30 décembre 2005

Arlington National Cemetary

Juste en face de la ville, de l'autre côté du Potomac, donc dans l'État de Virginie, un grand domaine couvrait les coteaux d'Arlington : la propriété du général Robert E. Lee. Confisquée par le gouvernement fédéral pendant la guerre de sécession, elle a accueilli un cimetière militaire, qui s'étend maintenant à la quasi totalité du domaine : c'est le cimetière national d'Arlington, avec ses hectares de pierres tombales réglementaires couvrant les collines boisées.


Arlington National Cemetary : vue vers washington depuis les tombes des Kennedy, 29 décembre 2005.

Discutez un peu avec des amis américains : nombreux sont ceux qui ont au moins un membre de leur famille enterré là. Et c'est un point important à comprendre : contrairement à ce qui se passe en France, la société américaine et son armée ont gardé des liens étroits. Cela peut prendre la forme d'un militarisme passablement gênant, mais pas forcément : ça peut être un simple respect, une reconnaissance. Et ça demande qu'on s'interroge, en tant que Français : quand avons nous perdu ce lien ? Car il était perdu, bien avant la fin du service militaire, à part dans la « bonne droite » traditionnaliste. Je pense quant à moi que cette rupture date d'avant les guerres coloniales, où les dérives de certains quarterons de généraux à la retraite n'en étaient qu'un symptôme. Au bout du compte, je crois que cette rupture date de l'« étrange défaite » de 1940 : à relire le livre de Marc Bloch qui porte ce titre (un historien se doit, je crois, de lire du Marc Bloc à un rythme au moins hebdomadaire), on se rend compte que l'armée française n'a pas voulu défendre une société civile que, depuis le front populaire, elle méprisait. Malgré les efforts de l'après-guerre, ce compte n'a jamais été soldé.

Le Plume vous salue bien.

P.S. : je parlais hier de hubris. Un long article dans le Washington Post de ce matin fait une synthèse de ce que l'on sait du programme anti-terroriste de la C.I.A., mis en place après le 11 septembre. Ou comment la démesure de ces attaques (ne les oublions pas !) a engendré la démesure de ce programme, chacun dans le cercle étroit des preneurs de décisions renforçant la certitude du groupe quant au bien fondé et à la légalité des mesures prises... C'est une instance historique de hubris à l'œuvre.

Aucun commentaire: