29 mars 2012

Rayon

Deux semaines pratiquement sans message : c'est que la vie parisienne ne m'a pas relâché depuis, tant et si bien que j'ai gardé par devers moi l'image de campagne charentaise que j'avais prévue pour mon retour.

Première info, le printemps est arrivé pour de vrai. Du coup le soleil rentre dans les chambres et vient frappé les petits morceaux de beautés qui s'y trouvent. Sachant que par extension tout objet qui me fait penser à mon petit bonhomme rentre dans cette catégorie, surtout quand il est déjà parti à l'école.


Nature morte à la tototte.

Sinon, la saison électorale bat son plein. Sur la scène nationale bien entendu, mais aussi plus modestement dans mon université. Étant candidat pour représenter le personnel au conseil scientifique (mandat remarquablement peu influent il faut bien le dire), je me démène, tracte et tâche de convaincre les collègues de voter pour nous. Compte tenu de ma position sur la liste, mon élection est rien moins que certaine, d'ailleurs. Si c'est pas malheureux ça.

Dès que ce sera fini (mardi) je me replonge dans la campagne nationale. Ça va pas être le moment de s'économiser...

Le Plume vous salue bien.

Astor Piazzola, « Milonga del Angel », album Tango: Zero Hour, 1986.

10 mars 2012

En ville

Pour profiter de la lumière printanière monter à pied vers le centre d'Angoulême, le « plateau » ; prendre comme d'habitude la petite rue Saint-Ausone, qui avait inspiré l'aphorisme suivant : Pour la monter et avoir l'impression qu'elle descend, il faut être plus raide qu'elle.

« En ville » tout a changé mais rien n'a changé. Derrière le palais de justice le disquaire est toujours là ; il a juste vieilli. Lorsqu'il prendra sa retraite s'installera sûrement une quelconque boutique de mode.

Au coin des rues chasser les souvenirs ; retrouver des conversations de Pierrots lunaires, pêcher les fulgurances passées...


Angoulême, derrière l'église Saint-André.

Voilà : l'approche du printemps est aussi propice qu'une autre à la mélancolie. Sans compter qu'il y a d'autres automnes.

Le Plume vous salue bien.

César Franck, sonate pour violon en la majeur (1886, transcrite pour violoncelle par Jules Deslsart en 1888), par Anne Gastinel (violoncelle) et Claire Désert (piano), CD Naïve 2011.

09 mars 2012

Aux sources

Retour aux sources, pas du Rhin ou du Rhône, mais de l'adulte que je suis devenu : à Angoulême pour quelques jours, ayant laissé à Paris femme et enfant, je retrouve ma chambre d'ado avec sa déco sui generis, ses affiches de cinéma, de bateaux ou de protection des animaux et ses chemises poussiéreuses pleines de manuscrits à moi qui ne méritent guère d'en sortir.


Gouache sur papier peint, au pochoir (1985 environ) avec dégât des eaux ultérieur.

La guitare dont je jouais à l'époque a rendu l'âme depuis longtemps ; pas grave, j'ai amené la clarinette. Qui connait déjà le coin d'ailleurs : je joue maintenant d'une Noblet Artist achetée par mon père vers 1960 et que j'ai faite refaire à neuf il y a trois semaines.

Et puis il y a le tiroir à courrier, ça se faisait à l'époque, si, si. À tous mes correspondants d'alors (dont de nombreuses correspondantes il faut bien le dire) : mon amitié, toujours. J'y trouve même deux lettres de moi, jamais envoyée donc. L'une, datée du 15 août 1990 à Sarlat, commence par :

Alors, tu vois bien que je ne suis pas un villain menteur. Quand je promets d'écrire, j'écris, et sans trainer.

Ahem. Bon, techniquement, ça n'est pas faux : il y en a quatre pages recto-verso, écrit petit. Et puis : avais-je aussi promis de poster ?

L'autre, du 19 septembre de la même année, commence par Je t'écris dans la nuit - mais est-ce seulement la nuit ? Celle-là mériterait presque que je l'envoie, à l'exception d'un paragraphe où je confesse à ma correspondante mon attirance pour une tierce personne dont je n'ai plus le moindre souvenir. C'est un peu gênant.

Le Plume vous salue bien.

05 mars 2012

Envol

Et voilà : envolés nous nous sommes ; plongeon par le petit train à crémaillère des gorges de Schöllenen, puis rapide au bon goût de train Corail (mais avec moins de skaï) jusqu'à Zürich ; enfin, le TGV pour Paris, par la nouvelle ligne de TGV Rhin-Rhône. Notons au passage qu'Andermatt se trouve à une quinzaine de kilomètre des sources du Rhône et à deux ou trois kilomètre des sources du Rhin : pas besoin de TGV, on peut faire ça à pied !

