Puisqu'on en est aux transbordeurs, voici sans doute une des lignes maritimes de transport de passagers qui accueillent le plus de voyageurs par jour : le Staten Island ferry, qui transporte les piétons (pas de voitures, qui peuvent faire le tour par le New Jersey ou par le pont des Verrazzano Narrows) de South ferry, à la pointe sud de Manhattan, jusqu'à l'île-quartier de Staten Island, où résident environ 85.000 habitants - pas loin du double lorsque l'équipe de Baseball des Yankees joue à dommicile, à deux pas de la gare maritime justement.
Les gros bateaux orange et bleu du Staten Island ferry ont plusieurs mérites : c'est un moyen de transport en commun efficace et bon marché - surtout lors de notre passage, l'an dernier, où il était gratuit pour cause de rénovation des terminaux ; c'est une manière sympathique de visiter la baie de New York et de s'approcher de la statue de la liberté ; enfin, ils permettent de se rappeler que New York est, avant toute chose, un port de mer.
l'arrivée d'un bateau au terminal de South Ferry, Manhattan, 16 septembre 2004.
Pour les curieux, j'avais mis en ligne la photo d'un autre bateau de cette ligne en octobre dernier. Un modèle nettement plus rétro, d'ailleurs, pris depuis le terminal opposé.
Puisque l'on parle des États-Unis (j'en ai pas mal parlé ses derniers temps, mais je n'arrivais pas à formuler ce que je voulais dire), j'ai une ou deux remarques à faire sur la situation dans le delta du Mississipi et sur les réactions que cela a occasionné en France.
Tout d'abord, l'inadéquation de la réponse des autorités est suffisamment flagrante pour ne pas mériter de plus ample commentaires - une évacuation partielle et bâclée, des secours qui mettent trois jours pour se mettre en route, etc. L'ineptie de la maison blanche a été particulièrement flagrante, ce qui n'a échappé à personne. Plusieurs commissions d'enquêtes se sont saisies du dossier et il semble que tout ça va être examiné à la loupe. D'un point de vue plus large, le poète Ron Silliman faisait remarquer dans son blog que c'est la culture du Small Governent et le culte de la baisse des impôts qui étaient à incriminer - pensons-y au moment de régler nos propres impôts...
Je trouve tout de même un peu abusif la tendance, flagrante dans nos journaux, à utiliser cette affaire pour régler ses comptes avec le gouvernement américain - ou avec l'Amérique toute entière, après tout, pourquoi faire tant de nuances ? Dans une affaire, qui est somme toute une affaire intérieure, ne convient-il pas de laisser au peuple américain le soin de régler ses comptes avec ses gouvernants ? On sent parfois une certaine délectation devant l'oportunité de tapper sur le Grand Satan, et je trouve ça malsain.*
Qu'on me permette donc de poser une question : Où sont les plans d'évacuation de la ville de Grenoble ? Voilà en effet une grande ville (le tiers de la Nouvelle-Orléans environ) qui est sous la menace d'un risque naturel majeur et clairement identifié : la possibilité d'affaissements de grande ampleur le long de la corniche du Drac, formant un barrage naturel et une gigantesque poche d'eau qui crèverait au bout de quelques heures ou de quelques jours, ballayant comme une gigantesque chasse d'eau la cuvette de Grenoble. Le risque est connu, surveillé ; il suffirait d'un printemps plus chaud et pluvieux que la moyenne, de quelques gros orages d'été... Qui peut m'affirmer aujourd'hui que nous soyons mieux préparés que la Nouvelle-Orléans ?
Sur ces riant propos, je file au gymnase. Enfin, pour être tout à fait honnête, au théatre du Gymnase, voir Boujenah.
Le Plume vous salue bien.
* J'ai sous les yeux le dernier numéro de l'hebdo des socialistes qui se joint à la curée. Est-ce bien là le rôle d'un parti politique français ? Je m'interroge.