13 juin 2007

Orages désirés

En plus de trois ans d'existence, il est difficile pour un weblog, fût-il de bonne tenue, de ne pas radoter un tout petit peu. Tout ça pour dire que je m'apprête à râler sur un truc contre quoi j'ai sûrement déjà râlé dans le passé : l'utilisation à toutes les sauces et à contre-emploi du terme « romantique ».

Oui : j'ai beau me dire que le langage, les mots évoluent, je trouve insupportable qu'on qualifie de romantique du sentimentalisme mièvre et sucroté. Le romantisme, c'est le moment où les structures collectives anciennes s'effondrent et laissent l'individu seul avec ses passions - passions amoureuses le cas échéant, mais pas forcément : c'est l'affirmation du Je dans toute sa violence, créatrice ou destructrice. Les nous de la société d'Ancien Régime sont dépassés, annulés, ordres ou corporations : le Je peut prendre toute la place.


Grands Moulins de Paris, ce soir, vers 19h.

Le romantisme, c'est : Levez-vous vite, orages désirés, qui devez emporter René dans les espaces d'une autre vie ! Et, au paragraphe suivant :

La nuit, lorsque l'aquilon ébranlait ma chaumière, que les pluies tombaient en torrent sur mon toit, qu'à travers ma fenêtre je voyais la lune sillonner les nuages amoncelés, comme un pâle vaisseau qui laboure les vagues, il me semblait que la vie redoublait au fond de mon coeur, que j'aurais eu la puissance de créer des mondes.

Châteaubriand, René

Évidemment, la phrase suivante, c'est Ah ! si j'avais pu faire partager à une autre les transports que j'éprouvais ! Mais bon, je n'ai jamais dit que le romantisme ne parlait pas d'amour, juste qu'il ne parlait pas que de ça, et sûrement pas avec des petites fleurs roses partout sur les pages.

Ce qui vous vaut cette péroraison, c'est que précisément, d'orage, on en a eu un beau ce soir. Pluie, vent, tonnerre, ciel d'encre derrière les toîts des Grands Moulins de Paris... Et, preuve s'il en fallait des affinités du romantisme avec l'orage : comme ambiance musicale, un concerto de Brahms, ça collait bien avec la météo.

Demain, il faudra se bagarrer avec des câblages pas terminés et des adresses IP rebelles. Je me demande quelle musique il faudrait pour ce genre de galère.

Le Plume vous salue bien.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Juste au passage, je voulais juste souligner que "sucroté", c'est quand meme très très fort, comme terme !
Pis elles sont pas roses, les fleurs du romantisme au sens actuel, elles sont bleues. Ce sont les coeurs qui sont roses, non mais (et les roses (qui sont des fleurs, je sais, mais zut) rouges)(t'as vu comme j'en connais un rayon...)

Anonyme a dit…

Y en a pas un sur cent, et pourtant ils existent !
Ah non, je me suis trompée, c'est pas "romantiques" dans la chanson...

Moi aussi je veux des orages. Sauf que ça n'éclate pas. Et une semaine de temps pseudo orageux pour un jour de pseudo beau temps, c'est cher payé ! Mais parfait pour écrire, écrire, encore écrire...

daieuxetdailleurs a dit…

Et en plus je me trompe de compte... mais qu'ai je fait à Zeus pour mériter ça !

Le Plume a dit…

sel: ouais, mais n'empêche!
sappholfaire: mais qui peut donc être cette maïwenn B? :-D