Puisqu'on en est à parler de la Seine - et que je n'ai pas fait la moindre photo aujourd'hui, bien que j'aie emporté le YashicaMat pour ma sortie du jour (jusqu'au bistrot du coin) - une photo prise le week-end dernier, de la passerelle qui relie la bibliothèque nationale et le parc de Bercy (passerelle que j'empruntais d'ailleurs pour la première fois, et seulement pour la reprendre en sens inverse juste après).
Dock flottant au pont de Tolbiac, samedi 17 novembre 2007.
Scène portuaire : rive gauche, le bateau-phare, que l'outrage des ans et l'avènement des balises géantes a condamné au rôle de night-club. Rive droite, près de la passerelle, le petit trois-mâts goélette La Boudeuse, qui par son nom essaye d'être confondue avec la frégate qui conduisit Louis-Antoine de Bougainville autour du monde, avec ou sans supplément. Un peu plus bas, un croiseur fluvial baptisé Acte III, perché sur un dock flottant. Simple carénage ou avarie plus sérieuse ? Va savoir.
Paris, Port-de-Mer, dans un décor de bled industriel, un cimetière de machines, des gazomètres défoncés, des pyramides dégringolantes de tonneaux de goudron éventrés, des vannes flottantes, des pistes de cendré, une étendue de tessons de bouteilles, des monticules de bidons déchiquetés, des remblais criblés de ressorts à matelas et autres débris sans nom de la civilisation, et jusqu'à une énigmatique machine à coudre échouée sur une digue et à une voiturette d'enfant abandonnée, se mettant à rouler d'elle même au bas d'un talus pour culbuter dans un trou à rat, et l'on se demande comment ces objets usuels sont là et pourquoi, dans cette solitude, devant cet horizon de cheminées d'usines en herse qui les encercle, les fumées empuantissent l'atmosphère. Paris, Port-de-Mer !
C'est Cendrars qui parle, juste après la guerre : « Paris, Port-de-Mer », sous-titré La plus belle bibliothèque du monde - il s'agit des bouquinistes à une époque où ils n'étaient pas encore, ou pas que, des pièges à touristes. On trouve ça dans Bourlinguer, encore un livre qu'il faut que je relise. Soixante ans plus tard, le quai de Bercy est plus coquet - mais pas tellement plus vivant. Les clochards des halles ne viennent plus s'y baigner ; on visite La Boudeuse parce qu'à l'instar de son ainée elle a fait un tour du monde très médiatisé ; les médias ne sont plus tout à fait les mêmes cependant. Mais en fronçant un peu les sourcils en un samedi de novembre, on y croirait, à ce port.
Le Plume vous salue bien.
4 commentaires:
Tiens, un coin qui me dis quelque chose. j'aime bien la passerelle, et j'aime bien le pont qui est là en photo.
C'est vrai qu'il n'y a pas grand monde sur les quais de Bercy, mais dans le parc du même nom, quand il fait doux en tous cas, si !
ha oui!! je suis passée là dans ma seconde vie, c'est marrant de revoir Paris en image!
ce qu'elle est petite la Seine à Paris... alors elle prend la lumière oui, mais que peut-elle obtenir de plus enfermée ainsi ?
gare aux effets d'optiques, la photo est prise au téléobjectif... Seule une petite moitié du pont de Tolbiac apparaît sur cette image.
mais c'est sûr, ce n'est pas l'Amazone!
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