La gare de Zürich est en travaux, et tout le quartier bouleversé par un chantier de tunnel ferroviaire. Pour autant, petite promenade dans les jardins du Landes museum, juste en face ; et dans les escalators du centre commercial RailCity juste en dessous, pour faire plaisir à un petit voyageur. Dans l'ancien hall de la gare, un ange-gardien veille.


L'ange-gardien de Niki de Saint-Phalle, Zürich Hauptbahnhof, dimanche après-midi.

Arrivée à Paris dans la pluie et le froid, taxis impossibles ; le métro parisien est toujours aussi désagréable lorsqu'on est chargé de bagages. Fin des vacances.

Heureusement on se console en retrouvant ses jouets en bois, garage et petites voitures ou bien clarinette fraîchement rénovée...

Le Plume vous salue bien.

03 mars 2012

En fin d'helvétisme

Et voilà : le séjour helvétique se termine demain ; nous quitterons la vallée d'Urseren pour plonger vers Göschenen et de là Zürich, et puis Paris. Il faut bien.


Andermatt, sentier de randonnée, 29 février.

Ensuite, vu la semaine de boulot qui s'annonce, les vacances ne seront qu'un lointain souvenir. Il faut bien.

Le Plume vous salue bien.

02 mars 2012

Au pays des petits trains rouges

À 1440 m au dessus du niveau de la mer, Andermatt s'offre le luxe d'être un nœud ferroviaire. C'est en effet un point de raccordement entre le réseau ferré ordinaire* et une ligne complètement folle : les chemins de fer Matterhorn-Gotthard, qui en voie métrique, à crémaillère quand il le faut, permet de rallier par le rail Zermatt, dans le Valais, à St Moritz, dans les Grisons, en franchissant allègrement les 2000 m d'altitude - et ce en toute saison. Sauf hier, ceci dit : risque d'avalanches, avec le redoux, mais on ne va pas prendre ça personnellement.


Le train pour Andermatt et Disentis

Si le Glacier Express («, le train rapide le plus lent du monde » d'après les brochures) fait tout le trajet, c'est souvent d'une desserte locale qu'il s'agit, au point que le réseau est accessible autour d'Andermatt avec les forfaits de remonte-pentes. Monter par le train jusqu'à Nätschen, la première gare, et redescendre tranquillement, deux en luge et une à ski, le long de la route de l'Oberalppass transformée en piste de ski/luge/promenade : nulle part ailleurs !

Le Plume vous salue bien.

* Soyons honnête, le réseau ordinaire, en l'occurrence la ligne qui relie la Suisse centrale au Tessin et à l'Italie, passe à plusieurs centaines de mètres sous nos pieds. Dix minutes de train à crémaillère, le long des gorges de la Reuss, permettent d'assurer la correspondance à Göschenen, l'entrée Nord du tunnel ferroviaire.

01 mars 2012

Cantons

Je vous écrit d'un pays lointain. Pas si lointain que ça en fait : 5 ou 600 km à l'horizontale et 1500 m à la verticale. Un pays tout blanc plein de petits trains rouges sous un ciel tout bleu.


Entre Andermatt et Hospental, canton d'Uri, Suisse, hier matin.

Ici c'est le canton d'Uri, la Suisse alémanique, c'est à dire que l'on y parle une langue allemande mais assez exotique à l'oreille disons-le. Quelques kilomètres au sud, le col du Saint-Gothard mène au canton du Tessin, italophone ; quelques kilomètres vers l'Ouest et c'est le col de Furka, qui mène dans le Valais, à dominante francophone ; quelques kilomètres vers l'Est, le col de l'Oberalp débouche sur un secteur de langue romanche du canton des Grisons. Au Nord toutefois on plonge, avec la rivière Reuss qui cataracte copieusement, vers le très germanophone lac des quatre cantons...

Autant dire qu'on est au cœur de la frontière linguistique que l'Europe a hérité des troubles du Ve siècle, décalage chaotique de quelques centaines de kilomètres vers le Sud et l'Ouest du limes Rhin-Danube du IIIe siècle. Pas toujours simple dans ces conditions de se trouver une langue véhiculaire avec passants et commerçants. Dans le doute, saluer d'un Grützi enjoué mais pas trop.

Le Plume vous salue bien.

Boîtier numérique Pentax K-m.