24 janvier 2007

Ce que parler veut dire

À l'École nationale des Beaux-Arts ce soir on ne dessinait pas, on ne sculptait pas : on écoutait parler. Le poète américain David Antin parlait - sa poésie à lui, c'est la parole. Pas de lecture : un monologue improvisé dont il tire les textes qu'il publie. Ou alors, si c'est une lecture, c'est une lecture par anticipation, puisque les textes correspondants ne seront publiés que plus tard.


La Jolla, San Diego (CA), été 2003.

David fait partie des poètes et artistes qui se sont installés à San Diego dans les années 1960 pour travailler à l'université de Californie, San Diego qui venait d'être créée - initialement sous le nom d'UC-La Jolla puis d'UCSD. L'écouter me ramène un petit peu en Californie, bien sûr - les plages de La Jolla ou de Solana Beach ou les canyons de Carmel Valley. Mais l'essentiel n'est pas là.

Quand il parle, David parle de langage, de vie et de mort. De mort en général mais aussi en particulier - la mort d'un proche, tué sans raison dans un salon de thé de Hillcrest (un quartier de San Diego) où nous avions dégusté il y a quatre ans de délicieuses tartelettes. La mort comme limite du langage et du sens. David Antin observe qu'en français parlé on utilise le vocabulaire de la volonté pour parler de signification : il y a ce qu'on dit et ce que ça veut dire. Que peut signifier le verbe vouloir dans une tournure impersonnelle ? Si ça veut, qu'est-ce que c'est que ça ?

Bien sûr, qu'on en sait rien. Mais on (David Antin, vous, moi) peut jouer avec la question - puisqu'on est vivants.

Le Plume vous salue bien.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Mais qu'ils sont bestes, eux ! "ça", c'est pas une tournure impersonnelle, ici."ça", ça désigne le mot en question.
Ben oui, un mot, ça a une naissance, une vie, une agonie éventuelle, une mort...Alors pourquoi pas une volonté ?
CQFD.

Le Plume a dit…

oh elle eh! mais ton argument n'est pas sans mérite.

Mais du coup, question: si un mot meurt sans avoir exprimé ses dernières volontés, qui touche l'héritage?