Le 22 octobre 1895, le train express n°56 en provenance de Granville arrivait en gare Montparnasse à une vitesse légèrement supérieure à la normale. Le mécanicien tente d'actionner le frein à air comprimé Westinghouse - qui permet d'actionner les frans de toutes les voitures simultanément, mais le robinet est grippé : il ne parvient pas à arrêter le convoi à temps. Le train renverse le butoire, traverse la salle des pas perdu, perfore la façade et tombe en contrebas, sur l'actuelle place Fulgence Bienvenüe. Par chance, le conducteur du fourgon de queue a pu, lui, actionner le frein, ce qui a permis d'arrêter le train alors que seule la locomotive était tombée.
L'accident, qui a donné lieu à des photos célèbres, n'a fait qu'une victime, une marchande de journaux ou un passant suivant les sources. Mais aujourd'hui, la façade de la gare Montparnasse était en parfait état :
Les perfides me feront deux remarques :
- D'abord, que cette façade n'est pas la même que celle de 1895 puisqe la gare a reculé de 2 ou 300m sous la pressions du Gaullisme immobilier - elle se trouvait à l'emplacement de l'immonde centre commercial qui se trouve, lui, à proximité immédiate des lignes de métro. Une gare part de Paris en direction de l'ouest en 1852 ; elle se déplace de 200m par siècle. Quand arrivera-t-elle à Chartres ? Il est en tout cas certain qu'une locomotive qui atteindrait le point d'impact d'octobre 1895 battrait tous les records de vol plané ferroviaire.
- Ensuite, que cette photo ne date pas d'aujourd'hui : la façade est maintenant affublée de l'immonde logo rougeâtre dont vient de se doter la compagnie - et dont la courbe descendante est sans doute représentative de la foi qu'elle a dans son propre avenir. La photo date en effet du 24 juillet 2004. Observateurs, ces petits.
Tout ça pour dire que cette gare se charge d'une nouvelle couche sémantique : après avoir été la gare des vacances de la Toussaint à Paris (remplaçant dans ce rôle la gare Saint-Lazare avant d'être elle-même remplacée par Austerlitz, mes parents ayant eu parfois la bougeotte), puis celle des études à Paris (qui ont opportunément débutées en même temps que la desserte à grande vitesse d'Angoulême), puis celles du stage à Versailles, puis celles des pauses en Bretagne lorsque lesdites études étaient un peu en panne, puis celles des travaux en archive à Angoulême ou Rochefort et, pendant ces mêmes années, celle des week-end chez mes parents, elle devient celle du boulot de la Madame, qui se rendait aujourd'hui à sa première réunion au Mans.
Voilà, c'était notre émission spéciale "Montparnasse et moi", merci de nous avoir suivis. Sacré gare, j'y ai même passé une nuit, alors qu'elle était en plein travaux, retour du Mali et en attente du premier Paris-Brest.
Le Plume vous salue bien.
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