Il y a quinze jour je vous parlais d'instruments à vent, avec une clarinette comme illustration. Quelques réflexions sur cet instrument précis...
Une clarinette démontée et rangée dans sa boite, Angoulême, 5 janvier dernier.
J'ai l'impression que la clarinette forme, sinon un binôme, du moins une fratrie parfois conflictuelle avec un instrument à l'apparence et à la tessiture assez voisine : le hautbois. Une fois qu'on a dit ça, on ne peut que faire la liste de ce qui les séparent : la perce (c'est à dire le vide au milieu du tuyau que forme le corps de l'instrument) est cylindrique pour l'une, conique pour l'autre ; la vibration est produite par une lamelle de roseau vibrant contre un bec, dans le cas de la clarinette, et par deux lamelles vibrant l'une contre l'autre pour le hautbois. Résultat, le son du hautbois est plus doux, plus pur ; celui de la clarinette étant nettement plus rugueux. Mais aussi plus puissant : dans les morceaux où hautbois et clarinette se répondent (comme un segment du concerto pour violon de Sibelius dont je vous parlais l'autre jour), on voit le hautbois s'efforcer, joues gonflées, à produire un son suffisamment puissant, tandis que le clarinettiste doit se retenir pour ne pas le couvrir totalement... Du coup, si le hautbois était un fidèle compagnon du clavecin, la clarinette s'apparie mieux à la puissance sonore du piano.
Peut-être est-ce pour ça qu'elle est un instrument central de la musique du XXe siècle, que ce soit dans le jazz ou la musique dite classique, l'un renforçant l'autre - d'ailleurs les contrastes pour violon, clarinette et piano de Bartok étaient une commande du clarinettiste de jazz Benny Goodman.
Côté quatuors, on retrouve la clarinette accompagnée du violon, du violoncelle et du piano dans le célèbre quatuor pour la fin du temps de Messiaen, mais là, on doit plutôt le choix des instruments au hasard des musiciens disponibles dans le stalag où il faisait un séjour forcé. Mais la clarinette y rencontre le goût de Messiaen pour les chants d'oiseau... À noter que le hautbois ne disparait pas pour autant : on le retrouve par exemple dans des pièces très intéressantes de John Cage que je découvre ces jours-ci. Pas de chance pour vous, chers lecteurs : ça veut dire que je vous en reparlerai.
Le Plume vous salue bien.
Olivier Messiaen, Quatuor pour la fin du temps, III : abîme des oiseaux (mouvement pour clarinette seule).
Boîtier Pentax ME Super, film Fuji Pro400H, objectif SMC Pentax-M 50mm f:1.4.
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