Voilà : cette journée se termine et il semble bien que j'y aie survécu. C'était pas gagné : j'avais, d'une part, un chapitre à présenter à ma directrice ; d'autre part, une présentation à faire de mon travail devant mes petits camarades. Couché à quatre heures, finir ce matin de ne pas terminer le chapitre tout en le rendant présentable en commentant les lacunes, me rendre présentable moi-même, et direction l'université, où j'ai rendu ledit chapitre. J'écris bien, paraît-il, et serait plutôt bien parti - c'est déjà ça, il ne me reste plus qu'à arriver.
Me restait alors trois heures pour préparer mon exposé, à grand renfort de pain d'épice acheté au supermarché du coin - une petite présentation PowerPoint, quelques pages de notes peu lisibles pour tout autre que moi, et même pour moi d'ailleurs, et c'est parti...
Ça c'est assez bien passé je crois ; la preuve, j'ai été beaucoup plus long que prévu et pourtant on ne m'a pas lancé de tomates.
Maintenant, je suis en aval des difficultés, je peux me laisser glisser un petit peu.
La Touvre en aval de la fonderie de Ruelle, 20 février 2004.
Un truc curieux : la plupart des questions qu'on m'a posées venaient de problèmes de vocabulaire. C'est effectivement une des difficultés de l'histoire des techniques, où l'on jongle entre le vocabulaire des sources et le nôtre avec plus ou moins de bonheur. L'usine que j'étudie est désignée jusqu'en 1785 environ sous le nom de « forge de Ruelle, » alors même que l'on n'y a jamais rien forgé, au sens classique d'affiner ou de mettre en forme du métal en le frappant à chaud. On n'y a d'ailleurs jamais produit de fer forgé, mais seulement de la fonte... Seulement voilà, à l'époque, on appelle forge tout établissement industriel, grand ou petit, où l'on travaille le fer, même si on ne l'y forge pas.
Vers 1780, d'ailleurs, des textes commencent à faire remarquer que le terme de forge est impropre. Quelques années plus tard, le terme de fonderie, auparavant réservé au traitement des métaux non ferreux (plomb, cuivre) s'impose rapidement. Il était toujours en usage dans les années 1980, alors même que le produit vedette de l'usine était le missile Exocet, qui ne contient guère de fonte... Le langage va à son propre rythme, au gré du jeu subtil des sons et des sens - à quoi bon le brusquer ?
Ma vision de l'écran commence à se troubler salement ; il est temps que je vous laisse. Sans compter que Madame Plume, qui avait une journée du même tabac aujourd'hui pour cause de colloque, remet ça demain, elle.
Le Plume vous salue bien.
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