26 octobre 2004

Zyva, eh, Buffon

Allez, je vous l'avais promis, ce cher M. de Buffon... Drôle de type, semble-t-il. Un grand esprit, sans aucun doute, probablement plus un rassembleur d'idées et un vulgarisateur qu'un savant de haut vol (contrairement à un Réaumur par exemple, qui avait tout compris avant tout le monde). Bon, il y a ses mœurs : « il les aimait fort jeunes » disait-on, et les filles de Montbard en ont probablement pâti. Mais ceci ne nous regarde pas, comme disait l'autre.

Passons également sur sa totale incompréhension des questions minéralogiques et chimique, là encore, n'est pas Réaumur qui veut. D'un point de vue métallurgique, s'il se livre à quelques expériences dans sa forge de Montbard, on ne peut pas dire qu'il soit un inventeur, ou même un grand observateur des inventions étrangères... Par contre, pour l'intrigue, il s'y entend.

Le 21 août 1769 meurt à Clermont le génial métallurgiste Gabriel Jars, terrassé par une insolation sur les routes d'Auvergne, après de longues années de voyages dans toutes les usines d'Europe, dont il ramène toutes les innovations importantes. Un grand homme du XVIIIème siècle, qui gagnerait à être mieux connu. Le 30 août, Buffon écrit au ministre, déplorant la mort de ce collègue, parti trop tôt, etc. et surtout s'empresse de proposer un de ses protégés pour prendre la place... Note manuscrite en marge de la lettre, conservée dans un carton papiers Jars aux archives nationales : « Lui mander que l'intention de Monsieur le contrôleur général n'est pas de nommer à cette place. » Visiblement, même venant d'un personnage déja éminent, le procédé manquait d'élégance.

Tout ça fait que je ne suis pas peiné de voir que, si la colombe qu'il tient sur sa main gauche semble attirer ses semblables, le lion qui repose sous son fauteuil (un vrai fauteuil celui là) ne semble guère les repousser.


Jardin des plantes, 21 octobre 2004.

M. de Buffon, pardonnez-moi d'avoir à vous le dire, mais les volatiles ont conchié votre perruque.

Le Plume vous salue bien.

21 octobre 2004

Lui, c'est les dents

J'avais l'autre jour diagnostiqué chez Bernardin de Saint-Pierre une migraine digne de dégoûter de Paul la Virginie du roman. Chez Lamarck, il s'agit manifestement d'un problème bucco-dentaire. Rage de dents naissante ? Simple carie ? Gingivite ? Je vous laisse juge.


au Jardin des plantes, sur le coup de deux heures.

Ne serait-il pas même en train de s'impatienter dans la salle d'attente de son dentiste ? Son attitude, un peu rigide, les bras croisés, assis au bord de son banc, est en effet de celle qu'on adopte pour une attente pénible, qu'on espère voir s'achever à tout instant : « Personne suivante ! Ah, M. Lamarck, comment allez-vous ? » (Comment d'ailleurs les dentistes peuvent-ils poser cette question ? Non seulement on a mal aux dents mais en plus on anticipe déjà les plaisirs de la fraise, de la roulette et de la pompe à salive...)

Une remarque en passant : j'avais dit l'autre jour que les différents personnages de bronze qui ornent le jardin des plantes étaient représentés dans un fauteuil. Et ce à quelques centimètres d'une photo qui prouvait le contraire. Ils sont effectivement représentés assis, mais pour la plupart sur des bancs ; seul Georges-Louis Leclerc, comte de Buffon, a droit à une véritable chaire à bras, un fauteuil quoi. Pourtant, Jacques-Henri Bernardin de Saint-Pierre (Le Havre, 1737 - Eragny-sur-Oise, 1814) que Jean-Baptiste Pierre Antoine de Monet, Chevalier de Lamarck (Barentin-le-Petit, 1744 - Paris, 1829)* furent également académiciens, si tant est que le fauteuil soit l'apanage des académiciens. Allez savoir. De toute façon, Buffon, je me le paye dans une prochaine entrée ; il ne perd rien pour attendre.

Le Plume vous salue bien.

* Le comble de la concision biographique : départ, arrivée ; entre les deux, un trait. Je remercie Google (qui est notre ami aussi) et diverses pages web pour ces informations, qui sont par conséquent d'une fiabilité au dessus de tout soupçon. Pensez, j'ai même consulté la Société Belge de Malacologie.