12 septembre 2006

In the Shadow of No Towers

Le titre de l'album d'Art Spiegelman consacré au 11 Septembre est éloquent - même si le contenu du livre est décevant, à mon avis, mais peu importe. Je voudrais développer un peu mon entrée d'hier à ce sujet.


New York sans les tours, septembre 2004.

Je me souviens du 25 juillet 1995. Je rentrais du boulot plus tôt que d'habitude, dans une vieille rame inox du RER C surchauffée par le soleil. Le train s'arrête en pleine voie ; après un temps certain, passage d'un jeune contrôleur suant à grosses gouttes, l'air un peu perdu : « Je ne sais pas, il paraît qu'il y a eu une bombe.. Il y a des morts... Je ne sais pas... » Le pays avait été traumatisé, à juste titre : on pouvait mourir de rentrer du boulot, comme ça, par un bel après-midi d'été.

Je me souviens du 11 septembre 2001. Il faisait beau, là aussi ; j'étais à mon bureau, en face du jardin des plantes, de retour d'un déjeuner tardif. C'est par un chat IRC que j'ai appris la nouvelle. Une bonne partie des participants la trouvaient très drôle, la nouvelle - les participants qui se réjouissaient ainsi, ce n'était pas des extrémistes, c'étaient des employés, des chercheurs, de bons Français « de gôche »... J'ai compris ce jour-là que l'anti-américanisme, en France, ce n'était pas seulement des propos en l'air, ou une résistance politique à une domination ressentie comme abusive, mais une vraie haine, celle qui fait se réjouir que d'autres puissent mourir pour être arrivé à l'heure à leur bureau, par un beau matin d'été.

Voilà pourquoi, quel que soit mon aversion pour la politique extérieure du gouvernement américain actuel (et qui, soit dit en passant, est en elle-même la plus belle victoire des terroristes), je supporte mal qu'on traite à la légère les événements du 11 Septembre.

Et maintenant, parlons d'autre chose.

Le Plume vous salue bien.

9 commentaires:

Anonyme a dit…

Hear, hear.

Anonyme a dit…

qui pouvait se réjouir d'une telle horreur?
mais "antiaméricanisme" ne veut pas toujours dire "anti américains" en tant que personnes, mais contre la force politique sans scrupule de leur gouvernement
et de plus en plus nombreux sont les américains qui font aussi de l'antiaméricanisme, et qui disent: ça se fera sans notre aval!

Anonyme a dit…

Merci de l'avoir fait, cette note...
Oh, je suis assez d'accord avec toi..même si moi, je n'ai pas eu l'occasion de croiser de tels énergumènes ce jour là. ou alors, je ne m'en souviens pas. Je crois que même mon très cynique prof d'histoire moderne avait été à peu près sérieux sur ce sujet.
Non, mais par contre, je suis toujours chagrinée par "l'utilisation" de ces morts, par le "devoir de mémoire" aussi, tout ça. Oh, bien sûr, vu la nature politique de tout cela, c'était inévitable. Mais j'aime pas quand même (groumph).
Construire des tours encore plus hautes à la place..Enfin bon, mais là, je crois que je sors du sujet:)
(et merci, tarmine, pour la précision de vocabulaire:))

Anonyme a dit…

J'ai une pensée pour toutes ces victimes innocentes mais je hais cependant l'utilisation qui est faite de la souffrance

Anonyme a dit…

ah nos amis les anti-americains qui sont persuades de faire preuve d'une grande independance intellectuelle en pensant comme tout le monde.
Je vous ai raconte la fois ou ce mec proposait de se deguiser en Twin Tower et d'habiller son pote en avion afin de se rentrer dedans au cours d'une joyeuse fete d'halloween? Ca n'avait pas fait beaucoup rire l'amie americaine qui se trouvait dans l'assistance quand notre comique avait fait sa blague.
bon ben maintenant c'est fait, j'ai raconte.
Au niveau de l'"utilisation des morts", je sais pas. On se serait pris un avion dans la gueule et on aurait les moyens financiers et politiques des Etats-unis, on serait bien partis en croisade aussi je pense.

Anonyme a dit…

merylB :l'histoire du 11 septembre est trop trouble , et trop pretexte à multiples actions impérialistes et répressives du gouvernement des usa pour être honnéte
et la douleur des familles n'y est pour rien...

Le Plume a dit…

Il n'y a rien de trouble là dedans, sinon dans l'imagination de quelques illuminés qui rencontrent un echo surprenant en France - pratiquement aucun aux Etats-Unis, d'ailleurs, malgré l'extrême virulence du débat qu a lieu là-bas sur les conséquences du 11 Septembre.

(meryllB: exactement, d'où mon parallèle avec les attentats de 1995. D'ailleurs, personne, que je sache, n'a accusé la DST d'avoir posé les bombes elles-même...)

Anonyme a dit…

moi aussi je me souviens: le 25 juillet 1995, j'ai pris le RER B dans le meme sens, le matin...A Toulouse, on peut aussi se faire jeter du Pont-Neuf,en plein jour, un superbe mardi matin de septembre quand on est etudiant en socio... Quand je pense que mardi matin, justement, je passais là quand j'ai aperçu un jeune homme allongé de tout son long sur le parapet et j'ai pensé" "il est fou, si un taré passe et le pousse..." . J'aurais peut etre du dire qque chose au lieu de penser que je pensais des aneries.

Anonyme a dit…

ps: en meme temps, c'etait pas lui, je viens de lire l'article. Enfin bref, tout ça pour dire qu'on n'arrivera jamais a comprendre pourquoi pousser qqu'un dans le vide, c'est plus interessant pour certains que de bouquiner ou de faire du patin à roulettes.