04 mai 2009

Orgues

Voilà quelques temps que je voulais écrire une entrée sur l'orgue. L'orgue, ou comment un homme seul peut faire les sons les plus puissants et les plus divers, du bout de ses doigts (et de ses pieds)...

C'est une émission ce soir sur France Musique, avec Jean Guillou, organiste titulaire de l'église Saint-Eustache, à Paris, qui m'en donne l'occasion. Il parle de la complexité de l'instrument, de sa taille, mais aussi de son toucher, de ses odeurs, des recoins de ses mécanismes... Il a écrit un livre là dessus, il faudrait que je lise ça.


L'orgue Cavaillé-Coll de Saint-Sulpice, Paris, mars 2009.

Pour l'historien des techniques que je suis, il y a quelque chose de frappant : si l'orgue en lui-même remonte à l'antiquité, le développement à grande échelle des orgues d'église en Europe a lieu à une époque particulière : l'époque où, du bas Moyen-Âge à la Renaissance, l'ingéniosité humaine devient, plus qu'une nécessité, un objet d'admiration ; où les machines deviennent, par leur conception, l'illustration exemplaire de cette ingéniosité, cependant qu'elles se proposent de démultiplier l'action de l'homme sur son environnement. Et qu'est-ce qu'un orgue, sinon une prodigieuse machine à jouer de la musique ? (À l'instant sur les ondes, Guillou s'inquiète de la dégradation rapide des mécanismes de transmission de son orgue de Saint-Eustache, reconstruit dans les années soixante.)

Évidemment, à notre époque de sampling et de tout numérique, la merveilleuse complexité mécanique et pneumatique de l'orgue impressionne moins. On peut au moins se laisser bercer par la nomenclature des jeux : flûtes, tubas, violons, voix célestes, bombardes, cromornes, cornets...

Le Plume vous salue bien.

P.S. : Guillou est en train d'expliquer sa méfiance quant à la recherche du gigantisme des orgues, déjà à l'œuvre chez Cavaillé-Coll et consort au XIXe siècle. À une époque où un unique musicien peut faire autant de bruit qu'il veut avec un synthé et de gros amplis, l'avenir de l'orgue n'est clairement pas dans la capacité à faire le plus de barouf possible - mais plutôt, et c'est ce qu'il défend, dans la surprise permanente de la variété des timbres et de leurs combinaisons.

Olivier Messiaen, Livre d'orgue, 4 : chants d'oiseau.

1 commentaire:

Madame Plume a dit…

Délices, amours et orgues... :-)