25 janvier 2006

Sotto un nespolo del Giappone

On m'a demandé, à propos de mon entrée d'hier, pourquoi je considérais comme naturel de mettre en épigraphe à ce weblog le dernier vers de Un coup de dés jamais n'abolira le hasard :

Toute Pensée émet un Coup de Dés.

Je dois reconnaître que ça ne va pas tout à fait de soi. Le coup de dés, c'est une création - le résultat du lancé n'existait pas, il était potentiel, virtuel ; dès que les dés arrêtent de rouler il prend une existence indiscutable. Le coup de dé a créé du réel, un îlot de réel au milieu d'un océan de hasard. Une pensée produit un énoncé - il n'existait pas avant ; il peut ensuite être prononcé, écrit, répété ou ignoré : il existe. Penser, dire, écrire, c'est créer du réel. Comme le coup de dés. Ou si l'on préfère : un weblog n'a rien de virtuel, puisque c'est inscrire et donner à lire de petits morceaux de pensée. Voilà pour le coup de dés.


Le poète américain Jackson MacLow lisant ses textes à Blérancourt (Aisne), novembre 1999.

Et puisque j'ai pas mal causé poésie ces jours derniers, un aveu : je navais jamais lu en entier « zones, » qui ouvre Alcools d'Apollinaire. Eh : c'est un poème un peu long, on passe rapidement pour arriver au suivant, qui est le fameux pont Mirabeau. Merci à la Clioblogueuse d'avoir attiré mon attention sur ce point ; ça vous en a valu un extrait avant-hier. Je n'avais jamais vraiment lu ce poème, et pourtant j'y trouve un vers que je connais par cœur :

Te voici à Rome assis sous un néflier du Japon.

Je le connais, mais je ne le connais pas. Ce que je connais, c'est « Eccoti a Roma seduto sotto un nespolo de Giappone. » Je ne lis pratiquement pas l'italien mais ce vers est au cœur du premier paragraphe du roman de Moravia Il Viaggio a Roma que j'avais entrepris de lire. Nul doute que mes déficiences en italien aient contribuées à la mémorisation : j'avais dû, je crois, en chercher presque tous les mots dans le dictionnaire. Du coup, drôle d'impression en retrouvant ce vers à la fois connu et inconnu.

Et Jackson MacLow dans tout celà ? Je vous en avais parlé, il y a plus d'un an, à l'occasion de sa mort. Tout simplement, c'est une figure qui me vient à l'esprit en réfléchissant à la poésie, au langage, à la parole, aux mots. Voilà tout.

Le Plume vous salue bien.

7 commentaires:

Anonyme a dit…

j'aime beaucoup cette phrase "un îlot de réel au milieu d'un océan de hasard"
puis j'aime mieux bien ce nouveau ce blog ;-)
peu importe qu'on change de lieu du moment où les personnes restent les mêmes ...

Anonyme a dit…

youpiiii je suis la première à inaugurer cette nouvelle version:-)
bon je l'avoue c'était pas un coup de chance c'est de la pure préméditation...

Le Plume a dit…

oui en plus tu avais eu des tuyaux... Délit d'initié, ça s'appelle!

Anonyme a dit…

même pas vrai!! je suis allée ds l'ancienne version et j'ai trouvé le lien pour le nouveau site...et là j'ai vu que personne n'a mis de commentaire et une voix m'a dit vas-y tu pourrais être la première à laisser un commentaire :-)alors j'ai suivi cette voix!

Anonyme a dit…

chouette on peut utiliser des balises HTML telles que ba be bi bo bu!!!

Le Plume a dit…

ba be bi bo bu tu veux dire...?

Anonyme a dit…

Merci pour Jackson...