Dans mes réminiscences ferroviaires de l'autre jour, j'avais mentionné les autorails « Picasso ». En fouillant dans mes photos, je retrouve cette photo, beaucoup plus récente (c'était lors du grand raout de la SNCF sur les Champs, en juillet 2003), histoire de vous montrer ce dont il s'agit :
C'étaient ces autorails qui assuraient la navette entre Lannion et Plouaret, où la correspondance avec les trains Paris-Brest était assurée. Bien sûr, cette liaison existe toujours - enfin, bien sûr : les années Giscard ont faillit lui être fatale, même si Lannion est la deuxième gare du département pour le trafic voyageur.
De Plouaret, on part en direction de Brest avant d'obliquer vers la droite pour rouler au milieu des vaches sur le plateau trégorrois - l'arrêt d'une minute à Kerauzern, où je n'ai jamais vu personne monter ou desscendre du train, a été supprimé. Puis la ligne s'enfonce dans la vallée du Leguer, se tortillant entre les arbres avant de déboucher, presque par surprise, sur la gare de Lannion.
Évidemment, ce sont des rames modernes qui font ce trajet - d'autant que la ligne a été electrifiée. Les mécaniciens ne s'en plaindront pas, qui cuisaient dans les odeurs de graisse chaude dans leur cahute, juste au dessus du moteur. La gare de briques et de pierre a été remplacée par un bâtiment moderne de verre et d'acier qui évoque plus l'abri-bus géant que l'invitation au voyage ; le passage à niveau qui parvenait à embouteiller à lui tout seul la moitié de la ville (surtout si le chef de gare était lent de la manivelle) a été supprimé. Mais l'essentiel, c'est que cette liaison ait été maintenue.
Quand nous avions aménagé à Lannion, j'avais alors sept ans, je me rappelle avoir choisi ma chambre non pas en fonction de sa taille ou de sa décoration mais parce qu'elle avait la vue sur la gare. Le soir, lorsque j'attendais le sommeil (avec un succès généralement mitigé - pour ça non plus je n'ai pas changé), j'entendais partir la dernière navette, vers dix ou onze heure, correspondance avec le train de nuit pour Paris. Et comme ces machines avaient une transmission mécanique avec une bonne douzaine de vitesses, la note du diesel montait, redescendait au passage d'un rapport, remontait... jusqu'à ce que le son s'éteigne au loin. Et que du même coup je m'endorme, je crois bien.
Le Plume vous salue bien.