Bon, tout le monde a fait sa phrase célèbre sur les déboires de la Société générale (y compris Ségolène à laquelle personne n'avait rien demandé), c'est donc à mon tour de pousser la chansonnette.
Wall Steet, septembre 2004.
Comme d'habitude lorsque ce genre de question vient sur le devant de la scène, je suis étonné par l'ignorance totale du public (et des journalistes, et des hommes politiques) sur ces questions. La mienne, elle me surprend moins, j'y suis habitué !
Un exemple parmi d'autre. Il est de bon ton, « à gauche », de tempêter sur le poids excessif de la finance. Soit. Mais en même temps, Il est rare que l'on demande une politique d'équilibre strict des comptes publics, voire d'excédents pour rembourser les déficits antérieurs. Soit, là encore : ce n'est pas forcément la priorité absolue. Seulement, voilà : le poids du secteur financier s'explique pour bonne part par les déficits publics : le déficit est transformé en obligations, qui sont vendues sur les marchés et en occupent une bonne part... À noter d'ailleurs que la croissance exponentielle des marchés financiers date des années Reagan, qui sont, malgré le credo conservateur, une période de relance économique par l'explosion de la dépense publique américaine, et du déficit. En quelque sorte, l'offre (obligataire) crée la demande (financière). Si on s'autorise du déficit, on fait grossir le système financier, c'est mécanique.
Maintenant, pas sûr que le problème soit de savoir si c'est bien ou si c'est mal - plutôt, de savoir si ça marche ou pas.
Alors évidemment, et n'en déplaise aux ultra-libéraux, tout ça fonctionne parce qu'il y a des garde-fous pour limiter l'instabilité du système. Par exemple, il y a des règlementations sur le fonctionnement des divers marchés, et sur le fonctionnement des banques, qui par la masse de capital qu'elles représentent jouent un rôle modérateur. Mais bon, on a beau mettre des garde-fous, il y aura toujours des gens pour tomber : dans le cas de la Société générale, c'est ce qui s'est passé. Du coup, la banque a été contrainte de s'auto-sanctionner en vendant à contre-temps les actifs qui avaient été achetés de manière irrégulière, et elle s'est pris une sérieuse saucée. Elle n'avait qu'à mieux tenir sa maison.
Mais pourquoi employés et épargnants sont-ils paniqués comme si on avait annoncé la faillite de la boite ? On en est loin. Simplement, avec des pertes de cet ordre, ce n'est pas seulement du bénéfice qui s'envole, mais bien du capital - du coup, l'action baisse, reflétant ainsi la perte de valeur de la société. De même que si vous avez une maison avec un garage et que le garage brûle, la valeur de votre maison baisse. Et comme en plus ça rend votre maison suspecte en terme de sécurité incendie, la décote va excéder la valeur du regretté garage : c'est pour cela que la capitalisation boursière de la Société générale (la valeur de la totalité des actions) a baissé bien d'avantage que les fameuses pertes « astronomiques ».
Les conséquences pour vous et moi, qui n'avons pas d'action de la SoGé (si vous en avez, vous l'avez dans l'os) : aucune. Nada. Rien. Dans le pire des cas, ça rend la banque vulnérable à une OPA, genre, si c'est les soldes, on achète. Ça, si c'était le cas, ça pourrait causer du tracas au salariés. Et encore.
Bref : comme d'habitude en matière financière, les journalistes se font frémir les poils à brandir des chiffres avec plein de zéros. Et comme quand le journaliste frémit, le politicien s'ébroue, chacun y va de sa petite galipette. E la nave va.
Le Plume vous salue bien.
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