Le soir du 10 mai 1981, j'étais dans ce coin là. Enfin, un peu plus haut : à l'hôtel de ville de Lannion.
Lannion, au coin de la rue Le Taillandier et du quai d'Aiguillon, août 2010.
Du haut de mes dix ans, je surveillais le processus électoral ; je faisais l'aller-et-retour entre la mairie et l'appartement d'amis de mes parents qui habitaient à deux pas de là. Au premier tour je m'étais alarmé de la dizaine de voix de Marie-France Garraud, qui rétrospectivement ne présentaient pas un risque majeur. Au deuxième, mes parents étaient là aussi ; ce n'était pas la foule de la Bastille mais il y avait du monde, beaucoup de monde, des applaudissements et des acclamations : Lannion est une ville de gauche, et de longue date. Sur la place, un petit vieux complètement ivre chantait « ils ont des chapeaux ronds »...
Quelques jours après, j'ai suivi, à la radio (car nous n'avions pas la télévision), la cérémonie d'investiture, rose sur la tombe de Jean Moulin et passation de pouvoir sur le perron de l'Élysée. Je crois que je lisais un manuel de la photographie des éditions Marabout, un gros pavé, pour meubler les temps morts.
C'était la première fois que nous battions la droite aux présidentielles ; la dernière, aussi, au jour d'aujourd'hui. J'avais dix ans, j'en ai quarante. Il va falloir faire quelque chose : j'aimerai bien repasser par là avant ma retraite.
Le Plume vous salue bien.
Boîtier numérique Pentax K-m.