24 juillet 2005

km1603 : Castelleone (province de Cremona).

Après l'arrêt à Crémone, satisfaisant à tout points de vue - esthétique, culturel, gastronomique même, nous reprenons la route pour une petite étape, en direction de l'objectif que nous avions fixé à notre itinérance, à savoir la vénérable cité de Bergame. À quoi bon s'infliger de longues journées de voiture alors que tout ici « mérite un détour, » suivant la terminologie hors d'âge des guides Michelin - sans compter tout ce qui « vaut le voyage, » bien sûr.

J'avais vaguement envisagé une pause à Crema, le nom me faisant sans doute espérer un petit Crémone. Trop près déjà de Milan pour n'avoir pas un petit air de grande banlieue ; le jumelage avec Melun ne trompe pas - de rond-points en centres commerciaux, nous avons passé notre chemin.

Quelques kilomètres plutôt, nous nous étions par contre arrêtés à une sorte d'abbatiale au dimensions respectable qui se détachait à l'improviste de l'immensité de la pianura padana.


La basilique Santa Vergine della Misericordia, Castelleone, 10 juillet 2005 vers 17h.

C'est la basilique Santa Vergine della Misericordia, à Castelleone, lieu qui m'était connu comme celui d'une victoire des troupes de Crémone contre celle de Milan au quinzième siècle - la chose était mentionnée sur l'étiquette descriptive d'un gigantesque crucifix en argent vu le matin même à la cathédrale de Crémone. Mais il ne s'agit pas de cela : ce lieu est celui d'une des innombrables apparitions supposées de la Vierge dont s'honnore l'Italie. Du coup, c'est un lieu de christianisme populaire, avec aux mur de grands panneaux rassemblant des plaquettes ex voto qui dépeignent accidents et détresses de la vie quotidienne, du XVIIe au XXIe siècles.

L'une d'elle, représentant une noyade (qu'on ne peut que supposer évitée) dans le bief aval d'un moulin, donne lieu à une observation d'histoire des techniques : les moulins de la régions devaient être à deux roues à ailettes solidaires d'un seul axe - c'est d'ailleurs ce qu'on observe en arrière-plan d'un tableau Rennaissance vu à la pinacothèque de Crémone ; en plus, c'est compatible avec l'axe de moulin en fer de la fin du XIXe siècle exposé à Grazzano-Visconti. Autre constatation, tirée, elle, des ex voto les plus récents : les particularité de la conduite automobile locale ne contribuent pas peu à donner de l'ouvrage à Dieux et à ses saints - on s'en serait un peu douté, à vrai dire.

Dehors, un curé en soutane lit son journal à l'ombre du petit cloître ; des gens de tous âges, en voiture ou à bicyclette, s'arrêtent, quelques minutes ou quelques heures. L'eau s'écoule dans le petit canal d'irrigation qui longe le parking. Dans le ciel, le voile s'épaissit et des nuages d'orage s'accumulent vers le nord. Nous reprenons la route.

Le Plume vous salue bien.

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