Ma journée d'hier a donc commencé à 6h30 en mairie (pour récupérer les listes d'émargement et autres pièces réglementaires) et s'est terminée vers 22h30 après avoir ramené les résultats du bureau de vote, en mairie également. Seize heure de boulot donc, essentiellement debout (je n'aime pas accueillir les électeurs depuis une chaise lorsqu'ils se présentent devant l'urne) : pas de tout repos, finalement...
Bien entendu, même si ce genre d'activité fait partie de l'engagement militant, il n'influe pas sur le résultat du vote, sauf si l'on essaye de refaire le coup des chaussettes farcies. Ce qui n'empêche pas, une fois tout bien compté, les assesseurs et scrutateurs dument remerciés et la salle rangée, de trouver le résultats pas à son goût. C'est le moins qu'on puisse dire : la « vielle maison » socialiste n'est pas au mieux de sa forme...
Rue Hittorf, Paris 10e, 1er mai 2009.
J'étais au première loges pour constater l'étendue du désastre : le bureau que je présidais donne, traditionnellement, un de ses meilleurs résultats au P.S. dans le 10e arrondissement. La participation y était nettement supérieure à la moyenne nationale, autour de 50%, plutôt au dessus de ce qu'on avait eu dans le quartier aux précédentes européennes : on ne peut donc pas dire que nos électeurs soient restés à la maison.
Il sont venus. Ils ont vus. Et ils n'ont pas votés pour nous. Sur 719 suffrages exprimés, 257 pour la liste de Daniel Cohn-Bendit et 140 pour la liste socialiste (120 pour l'UMP et les autres loin derrière - mais ça n'est pas une consolation). Je ne sais plus qui disait hier soir à la télévision que les voix des listes écolos étaient presque les nôtres : c'était bien nos électeurs, à n'en pas douter, mais nos voix, non point.
Une première remarque : j'ai dit à l'instant « ils ont vus » - mais est-ce bien le cas ? Alors que les listes des principaux partis rivalisaient de couleurs vives et de logos facilement reconnaissables, le bulletin socialiste avait tout le sex-appeal d'un bulletin paroissial dactylographié. Pas de couleur, dénomination et nom des têtes de liste écrit en tout petit, pour tout logo une rose au point minuscule, en bas de page, planquée à côté du logo insipide du parti socialiste européen... On aurait voulu dissuader l'électeur qu'on ne s'y serait pas pris autrement.
Il y avait 27 listes en présence en Ile-de-France, donc des bulletins sur deux rangées dans la plupart des bureaux de votes (pas le nôtre : on avait piqué des tables à la cantine de l'école). Quand je suis moi-même allé voter, j'ai mis un bon moment à trouver le bulletin que je cherchais - et je n'avais pas le temps de prendre un bulletin de chaque liste, ce qui n'est de toute façon pas obligatoire. Si j'avais été moins déterminé sur mon vote, aurais-je continué à chercher ? Probablement pas. Et plusieurs électeurs m'ont fait part de leur agacement à ne pas trouver « la liste qu'ils cherchaient »...
Un tel facteur n'est pas quantifiable par sondage (qui va avouer avoir changé d'avis parce qu'ils ne trouvait pas le bon bulletin ?) mais je crois qu'il a pesé dans la balance, et plus qu'on le croit.
Soyons clair : ça n'est pas une excuse. D'abord parce qu'il y a quand même, au sein du parti, des gens qui sont responsables de ce genre de chose, y compris des permanents et des consultants que je contribue à payer avec ma cotisation. Personne n'y a pensé ? Personne n'a regardé ? Au bout du compte, ce sont les instances nationales qui sont fautives, donc la direction du parti.
Ensuite parce que ce n'était que la goute d'eau qui fait déborder le vase : ça a commencé par une sélection des candidats bâclée dans un coin et qui a laissé furibards de nombreux poids-lourds locaux, qui non seulement n'ont pas été écoutés mais ont été snobés par les instances du parti. Or eux seul sont à même de motiver les militants pour la campagne... La campagne, ensuite, justement, il n'y en a pas eu, ou guère : pour ne pas risquer de briser la coalition majoritaire, il ne fallait pas évoquer les questions qui fâchent, c'est à dire, s'agissant d'Europe, presque tout. On s'est donc contenté de questions de personnes - la gentille Titine et la gentille Ségo sont réconciliées, par contre le méchant Sarko il est méchant... C'est un peu court.
Et voilà. Ça se termine comme ça. Et maintenant, on fait quoi ?
Le Plume vous salue bien.
P.S. : la photo du jour est bien sûr la petite sœur d'une autre, que je vous avais montrée il y a peu et qui avait été prise avec un appareil 6×6 à deux objectifs.
Boîtier Pentax K1000, film Fuji Pro400H, objectif SMC Pentax-M 135mm f:3.5.