11 décembre 2005

Encore de l'acier

Pour continuer sur ce que je disais hier : ce qu'on ne réalise généralement pas, ce n'est pas que l'acier soit plus rare au moyen-êge ou au XVIIème siècle qu'aujourd'hui (on s'en serait douté) mais c'est l'énorme différentiel dans les quantités produites, dans les prix et, partant, dans les usages - différentiel qu'on ne retrouve plus, puisqu'on n'a plus guère que de l'acier. Et que du coup c'est le fer forgé qui est plus cher, d'ailleurs.

En fait, dans le système ancien, seules quelques pièces critiques sont entièrement ou partiellement en acier : les fers à moulins, par exemple, qui frottent en permanence et donc s'useraient en un rien de temps. Ou alors les pointerolles de mineurs : elles sont en fer, mais on pose, à la pointe, un insert en acier, histoire que ça tienne le coup.

Tout change à la seconde moitié du XIXème siècle avec Bessemer, Siemens, Martin, Gilchrist et consorts, quand on commence à maîtriser la transformation de la fonte en acier en phase liquide - et ça se passe en partie à cet endroit :


Usine métallurgique de Sireuil, Charente, décembre 2002.

C'est là, en effet, sur les bords de la Charente, pas bien loin de Jarnac, que Pierre Martin (1824-1915) établit dans les années 1860 sa première aciérie, équipée du four qui porte son nom. Car, comme je le disais, si le procédé Bessemer de l'acier pneumatique est le plus connu, le procédé Siemens-Martin est largement plus proche de ce qu'utilise la sidérurgie contemporaine. La notoriété du procédé Bessemer tient je crois à son aspect spectaculaire et au fait qu'il se prête à de magnifique schémas explicatifs : on souffle de l'oxygène à haute pression dans une énorme cuve basculante pleine de fonte en fusion - bruit, gerbes d'étincelles, etc. Les procédés sur sole sont moins spectaculaires, puisqu'il s'agit essentiellement d'un four à réverbère amélioré - raison pour laquelle je m'y intéresse, évidemment. Tout se passe du coup dans une enceinte de brique réfractaire, à l'abri du regard des curieux... Mais c'est tout de même ce procédé qui a permi l'utilisation du minerai de fer de lorraine et donc donné naissance à la grosse sidérurgie française moderne. Bien loin des biefs charentais, il est vrai.

Le Plume vous salue bien.

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