24 juin 2004

Histoire sans fin

On casse, on reconstruit, on déplace, on repeint... Le campus de Jussieu, ou l'histoire sans fin : photo prise en mai dernier. Les vieux escaliers de secours de la "demi-barre" 54/0 ont été détruits pour laisser la place au chantier du "bâtiment 16000" (16.000 m² de surface utile supplémentaire, sans qu'on sache trop pour quoi faire). Du coup, des escaliers temporaires ont dû être construits, donc des laboratoires déplacés, des cloisons refaites, etc.

Personellement, je ne serai pas plus faché que ça de laisser ce tas de ferraille à nos chers collègues de Paris 6. Si tant est qu'on arrive jamais à se faire construire les mètres carrés dont on a besoin aux grands moulins.

le Plume vous salue bien.

21 juin 2004

Fête du silence

La fête de la musique, j'aimais bien quand j'étais en province, avec les copains en concert devant les cafés d'Angoulême par exemple. Depuis que je suis à Paris, pas moyen, je n'y arrive pas, cette ambiance toujours limite malsaine me fout en l'air - quant à ces concerts place de la République, avec le public écrabouillé dans le goulot de la rue du temple (pour permettre aux caméras grutées de faire de jolies images de la statue derrière la scène ?), je m'étonne seulement qu'ils n'aient pas encore fait de morts.

Alors pour moi, ce soir, pas de musique, ou alors, peut-être, le chant des baleines.


Baleine à bosse, Cape Cod Bay (MA), été 2001.

Le Plume vous salue bien.

11 juin 2004

Gamkaskloof

Je ne suis pas très causant ces jours-ci : toujours un peu dur de se reconnecter en rentrant de vadrouille. Alors du coup, je continue dans les photos de loin.


Gamkaskloof, Afrique du Sud, 1997.

Gamkaskloof (aussi nommé "Die Hel" sur les cartes topographiques sud-africaines) : pour y aller, ça n'est pas compliqué, vous prenez la route qui traverses les montagnes fort escarpées du Swartberg, la chaîne qui sépare le Petit et le Grand Karoo ; arrivé au sommet du col, après avoir laissé refroidir votre moteur, vous tournez à gauche, en supposant que vous arriviez du Petit Karoo - vous ne pouvez pas vous tromper, il n'y a que cette intersection pendant toute la traversée du Swartberg. Et vous débouchez dans cette vallée, desservie par cette unique route, sur des dizaines et des dizaines de kilomètres. Pour repartir, vous n'aurez pas le choix, c'est un cul de sac ; il faudra refaire votre chemin en sens inverse. Il y a bien une rivière, la Gamka, qui a la drôle d'idée de traverser perpendiculairement la vallée, mais elle emprunte des gorges totalement impraticables en amont comme en aval.

Les quelques fermes de la vallée sont les dernières d'Afrique du Sud a avoir été reliées par la route au reste du pays. Et quand on dit la route... les instructions de l'Automobile Association la listent comme « praticable par une voiture de tourisme moyennant une grande prudence » ; moi, franchement, j'hésiterais.

Avant l'arrivée de la route, il y avait plusieurs jours à dos de mulet pour se rendre d'un côté ou de l'autre du Swartberg, et on ne peut pas dire que ça fasse déboucher sur les parties les plus civilisées du pays : Oudtshoorn, capitale du Petit Karoo, est considéré comme la ville la plus arriérée et réactionnaire du Western Cape, sinon du pays tout entier. Il faut dire, la région a conu une récession catastrophique depuis que les plumes d'autruches ont perdu la faveur des créateurs de mode européens, vers 1930. Depuis, ça végète, tout en élevant des autruches (les élevages du Petit Karoo concentrent plus de 80% de la population mondiale de l'espèce) et en oprimant les noirs. La commission de vérité et de réconciliation a tenu à Oudtshoorn des audiences passablement gratinées, surtout si l'on considère que les services de sécurité de l'Apartheid n'étaient guère actifs dans le coin.

Je ne connais pas l'histoire du peuplement du Gamkaskloof. On ne peut que penser à des fermier Boer plus extrémistes que d'autres dans leur conviction que s'installer à une distance d'un autre fermier telle qu'on puisse distinguer au loin le sommet de sa grange serait le premier pas vers la fondation d'une nouvelle Babylone, sinon d'une Sodome ou Gomorrhe...

Mais tout de même, le comble de l'isolement que représente cette vallée géomorphologiquement parfaite a un aspect non pas désirable mais, je ne sais pas, reposant pour l'esprit de nous autres urbains. Ce qui n'empêche pas de faire demi-tour et de repartir vers la civilisation, ou, à défaut, vers Prins Albert, côté Grand Karoo.

Le Plume vous salue bien.

03 juin 2004

Le temple le plus populaire de Kyoto

Ce n'est pas le Ryoanji et son fameux jardin de sable, ni le pavillon d'or, ni le pavillon d'argent (qui à la différence du précédent n'a jamais reçu son placage de métal précieux). Non, c'est, à flanc de montagne, sur la partie Est de la ceinture de temples qui entoure Kyoto sur trois côtés, le temple des eaux pures, Kyomizu-dera.


Kyomizu-dera, Kyoto, Japon, août 1998.

Sur sa spectaculaire structure en bois, garranti 100% anti-sismique, il surmonte les quartiers historiques de la rive droite de la Kamo. On y monte à pied ; pour les jeunes filles qui font le trajet en costume traditionnel, sandales en bois comprises, ça vaut la bonne mère avec des poids chiche dans les souliers. On y boit l'eau des sources avec de petites casseroles à long manche ; on y consulte l'oracle des baguettes de bambous avec petit bulletin explicatif qu'on ne jettera pas après (ça pause problème pour les arbres qui se retrouvent couverts de papier) ; on y admire la plus belle vue sur Kyoto, bien que le point de vue soit plus esthétique que le panorama. On poura passer saluer l'inévitable sanctuaire d'Inari. C'est un lieu de promenade comme un lieu de pelerinage, l'ambiguité n'est jamais levée.

Mais dans les guides occidentaux, peu de louanges : le Lonely Planet, bible du touriste branchouille, n'apprécie pas du tout : trop de boutiques de souvenirs et de diseurs de bonne aventure, pas assez d'austérité, pouerk, sale. Difficile d'être plus mal parti pour comprendre quoi que ce soit au Japon : l'idée de pureté du religieux n'y a guère de place. Les Japonais visitent les temples zen comme des curiosités, un patrimoine culturel que l'on se doit d'avoir vu ; mais pour les choses sérieuses, c'est autre chose : le plus grand cimetière de Kyoto est au pied du Kyomizu-dera.

p>Le Plume vous salue bien et clôt ainsi sa semaine du Japon. Les chroniques suivantes dépendront de mon itinérance programmée ; d'ailleurs, il serait grand temps que je prenne mes billets de train...