01 décembre 2006

Europe, 5 : ce plat pays qui est le leur

Il n'y a qu'un pays en Europe de l'Ouest dont la simple pérennité est mise en doute, dont on répète à l'envie dans les salons qu'il n'existera plus dans vingt ans - la Belgique. Les futurologues nous décrivent sans hésiter deux mini-États, flamands et wallons, et une agglomération bruxelloise transformée en district fédéral Européen. Je ne sais pas. Je demande à voir. Après tout, et contre toute attente, il y a toujours un Liban - on peut être un pays qui n'existe pas et perdurer tout de même.


Les faubourgs d'Anvers vu du Thalys, octobre 2005.

Charles Quint, natif de Gand, hérite des Pays-Bas par son père duc de Bourgogne en même temps qu'il hérite de la couronne d'Espagne par sa mère, Jeanne la Folle. De ce double héritage nait une construction emblématique de l'Europe des temps modernes : les Pays-Bas Espagnols, réduits bientôt à l'actuelle Belgique par l'amputation des Provinces-Unies protestantes. Une construction qui dure tout de même pas loin de trois siècle, puisque c'est l'invasion des troupes françaises de la Convention qui y met fin.

Le Congrès de Vienne de 1815 crée un royaume des Pays-Bas regroupant les dix-sept provinces d'avant 1576, effaçant la frontière qu'avaient tracées les guerres de Religion. De la bonne ouvrage, ça : les provinces catholiques se soulèvent quinze ans plus tard pour donner naissance à la Belgique actuelle.

Seulement, voilà - un siècle plus tard, alors que les identités religieuses s'atténuent, les Belges réalisent qu'ils sont deux peuples qui s'ignorent. À un point assez ahurissant, quand on y pense : combien de personnages de Tintin ou Gaston Lagaffe parlent flamand, alors qu'il suffit de faire quelque kilomètres hors de Bruxelles pour être en pays purement néerlandophone ? À ma connaissance, exactement zéro. C'est peu.

Résultat : pour le Français moyen, la Belgique est un pays francophone avec quelques excités flamands dans un coin. Mais, après tout, à lire la presse française, le Liban est un pays majoritairement chrétien avec quelques musulmans excités dans un coin ; ça prouve donc seulement qu'on n'est pas très forts en calcul.

La comparaison s'arrête là, heureusement - pas de guerre civile, pas de ligne de démarcation démilitarisée entre Hainaut et Brabant, pas de massacres, juste quelques bagarres du samedi soir. Le contexte géopolitique est tout de même un peu plus stable ici que là-bas, et aujourd'hui qu'au XVIIe siècle.

Mais tout de même, en regardant par les fenêtre du TGV Paris-Amsterdam qui lambine entre Bruxelles et Anvers, on s'interroge sur ce drôle de pays tout près d'un nôtre.

Le Plume vous salue bien.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Une grand mère belge, un mariage flamand, wallon. J'ai habité Bruxelles un an, le côté flamand prend le dessus et lorsque tu vas dans une grande surface flamande, il faut préciser que tu ne comprends pas le flamand parce que française pour qu'enfin, on veuille bien faire l'effort de te parler français...

Le Plume a dit…

Ouaip, j'ai remarqué ça dans une banlieue néerlandophone de Bruxelles. Mais les Wallons font-ils le moindre effort pour parler flamand, ne serait-ce que quelques mots, par courtoisie? Ce n'est pas mon impression. Triste.

Anonyme a dit…

C'est vrai que le pays a l'air de vivre avec les deux langues. La seule serie Belge que j'ai jamais regardee avait ete tournee en Flammand, avec des sous-titres francais.
Et je n'ai effectivement rencontre personnes parmi mes amis a Bruxelles qui parle les deux langues.