11 janvier 2006

Au fil de l'eau

La Seine à Paris n'est qu'à une vingtaine de mètres au dessus du niveau de la mer ; la distance qui lui reste à parcourir étant d'environ 360 km, le dénivelé est d'environ 7 cm par kilomètre. Soit sept centièmes de milimètre par mètre : si vous arrivez à attacher un tableau aussi droit que ça, mes félicitations.

Du coup, elle ne se presse pas ; elle méandre tranquillement, franchissant tout de même les rebords des couches géologiques successives du bassin parisien, découpées en falaises spectaculaires qui se succèdent de Porcheville au Havre.


Les Andelys, Eure, octobre 1999.

C'est sans doute à ces falaises que la France doit son attachement à la pierre, la belle pierre - il n'y a pas tant de pays où l'on y soit autant attaché, au point que pour parler d'un placement immobilier on parlera d'« investir dans la pierre. » Où, lorsque l'on pense, que l'on rêve à du bâti, c'est de la maçonnerie ou, mieux, un bel appareillage de pierre de taille que l'on voit dans sa tête - et le bâti, c'est nous, c'est l'écosystème que nous nous construisons nous même, c'est ce qui nous rend humains.

Tout ça parce que, pendant des siècles, les riches ont acheté, les pauvres ont désiré, des bâtiments en pierre de Paris, ce calcaire robuste, d'une bonne tenue aux éléments, et dont la couleur, entre beige et gris pâle, s'accorde si bien à la lumière discrète de la France du nord - pierre de Paris qu'on tirait des méandres de la Seine, entre les Andelys et Vernon.

Le fil de l'eau à des choses à nous dire, sur sa pente douce. Prenons le temps de l'écouter.

Le Plume vous salue bien.

Aucun commentaire: