27 décembre 2004

Notre-Dame des confiseurs

Retour nocturne et piéton de Jussieu à chez moi ce soir, dans le Paris un peu étrange de la trêve des confiseurs. Une ville un peu en suspens, au ralenti, sinon pour les innombrables visiteurs français ou étrangers. Passage devant Notre-Dame, sa pierre rénovée presque rose sous la lumière des lampes au sodium et des projecteurs des bateaux-mouches, un peu isolée au centre des immenses parvis dont l'a entourée le baron Haussman.


Notre-Dame sous la pleine lune, ce soir, vers 9h.

Petit arrêt devant les trois portails de la façade, en particulier sur le spectaculaire jugement dernier. Tout un récit sculpté dans la pierre. Les morts qui se lèvent, sont partagés entre le convois mené par les anges et le convoi mené par les démons, le tout sous l'œil attentif du Christ en gloire.

Ha ! se dit-on, on en est plus là, l'homme contemporain n'a plus besoin de ces sornettes, la vie, la mort, il sait bien comment ça marche... Mais arrive une catastrophe, une vraie, au delà de l'imagination, et on se sent tout petit, un peu vide à l'intérieur, avec une grosse boule dans la gorge.

Le Plume vous salue bien.

23 décembre 2004

Moulin de Guillot

Le moulin frère de celui que je montrais hier, avant que sa roue ne connaisse une fin tragique :


Moulin de Guillot, Feuillade (Charente), 29 décembre 2003, assez tôt le matin.

Cf. le commentaire d'hier sur l'histoire de ce moulin. A partir de l'époque révolutionnaire, il semble avoir été exclusivement un moulin à blé.

In other news : je continue à travailler à mes pages persos, qui devraient être un complément sympa (j'espère) de ce blog. Restez à l'écoute !

Le Plume vous salue bien.

22 décembre 2004

Moulin de Chapiteau

Je vous l'avais promis, le voilà : le moulin de Chapiteau.


Le moulin de Chapiteau, Feuillade, Charente, 20 décembre 2004.

Feuillade se trouve à la limite entre les départements de la Charente et de la Dordogne, au point d'avoir été un point de discussion lors du découpage des départements. C'est surtout le cœur d'une des plus riches zones d'extraction de minerai de fer de la région, rassemblé dans des dépots sédimentaires superficiels sur les collines qui entourent la vallée du Bandiat. Mais avant que le minerai puisse aller au hauts-fourneaux, il fallait le concasser et le laver dans des installations hydrauliques, bocards et lavoirs.

Feuillade était le lieu idéal pour cette activité, proche des lieux d'extractions et sur une partie encore bien en eaux de la rivière : le Bandiat disparait ensuite progressivement dans les failles des terrains calcaires pour ressortir à dix ou vingt kilomètres de là, aux sources de la Touvre.

Jusqu'en 1789, cette activité avait lieu, pour le compte des entrepreneurs de Ruelle, un petit kilomètre en aval, au moulin de Guillot. Mais le changement d'entrepreneur (les nouveaux entrepreneurs, avisés qu'ils sont, signent le 12 juillet -- la famille Seillière a toujours eu le sens de l'histoire, c'est évident) se passe mal et la négociation sur la cession de Guillot, pourtant bien avancée, semble échouer. Dès lors, c'est Chapiteau qui apparait dans mes sources pour jouer le même rôle.

Quelle est l'histoire précise des infrastructures de Chapiteau ? Je ne sais pas, et il n'est pas sûr qu'on puisse la faire un jour. Les structures actuelles datent sans doute du XIXe siècle. Elles sont tout à fait exceptionnelles : pas moins de six chutes d'eau parallèles, dans des bassins ovales manifestement conçus pour le lavage du minerai. Il y avait certainement des bocards, ces machines à piler le minerai, mais difficile de savoir exactement où...

Les structures en pierre séparant les bassins sont maintenant surmontées de petits pavillons et de piscines pour le particulier qui possède aujourd'hui les lieux. Je lui en souhaite : juste dans l'ombre de la colline voisine, il y faisait un froid polaire lundi, malgré le grand soleil qui avait réchauffé les environs.

Le Plume vous salue bien.

07 décembre 2004

Archéologie

A mon dernier safari photo sur l'escalier de secours, j'ai pu voir que les travaux d'à côté de la tour 65 avançaient rondement (cf. la photo du 17 novembre, dans ma note du 30 novembre dernier) :


Jussieu, le chantier "16000", vendredi 3 décembre 2004.

Etonnant par contre à quel point ça ressemble aux ruines d'une ferme gallo-romaine ou quelque chose de ce genre. A quand l'archéologie par anticipation ? « Nous pouvons déduire de nos fouilles que cette structure était probablement destinée à la vie collective, dans un contexte militaire ou, plus probablement, agricole. »

Le Plume vous salue bien.

04 décembre 2004

Champagne !

Bon, voilà, pas le temps d'une grande note du jour, et est-ce bien nécessaire... Rentrés avec des copains après un pot intensif, vidés quelques bouteilles de champ' supplémentaires à la maison en petit comité...

Suite à la brillante soutenance de cette après-midi, la femme de ma vie est maintenant « habilitée à diriger des recherches ». De l'avis général, ça n'aurait pas pu mieux se passer. Alors... Champagne !

Le Plume vous salue bien.

Notre baignoire le soir de notre premier anniversaire de mariage, septembre 2003.

03 décembre 2004

Sans titre

Au début, une belle matinée d'hiver. Meilleure forme qu'hier, meilleur moral donc ; petite brume sur le jardin des plantes :


Le jardin des plantes vu de Jussieu, ce matin, 10h45.

J'aime bien ces brouillards d'hiver ; l'air pique un peu le visage, ça sent bon. Ca me rappelle marcher le long de la rivière de Lannion en allant à l'école, tout gosse. Chez nous aussi il y a des petits matins calmes.

Après-midi moins calme, par contre : chantier prévu hier et remis aujourd'hui, retards, stress, ça a l'air de marcher puis le routeur concerné se vautre complètement, politique de sécurité à refaire pour économiser ses vieux os sans être ouverts à tous vents. Sale temps pour la sécurité informatique, ces jours-ci, je ne vous dit que cela. Bon, ça semble à peu près stable maintenant, on va bien voir si ça explose lundi.

La semaine se termine. Pour moi, en tout cas : ma chère épouse va avoir plusieurs heures à passer devant un jury demain. La tension monte un peu. Même si objectivement, il n'y a pas à s'en faire.

Le Plume vous salue bien et rentre chouchouter la candidate.

30 novembre 2004

Petite forme

Toute petite forme aujourd'hui fatigué, pas deux idées l'une sur l'autre, les yeux qui tiennent avec des allumettes. Nouvelles médiocres sur le front du referendum interne du PS, mais bon, est-ce que ce qu'il y a dans Le Monde, on peut encore appeler ça des nouvelles ?

Côté travail, alors qu'un chantier touche à sa fin, deux autres se font extrêmement pressants, comme d'habitude. Cette université est un perpétuel chantier. D'ailleurs, le paysage que l'on a sous nos fenêtres ne laisse guère de doute sur ce point :


Jussieu, tour 65, 17 novembre 2004.

Allez, je ferme la boutique, j'enfourche mon blanc destrier et je lui ordonne de me ramener à la maison.

Le Plume vous salue bien.

26 octobre 2004

Zyva, eh, Buffon

Allez, je vous l'avais promis, ce cher M. de Buffon... Drôle de type, semble-t-il. Un grand esprit, sans aucun doute, probablement plus un rassembleur d'idées et un vulgarisateur qu'un savant de haut vol (contrairement à un Réaumur par exemple, qui avait tout compris avant tout le monde). Bon, il y a ses mœurs : « il les aimait fort jeunes » disait-on, et les filles de Montbard en ont probablement pâti. Mais ceci ne nous regarde pas, comme disait l'autre.

Passons également sur sa totale incompréhension des questions minéralogiques et chimique, là encore, n'est pas Réaumur qui veut. D'un point de vue métallurgique, s'il se livre à quelques expériences dans sa forge de Montbard, on ne peut pas dire qu'il soit un inventeur, ou même un grand observateur des inventions étrangères... Par contre, pour l'intrigue, il s'y entend.

Le 21 août 1769 meurt à Clermont le génial métallurgiste Gabriel Jars, terrassé par une insolation sur les routes d'Auvergne, après de longues années de voyages dans toutes les usines d'Europe, dont il ramène toutes les innovations importantes. Un grand homme du XVIIIème siècle, qui gagnerait à être mieux connu. Le 30 août, Buffon écrit au ministre, déplorant la mort de ce collègue, parti trop tôt, etc. et surtout s'empresse de proposer un de ses protégés pour prendre la place... Note manuscrite en marge de la lettre, conservée dans un carton papiers Jars aux archives nationales : « Lui mander que l'intention de Monsieur le contrôleur général n'est pas de nommer à cette place. » Visiblement, même venant d'un personnage déja éminent, le procédé manquait d'élégance.

Tout ça fait que je ne suis pas peiné de voir que, si la colombe qu'il tient sur sa main gauche semble attirer ses semblables, le lion qui repose sous son fauteuil (un vrai fauteuil celui là) ne semble guère les repousser.


Jardin des plantes, 21 octobre 2004.

M. de Buffon, pardonnez-moi d'avoir à vous le dire, mais les volatiles ont conchié votre perruque.

Le Plume vous salue bien.

21 octobre 2004

Lui, c'est les dents

J'avais l'autre jour diagnostiqué chez Bernardin de Saint-Pierre une migraine digne de dégoûter de Paul la Virginie du roman. Chez Lamarck, il s'agit manifestement d'un problème bucco-dentaire. Rage de dents naissante ? Simple carie ? Gingivite ? Je vous laisse juge.


au Jardin des plantes, sur le coup de deux heures.

Ne serait-il pas même en train de s'impatienter dans la salle d'attente de son dentiste ? Son attitude, un peu rigide, les bras croisés, assis au bord de son banc, est en effet de celle qu'on adopte pour une attente pénible, qu'on espère voir s'achever à tout instant : « Personne suivante ! Ah, M. Lamarck, comment allez-vous ? » (Comment d'ailleurs les dentistes peuvent-ils poser cette question ? Non seulement on a mal aux dents mais en plus on anticipe déjà les plaisirs de la fraise, de la roulette et de la pompe à salive...)

Une remarque en passant : j'avais dit l'autre jour que les différents personnages de bronze qui ornent le jardin des plantes étaient représentés dans un fauteuil. Et ce à quelques centimètres d'une photo qui prouvait le contraire. Ils sont effectivement représentés assis, mais pour la plupart sur des bancs ; seul Georges-Louis Leclerc, comte de Buffon, a droit à une véritable chaire à bras, un fauteuil quoi. Pourtant, Jacques-Henri Bernardin de Saint-Pierre (Le Havre, 1737 - Eragny-sur-Oise, 1814) que Jean-Baptiste Pierre Antoine de Monet, Chevalier de Lamarck (Barentin-le-Petit, 1744 - Paris, 1829)* furent également académiciens, si tant est que le fauteuil soit l'apanage des académiciens. Allez savoir. De toute façon, Buffon, je me le paye dans une prochaine entrée ; il ne perd rien pour attendre.

Le Plume vous salue bien.

* Le comble de la concision biographique : départ, arrivée ; entre les deux, un trait. Je remercie Google (qui est notre ami aussi) et diverses pages web pour ces informations, qui sont par conséquent d'une fiabilité au dessus de tout soupçon. Pensez, j'ai même consulté la Société Belge de Malacologie.

31 août 2004

Red Rock 2

J'ai récupéré hier soir le développement de mon dernier rouleau des Etats-Unis, sur le bon vieux Pentax 35mm. Le temps de scanner et...


Red Rock Canyon, 19 août 2004.

...j'illustre plus précisément ce que je voulais dire en ce qui concerne les couleurs. A l'arrière-plan, la Turtle Head Mountain. Pour une tortue, ça manque un peu de salade comme coin, non ?

