31 juillet 2005

km1886 : Andermatt, canton d'Uri, Suisse.

Les historiens de l'empire romain finissant l'ont fait remarquer : si les grandes invasions du Ve siècle on fait reculer les frontière de la romanité, ce phénomène fut somme toute géographiquement modeste. Ainsi, la frontière qui courrait du Rhin au Danube fut-elle repoussée à la crète des Vosges d'une part et aux cols alpins d'autre part, où elles se sont stabilisées.

La vraie frontière, ce n'est donc pas celle que nous avons franchi en longeant un lac paisible le long d'une route fleurie, malgré la présence de quelques douaniers regardants distraitement i documenti. On la franchit plus loin, à plus de deux mille mètres d'altitude, au col du Saint-Gothard ; avant, c'est Biasca, Madrano et Airolo ; après, Hospental et Andermatt. Les moutons font place aux vaches, les maisons de pierre aux châlets de bois - et, en quelques kilomètres, la langue italienne est remplacée par un dialecte allemand. Seul souvenir de la romanité : le nom de la vallée (qui est un district autonome du canton d'Uri avec comme chef-lieu Andermatt) : Ursern - la vallée des ours.


le Talmuseum Ursern à Andermatt, canton d'Uri, 13 juillet 2005.

Souvenir des guerres napoléonienne : un écriteau annonce que cette maison fut, le 25 septembre 1799, le quartier général du maréchal russe Suworow. Ne me demandez pas qui était ce monsieur, je vous ai dit tout ce que je sais sur son compte.

En face, l'hôtel Zur Sonne proclame qu'« ici on parle français », ce qui n'est pas entièrement faux ; la petite Gasthaus d'à côté ne proclame par contre rien de tel. Et de fait, lorsque nous y entrons et que la serveuse s'adresse à nous, probablement pour savoir si nous souhaitions dîner ou seulement boire un verre, nous la regardons avec un air hagard... J'ai dit en effet qu'on parlait dans cette région un dialecte allemand ; il se trouve hélas que ce dialecte ne ressemble, ni dans son phrasé, ni dans ses sonorité, ni dans quoi que ce soit de décelable à l'oreille, à la langue que parlaient Rolf et Gisela dans mes manuels du collège. Mais comme toujours dans ces cas là, entre gens de bonne volonté, on finit par se comprendre, ce qui nous permet de commander nos fondues aux morilles ou au speck et aux noix : nous avons laissé pâtes et polenta en franchissant le Saint-Gothard. Et, pour finir, un Strudel au pomme à tomber par terre - et à ne pas pouvoir se relever.

Le lendemain, après promenade et emplettes dans les rues de cette suississime petite ville - où je finis par comprendre que le cordial « tschön! » que j'entendais depuis la veille était une abréviation de Danke schön ou Bitte schön, suivant le cas - nous reprenons la route, direction le lac des Quatres Cantons, Lucerne, Bâle, pour finir chez nous.

Le Plume vous salue bien.

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