18 janvier 2006

Tamise

J'avais commencé à parler, l'autre jour, des fleuves dans les villes et des villes sur les fleuves - j'ai mentionné Paris et Rome : il serait étrange d'omettre Londres et la Tamise, ce couple unique, inséparable. En effet, ce qui définit de manière unique la situation de Paris, c'est, plus que la Seine, sa position au centre géomorphologique d'un vaste bassin sédimentaire - Londres, par contre, est indubitablement le lieu où un estuaire devient fleuve, et réciproquement. C'est la Tamise qui fait Londres, port-capitale ; c'est Londres qui fait de la Tamise un axe majeur et non un fleuve de seconde importance.

Si l'on s'en tient aux chiffres, en effet, la Tamise, ce n'est pas grand chose : le deuxième fleuve de Grande-Bretagne, derrière la Severn - la comparaison avec la Seine serait hors de propos. Quant au débit moyen, il est sensiblement inférieur à celui de la Vilaine à Redon... Mais voilà, la Tamise, à Londres, c'est déjà presque la mer - ça se voit, ça se sent.


La Tamise et vue du South Bank, octobre 2004.

On pense du coup à Heart of Darkness, de Conrad - car, si le roman parle d'Afrique, et plus particulièrement du fleuve Congo, c'est sur l'estuaire de la Tamise que se déroule la narration, sur un voilier au mouillage qui attend la renverse. Et c'est en regardant cet horizon que Marlow commence son récit : ‘And this also,’ said Marlow suddenly,  ‘has been one of the dark places of the earth.’

Voilà la chose : au cœur de la Ville, la Tamise nous parle du Monde.

Le Plume vous salue bien.

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