Enfin, apparemment pas : des tortues de terre sont mentionnées dans la région. A un peu plus de deux minutes des sentiers battus, sans doute : les seuls signes de faune vertébrée non humaine que j'ai vu, ce sont de petits rongeurs bondissant dans tous les sens, peut-être des kangaroo rats.

Le Plume vous salue bien.

12 août 2004

Matin presque paisible

Je vous parlais l'autre jour des brumes matinales ; elles sont toujours là, estompant en douceur nos débuts de journée. La dissipation ne semble toutefois pas imminente ce midi, mais j'ai cru comprendre que, question météo estivale, nous n'étions pas les plus à plaindre (citation d'un cousin de Bretagne : "d'accord, il pleut, mais c'est de la pluie de beau temps !").


Brume matinale, Solana Beach (CA), mardi 10 août 2004, 7h11 heure locale.

Matin paisible donc, mais un tantinet moins que d'autre, puisque j'avais réussi à me coller un rendez-vous sur le dos, un rendez-vous professionnel même, puisqu'il s'agissait de s'informer sur les infrastructures wifi de l'UCSD histoire de voir si il y a moyen de s'en inspirer pour une certaine université parisienne...

Résultat des courses : plein d'infos, j'ai été reçu par quelqu'un de très sympa et très compétent. Si on veut faire ce genre de truc chez nous, par contre, va falloir voir à sérieusement renforcer les troupes... Pourquoi ne suis-je pas surpris de cette conclusion ?

Sur ce, la partie "tranquille" du séjour touche à sa fin : demain, virée sur Los Angeles, avant de partir à l'assaut du désert et de Las Vegas mercredi prochain. Heureusement, crève et jet lag commencent, eux, à se dissiper sérieusement.

Le Plume vous salue bien.

25 juillet 2004

Plouaret-sur-Seine ?

Allez, je ne résiste pas malgré mes grandes déclarations d'hier à vous sortir ce RER égaré en gare de Plouret-Trégor (22), pris hier midi.

Résultat d'un détournement de train d'un banlieusard épris de grands espaces ? "À Landerneau, et en vitesse !" Mystère.

Le Plume vous salue bien.

24 juillet 2004

Pendant ce temps là, quelque part, des vaches regardent passer un train


Entre Plouaret et Lannion, vue du TER, aujourd'hui, vers 13h55.

Back to the basics en somme : la bonne couleur d'herbe, la bonne couleur de ciel, la bonne couleur de vache laitière. Un voyage en train, comme un retour : pendant toute une période de ma vie, j'ai eu l'impression de partir toujours, de n'arriver jamais ; maintenant, je peux faire des aller-et-retour et avoir dans les deux sens la sensation de rentrer chez moi. Serait-ce quelque chose comme l'âge adulte ? Moi qui pensais que ça n'arrivait qu'aux autres !

Voyager en photographiant, c'est aussi quelque chose d'assez nouveau pour moi. Longtemps je me suis refusé à voir le monde au travers d'un objectif ; puis j'ai pris des photos lorsque des situations particulières l'appelaient. Maintenant, blog et appareil numérique aidant, je photographie beaucoup, pour trouver l'image qui dira quelque chose. Du coup, quand vient l'heure du choix, hésitations : d'un côté, des curiosités, des monceaux de bois répandus sur un quai désaffecté à Lamballe, comme posés là par un ouragan méticuleux ; ou bien, une rame de RER au couleur du "transilien" en gare de Plouaret-Trégor, face au café de l'abattoir. Et puis, d'un autre côté, des photos qui sans guillemets ni points d'exclamation parlent d'un ici et maintenant.

Des vaches, par exemple. Qui regardent passer mon train.

Le Plume vous salue bien.

20 juillet 2004

Si Jussieu su, Jussieu pas venu

Avec tous les chantiers en cours, le campus de Jussieu prend chaque jours d'avantage un look de sanctuaire post-atomique. Alors même que le chantier de désamiantage progresse, neutralisant un bon quart du campus, on lance un chantier de construction _ très utile alors que Paris 7 devrait libérer un tiers du campus d'ici 2007... Bref, c'est la pagaille.


Jussieu, chantier du bâtiment "16000", 19 juillet 2004.

