Depuis le temps que je vous casse les pieds avec les hauts fourneaux du XVIIIème siècle, je vais enfin pouvoir vous en montrer un, remarquablement bien conservé contrairement aux « vieilles forges » d'Argoat dont on parlait hier : Forgeneuve-en-Périgord, commune de Javerlhac, département de la Dordogne, pas très loin de Nontron. Je n'avais jamais été jusque là : j'avais remonté le Bandiat au delà de la limite du département de la Charente jusqu'au site des forges de la Chapelle Saint-Robert, assez décevant du point de vue de la conservation et j'avais rebroussé chemin. Comme aujourd'hui, au volant de la Toyota paternelle, j'ai brillament loupé le tournant pour la Chapelle, j'ai fait les quelques kilomètres manquant jusqu'à Forgeneuve, et pour le coup je n'ai pas été déçu :
Anciens hauts fourneaux de Forgeneuve, commune de Javerlhac, Dordogne, cet après-midi vers 17h.
Bon, évidemment, si vous vous attendez à un monstre d'acier de 70m de haut, genre les complexes sidérugiques de Lorraine dans les années 60 ou de Gravelines aujourd'hui, c'est un peu décevant : un espèce de donjon rectangulaire de 6 ou 7 mètres de haut entouré de granges en tuile romaine, c'est sympa, mais bon...
Explication : le bâtiment rectangulaire, c'est le massif des hauts fourneaux. Il contenait à l'orgine deux fourneaux, c'est à dire des trous verticaux en forme, eh bien, de hauts fourneaux. Je sais qu'il y en avait deux parce que j'ai lu mes sources, et parce qu'un haut fourneau simmple serait carré plutôt que rectangulaire. La roue qui a été conservée servait à actionner les soufflets, à l'aide d'un arbre à came ; les deux appentis en amont et en aval des fourneaux abritaient chacun une paire de soufflets. Une seule des deux roues a été conservée (ou refaite) ; en toute rigueur, cette taille de roue devait plutôt se trouver à l'origine dans la soufflerie amont, celle d'aval étant plus petite. Mais bon, en toute probabilité, le bâtiment a dû être réutilisé pour d'autres usages au XIXème siècle, ce qui expliquerait cette modification.
Le haut du massif des hauts fourneaux forme une sorte de terrasse. Sur cette terrasse s'ouvrent les gueulards des hauts fourneaux, dans lesquels les ouvriers dénommés chargeurs et arqueurs balançaient alternativement minerai de fer et charbon de bois au fur et à mesure que les charges précédentes étaient consommées. Quand on a empuanti ses tee-shirts à retourner des merguez qui crâment au dessus d'un tas de charbon de 5 cm d'épaisseur, on imagine sans peine l'agrément d'un travail de force au débouché d'une colonne de charbon de la hauteur du bâtiment en pleine combustion... D'accord, on travaillait surtout en hiver, mais tout de même !
Allusion fine à la production de l'endroit : les gargouilles évacuant les eaux pluviales de la plateforme sont en forme de têtes de canons.
Le Plume vous salue bien.
5 commentaires:
Très zôôli!
oh une roue!
Merci de tes explications. Non, parce que moi, en passant devant ce bâtiment, forcément, je me serais exclamé "oooh, un moulin à eau...". mais c'est bien connu qu'il faut se méfier des apparences, hein...:p
m'dame: parfaitement. Et comme je suis poli j'ai demandé aux couple britannique qui en sortait à bicyclette si je pouvasi photographier. La moitié au moins des photos est donc prise avec l'assentiment des occupants... ;-)
civetta: voui, mais où est la deuxième roue, pour l'autre haut fourneau? En plus cette roue est une roue aval, elle devrait donc être plus petite que ça. Et puis il en faudrait bien une troisième pour la décapiterie, tiens.
sel: d'un autre côté, au fond, ça mouline et c'est à eau...
bonjour
je retrouve avec émotion la propriété de mes grands parents les maudet: Forgeneuve.
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