05 mars 2011

Douzièmes

Dernières nouvelles de la clarinette : je commence à jouer de la clé de douze ; ou plutôt, de douzièmes.

Sur pas mal d'instruments à vents, il y a une clé particulière, la clé de registre, qui permet non pas de passer d'une note à la suivante mais de sauter à un registre plus aigu. On monte ainsi d'un octave sur les sax et les hautbois ; d'un octave et une quinte pour la clarinette : on monte donc à la douzième par rapport à la note de base, d'où le nom.


La clé de douzième de la clarinette.

Cette clé se situe à portée du pouce gauche, donc derrière la clarinette pour le spectateur. Mode d'emploi de base : on pousse avec le bout du pouce (qui généralement bouche un trou situé sympathiquement juste en dessous de la base de la clé) et hop, d'un sol grave on passe à un ré aigu, un octave + sol-la-si-do-ré, une quinte. Pareil pour toutes les notes du registre grave (ce qu'on appelle le registre du chalumeau), du mi jusqu'au fa. Et si on la relâche... eh bien, ça ne redescend pas si facilement que ça ; il faut au moins une toute petite interruption du son pour revenir à la note de base. Un peu comme lorsqu'on essaye de repasser d'une voix de fausset à une voix normale, quoi.

L'intervalle de douzième n'est pas arbitraire, évidemment : il correspond à une fréquence triple de la note de base. Or la clarinette a des harmoniques impaires très marquées ; l'harmonique 3 (fréquence triple de la fréquence de base) est la mieux représentée. En d'autre terme, la fréquence du ré aigu est déjà dans le sol grave ; tout ce que fait la clé de douzième c'est de faire taire la fréquence principale pour faire entendre la troisième harmonique.

Un des problèmes majeurs de la clarinette (mais je n'en suis pas encore là), c'est ce qu'on appelle le saut de registre : à partir du mi grave, on ouvre de plus en plus de trous pour monter dans l'aigu, jusqu'au sol (tous les doigts levés), puis les sol#, la et la# en ouvrant des trous supplémentaires avec des clés. Et par contre, le demi-ton suivant, pour arriver au si du milieu de la portée, il demande de revenir directement au doigté du mi grave (tous les trous bouchés) avec la clé de douzième enfoncée en plus. Pas tout à fait évident, surtout si on doit faire vite.

Une autre propriété de cette clé, c'est de casser les pieds du clarinettiste lorsqu'il nettoie son instrument. En effet, le trou bouché par cette clé ne se contente pas de traverser le bois ; il est prolongé par une petite cheminée métallique qui avance à un tiers environ du diamètre de la perce. Et du coup si l'on n'y prend pas garde le petit chiffon avec ficelle qui sert d'écouvillon vient se coincer joyeusement là dedans.

Le Plume vous salue bien.

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