Et demain, pour les estomacs bien accrochés, la preuve de l'existence d'un culte statnique clandestin dans les escaliers de secours de Jussieu.

Le Plume vous salue bien.

05 juillet 2004

Rappel : il n'y a pas qu'en France qu'on fait du vin. Et surtout du vin blanc.


Dégustation, vignoble Boschendaal, Paarl, W Cape, Afrique du Sud, février 1997.

Voilà quelques verres à déguster sous le grand chêne de Boschendaal. Ou à emporter pour accompagner les langoustes de Langebaan. On pourra le cas échéant trouver de l'ironie à ce que les meilleurs vins d'Afrique du Sud soient des blancs. N'empêche, ils se laissent boire.

Ainsi se termine notre série "les fruits de mer sont nos amis".

Le Plume vous salue bien.

24 juin 2004

Histoire sans fin

On casse, on reconstruit, on déplace, on repeint... Le campus de Jussieu, ou l'histoire sans fin : photo prise en mai dernier. Les vieux escaliers de secours de la "demi-barre" 54/0 ont été détruits pour laisser la place au chantier du "bâtiment 16000" (16.000 m² de surface utile supplémentaire, sans qu'on sache trop pour quoi faire). Du coup, des escaliers temporaires ont dû être construits, donc des laboratoires déplacés, des cloisons refaites, etc.

Personellement, je ne serai pas plus faché que ça de laisser ce tas de ferraille à nos chers collègues de Paris 6. Si tant est qu'on arrive jamais à se faire construire les mètres carrés dont on a besoin aux grands moulins.

le Plume vous salue bien.

21 juin 2004

Fête du silence

La fête de la musique, j'aimais bien quand j'étais en province, avec les copains en concert devant les cafés d'Angoulême par exemple. Depuis que je suis à Paris, pas moyen, je n'y arrive pas, cette ambiance toujours limite malsaine me fout en l'air - quant à ces concerts place de la République, avec le public écrabouillé dans le goulot de la rue du temple (pour permettre aux caméras grutées de faire de jolies images de la statue derrière la scène ?), je m'étonne seulement qu'ils n'aient pas encore fait de morts.

Alors pour moi, ce soir, pas de musique, ou alors, peut-être, le chant des baleines.


Baleine à bosse, Cape Cod Bay (MA), été 2001.

Le Plume vous salue bien.

11 juin 2004

Gamkaskloof

Je ne suis pas très causant ces jours-ci : toujours un peu dur de se reconnecter en rentrant de vadrouille. Alors du coup, je continue dans les photos de loin.


Gamkaskloof, Afrique du Sud, 1997.

Gamkaskloof (aussi nommé "Die Hel" sur les cartes topographiques sud-africaines) : pour y aller, ça n'est pas compliqué, vous prenez la route qui traverses les montagnes fort escarpées du Swartberg, la chaîne qui sépare le Petit et le Grand Karoo ; arrivé au sommet du col, après avoir laissé refroidir votre moteur, vous tournez à gauche, en supposant que vous arriviez du Petit Karoo - vous ne pouvez pas vous tromper, il n'y a que cette intersection pendant toute la traversée du Swartberg. Et vous débouchez dans cette vallée, desservie par cette unique route, sur des dizaines et des dizaines de kilomètres. Pour repartir, vous n'aurez pas le choix, c'est un cul de sac ; il faudra refaire votre chemin en sens inverse. Il y a bien une rivière, la Gamka, qui a la drôle d'idée de traverser perpendiculairement la vallée, mais elle emprunte des gorges totalement impraticables en amont comme en aval.

Les quelques fermes de la vallée sont les dernières d'Afrique du Sud a avoir été reliées par la route au reste du pays. Et quand on dit la route... les instructions de l'Automobile Association la listent comme « praticable par une voiture de tourisme moyennant une grande prudence » ; moi, franchement, j'hésiterais.

