Entre deux interventions aujourd'hui je suis allé voter. Il faut bien s'entraîner pour les deux tours à venir !
Il s'agissait en l'occurrence des élections des représentants étudiants aux trois conseils centraux de l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, où je suis doctorant. Pour l'un d'entre eux au moins, le choix n'était pas trop difficile : j'étais candidat, et même tête de liste : le début de la gloire, quoi.
La Sorbonne vu du centre universitaire du Panthéon cet après-midi.
Compte tenu de ma position sur la liste, je ne suis pas particulièrement inquiet pour mon élection. Et ce d'autant plus qu'il n'y a pas d'autres listes en présence, ce qui tue un peu le suspens, il faut bien le dire.
Mais pourquoi n'y a-t-il pas d'autres listes, me direz-vous, alors qu'il y avait cinq ou six listes pour les autres conseils ? C'est une excellente question et je vous remercie de me l'avoir posé. Pour y répondre, quelques explications...
Trois conseils participent à la direction de l'université. Un conseil d'administration, qui a le dernier mot sur la plupart des aspects du fonctionnement de l'université, et deux conseils qui en quelque sorte l'assistent : un conseil des études et de la vie universitaire qui valide tout ce qui a trait aux diplômes, aux examens, etc., et un conseil scientifique qui se consacre au volet « recherche » de l'activité universitaire.
Dans ces trois conseils siègent des représentants des « usagers », c'est à dire des étudiants ; compte tenu de la nature en principe transitoire du statut d'étudiant, ces représentants sont renouvelés tous les deux ans et non tous les quatre ans comme les autres membres des conseils. Sont électeurs (et éligibles) pour ces scrutins les étudiants régulièrement inscrits et qui ne sont pas électeurs dans un autre collège électoral. Si par exemple j'étais ingénieur à Paris 1, je serais électeur en tant que membre du personnel et donc pas en tant qu'étudiant, tout doctorant que je sois ; comme il se trouve que je suis ingénieur dans une autre université, pas de problème. La disposition est assez naturelle : on ne saurait voter deux fois.
Seulement voilà : la fameuse loi LRU a modifié un petit détail sur l'organisation de ces élections : sont désormais électeurs (et éligibles) pour les sièges de représentant des usagers au conseil scientifique les seuls étudiants inscrit en doctorat ou formation équivalente. Là non plus, ce n'est pas illogique : les étudiants de première ou deuxième années n'ont guère de raison de se sentir directement concernés par la distribution des crédits aux équipes de recherche ou autres considérations du même ordre.
Le problème, c'est quand on met ensemble les deux dispositions que j'ai citées : en effet, nombre de doctorants, et souvent les plus actifs, sont financés par une allocation de recherche ou un poste d'enseignant-chercheur temporaire (ATER). Or, dès lors que leur financement est associé à une charge de cours de 64 heures annuelles ou plus (ce qui est le cas des allocataires-moniteurs, qui représentent la majeure partie des allocataires de recherches à Paris 1), ils sont considérés comme faisant partie du personnel enseignant - et sont donc radiés des listes en tant qu'usagers... Résultat : il ne reste que les doctorants qui ne sont pas ou peu financés par leur université. Ça ne fait pas beaucoup de votants ; ça fait encore moins de candidats, les doctorants non financés étant plutôt difficiles à trouver en arpentant les couloirs. Résultat, une seule liste a pu se former, sous l'égide théorique de l'UNEF (théorique car je n'y ai jamais adhéré, et je ne serais pas surpris que ce soit le cas de mes colistiers). Une autre liste avait tenté de se former mais ses animateurs, n'étant pas informés de l'impossibilité de présenter des moniteurs ou des ATER, avaient présenté une liste dont la quasi-totalité était inéligible, et qui n'avait donc pu être enregistrée.
C'était : comment des mesures légales qui, prises isolément, semblent de bon sens, se révèlent absurde lorsqu'on les combine. Une absurdité qui certes me permet d'envisager le dépouillement avec sérénité, mais une absurdité tout de même...
Le Plume vous salue bien.
P.S. : réunion en mairie ce soir pour l'organisation du scrutin de dimanche ; rendez-vous à 6h45 en mairie le jour du vote. Plus facile de se faire élire que de faire voter, finalement !