02 juin 2007

Enfonçage de portes ouvertes

Un truc marrant : il est question ces derniers temps d'une « loi sur l'autonomie des universités » - autonomie qui leur avait déjà été accordée par la loi Edgar Faure de 1969, conséquence directe, horresco referens, du mouvement de Mai 1968. Du coup, on entend pérorer journalistes et politiciens qui, de droite comme de gauche, parviennent à se mettre d'accord sur un point : que les universités devraient être libres de choisir leur corps enseignant à leur guise.


Une relique de l'ex-université de Paris (avant 1969), boulevard Raspail.

Ce qu'il y a de marrant là dedans, c'est que c'est déjà le cas, et depuis longtemps. Vu que visiblement tout le monde ne le sait pas, je réexplique - même si d'aucuns parmi mes lecteurs auraient plus de titres à en parler.

Au sein de chaque université et pour chaque discipline, une « commission de spécialiste » est chargée d'évaluer les dossiers des postulants aux divers emplois d'enseignants-chercheurs, d'auditionner ceux qui lui paraissent les plus prometteurs et d'établir un classement des candidats les plus appropriés. C'est ce classement, validé formellement par le conseil d'administration, qui détermine le recrutement.

Ces commissions sont composés d'enseignants-chercheurs de la discipline concernée : s'il s'agit d'élire un maître de conférence, maîtres de conférence et professeurs des universités y siègent ; si c'est d'un poste de professeur qu'il s'agit, seuls les professeurs décident. Les membres de la commission sont pour les deux tiers élus au sein des enseignants-chercheurs de l'établissement, et pour un tiers des membres extérieurs, en postes dans une autre université. Globalement, on ne fait pas franchement plus autonome, comme mode de décision.

Que veut-on changer au juste ? Je ne vois pas trop... À moins bien sûr que les journalistes et politiciens mentionnés plus haut n'aient pas la moindre idée des procédures existantes et s'imaginent que le recrutement du supérieur soit identique à celui du secondaire ; que d'autre part ceux qui savent utilisent cet enfonçage de portes ouvertes comme cache-sexe pour des mesures beaucoup moins consensuelles.

Mais je vois le mal partout...

Le Plume vous salue bien.

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