Avant l'arrivée de la route, il y avait plusieurs jours à dos de mulet pour se rendre d'un côté ou de l'autre du Swartberg, et on ne peut pas dire que ça fasse déboucher sur les parties les plus civilisées du pays : Oudtshoorn, capitale du Petit Karoo, est considéré comme la ville la plus arriérée et réactionnaire du Western Cape, sinon du pays tout entier. Il faut dire, la région a conu une récession catastrophique depuis que les plumes d'autruches ont perdu la faveur des créateurs de mode européens, vers 1930. Depuis, ça végète, tout en élevant des autruches (les élevages du Petit Karoo concentrent plus de 80% de la population mondiale de l'espèce) et en oprimant les noirs. La commission de vérité et de réconciliation a tenu à Oudtshoorn des audiences passablement gratinées, surtout si l'on considère que les services de sécurité de l'Apartheid n'étaient guère actifs dans le coin.

Je ne connais pas l'histoire du peuplement du Gamkaskloof. On ne peut que penser à des fermier Boer plus extrémistes que d'autres dans leur conviction que s'installer à une distance d'un autre fermier telle qu'on puisse distinguer au loin le sommet de sa grange serait le premier pas vers la fondation d'une nouvelle Babylone, sinon d'une Sodome ou Gomorrhe...

Mais tout de même, le comble de l'isolement que représente cette vallée géomorphologiquement parfaite a un aspect non pas désirable mais, je ne sais pas, reposant pour l'esprit de nous autres urbains. Ce qui n'empêche pas de faire demi-tour et de repartir vers la civilisation, ou, à défaut, vers Prins Albert, côté Grand Karoo.

Le Plume vous salue bien.

03 juin 2004

Le temple le plus populaire de Kyoto

Ce n'est pas le Ryoanji et son fameux jardin de sable, ni le pavillon d'or, ni le pavillon d'argent (qui à la différence du précédent n'a jamais reçu son placage de métal précieux). Non, c'est, à flanc de montagne, sur la partie Est de la ceinture de temples qui entoure Kyoto sur trois côtés, le temple des eaux pures, Kyomizu-dera.


Kyomizu-dera, Kyoto, Japon, août 1998.

Sur sa spectaculaire structure en bois, garranti 100% anti-sismique, il surmonte les quartiers historiques de la rive droite de la Kamo. On y monte à pied ; pour les jeunes filles qui font le trajet en costume traditionnel, sandales en bois comprises, ça vaut la bonne mère avec des poids chiche dans les souliers. On y boit l'eau des sources avec de petites casseroles à long manche ; on y consulte l'oracle des baguettes de bambous avec petit bulletin explicatif qu'on ne jettera pas après (ça pause problème pour les arbres qui se retrouvent couverts de papier) ; on y admire la plus belle vue sur Kyoto, bien que le point de vue soit plus esthétique que le panorama. On poura passer saluer l'inévitable sanctuaire d'Inari. C'est un lieu de promenade comme un lieu de pelerinage, l'ambiguité n'est jamais levée.

Mais dans les guides occidentaux, peu de louanges : le Lonely Planet, bible du touriste branchouille, n'apprécie pas du tout : trop de boutiques de souvenirs et de diseurs de bonne aventure, pas assez d'austérité, pouerk, sale. Difficile d'être plus mal parti pour comprendre quoi que ce soit au Japon : l'idée de pureté du religieux n'y a guère de place. Les Japonais visitent les temples zen comme des curiosités, un patrimoine culturel que l'on se doit d'avoir vu ; mais pour les choses sérieuses, c'est autre chose : le plus grand cimetière de Kyoto est au pied du Kyomizu-dera.

p>Le Plume vous salue bien et clôt ainsi sa semaine du Japon. Les chroniques suivantes dépendront de mon itinérance programmée ; d'ailleurs, il serait grand temps que je prenne mes billets de train...

17 mai 2004

Do the locomotion with me

Pour le retour des beaux jours, une photo de l'opération choc réalisée par la SNCF et la ville de Paris en juillet 2003. Il s'agissait de promouvoir un nouveau "produit", le "Téoz" - nom ridicule pour un concept qui ne l'est pas moins : assujettir un Corail aux contraintes du TGV, tout en diminuant son confort et en augmentant son prix. Mais qu'importe le prétexte : voir rouler un train entre la Concorde et le rond-point des champs élysées, ça n'est pas rien ; admirer wagons et locomotives du musée de Mulhouse sans avoir à se rendre dans le Haut-Rhin, ça n'est pas pire.

