce qui a fait sa perte c'est sans doute son manque de dimanches, les révolutionnaires, décidément peu soucieux des acquis sociaux, ne reconnaissant qu'un jour de repos par décade. On en aurait rajouté un deuxième que nous l'utiliserions peut-être encore.

Reste une question : quel jour sommes-nous ? L'équinoxe a lieu à 22h23, le 22 septembre 2005, soit le jour où j'ai commencé cette note et qui sera, on me pardonnera cet abus, son jour officiel de publication. Nous serions donc le 1er vendémiaire, an 214 de la république. Cependant il s'agit là de l'heure en temps universel, ce qui nous met à 0h23 heure légale - le 22 septembre serait donc le dernier jour complémentaire de l'an 213. Mais je préfère penser qu'il faut prendre en compte l'heure solaire à Paris, qui est à l'est de Greenwich de 2°20' ; il convient par conséquent d'ajouter 9 minutes à l'heure TU. L'équinoxe a donc lieu cette année à 22h32 à la montre du citoyen Romme et nous somme le premier primadii de vendémiaire, an 214 de la république française une et indivisible. Bonne année à tous.

J'observe par ailleurs que nous arrivons à l'heure fatidique. Il est donc instant que j'aille me coucher pour tenter de profiter de la moitié restante d'une nuit qui, au point de départ, comptait exactement douze heures.

Le Plume vous salue bien (« salut et fraternité ! »).

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