À propos, d'autre que moi se souviennent-ils des serviettes en papier décorées de vieilles locos qui servaient d'essuie-mains dans les trains de grandes lignes ? J'étais tout môme, ce qui nous met dans les années 70 ; je serais bien empêché de préciser date ou lieu.

Revenons à nos moutons. Moi, contempler des bébêtes comme ça, j'aime bien :

Il s'agit de la locomotive Seguin de 1829, première locomotive de fabrication française, conçue pour le Lyon-Saint-Étienne. Elle inaugure la chaudière tubulaire ; les étonnants ventilateurs latéraux sont conçus pour accélerer la circulation des gaz dans les tubes. Ca n'a pas été une grande réussite, semble-t-il, et les locomotives Stephenson, plus rudimentaires, marchaient mieux et plus vite... Peu importe : c'est un bien joli monstre.

Et voilà, les historiens sont incorrigibles. Invitez-les à diner et ils vous endormiront l'assemblée avant même l'arrivée du gigot, retraçant en long, en large et en travers le glorieux passé de l'endive que vous leur avez servi...

Le Plume vous salue bien.

13 mai 2004

Petit pont (mais pas de bois)

Bon, puisque ce sont les saints de Glace paraît-il ("saints", j'ai dit, pas de mauvais esprit s'il vous plait), je ressors une photo de décembre dernier. Il s'agit du pont de Guillot sur le Bandiat, à Feuillade (Charente). Je n'en connais pas la date de construction, mais je le soupçonne du XVIIIe siècle.


Pont de Guillot, Feuillade, 29 décembre 2003.

Ce qui est amusant, c'est qu'il y a un pont, mais pas de route : celle-ci atteint le moulin qui se trouve à gauche du cadre, puis se transforme en chemin agricole pour desservir les champs de l'autre côté du Bandiat.

Alors, pourquoi un pont s'il n'y a pas de route ? C'est que le moulin de Guillot n'était pas un moulin ordinaire, mais un moulin à minerais et une forerie de canons. On y lavait et concassait le minerai avant de l'envoyer dans les hauts-fourneaux des environs (il y en avait trois ou quatre dans un rayon de quelques kilomètres) et surtout à la fonderie de Ruelle. Ce pont était donc tout indiqué pour supporter les tombereaux de minerais en provenance des bois de Varaigne, sur la rive droite.

Donc non seulement c'est un joli petit pont, mais en plus il intéresse l'historien. On peut être dans une région à forte histoire sidérurgique sans que ça ressemble à une zone industrielle !

Le Plume vous salue bien.

10 avril 2004

un pied-à-terre pour le printemps

Quand il est de passage à Paris, le printemps peut s'installer au jardin des plantes, où il a ses habitudes. Ce qui permet d'avoir un peu de verdure en vue, depuis un campus qui n'en a guère.

Derrière les arbres, la galerie de zoologie,un endroit fantastique où je retournerai dès que j'aurais eu le temps de passer payer ma cotisation à la société des amis du muséum d'histoire naturelle. Un peu plus loin, le complexe de bureau libéral et avancé de la place Valhubert. Seule consolation : pour les privilégiés du dernier étage de ce bâtiment, vue imprenable sur le plus moche profil de Jussieu !


photo du 8 avril 2004, par votre serviteur.

Le Plume vous salue bien.

06 avril 2004

Furtive tentative

Et pourquoi pas ? Lorsqu'on partage sa vie obstinément entre (dans le désordre) les réseaux informatiques universitaires, une maîtrise d'histoire, une femme de rêve, un bô batô que faut que je fasse mes vernis, le militantisme dans un parti politique, et j'en oublie, on peut bien faire sa petite crotte bloguesque de temps à autre non ?

Et pour palier l'absence provisoire (comme on dit) d'une page d'accueil, j'ajoute une jolie photo prise par mes soins de la place Jussieu un soir de giboulée de printemps, comme ce soir, et je vais me faire rincer à vélo, et il est tard et itunes me joue "au bonheur des dames", il est donc plus que temps de vous saluer !

Le Plume vous salue bien.