28 novembre 2007

Antoine Laurent de Lavoisier

Dernier des trois bâtiments qui nous pendent au nez (si l'on excepte le bâtiment Berlier qui ne compte pas vraiment, ce sont juste des mètres carrés en location) : le bâtiment Lavoisier, consacré comme on pourrait s'y attendre à la chimie.

Répondant au nom de code M5B1, il se trouve sur une parcelle un peu plus éloignée, tout au bord du boulevard Masséna. Va falloir éviter les fuites lors des expériences de chimie amusante, sinon ça va coincer sur les boulevards des Maréchaux... Peut-être la raison pour laquelle il a tant de cheminées :


Le bâtiment Lavoisier vu des toits du bâtiment Buffon. Les arceaux du premier plan font partie de la toiture de l'immeuble Biopark.

Ce bâtiment, je vous l'avais montré sous un tout autre point de vue il y a quelque temps. Pas encore visitable, mais il est plutôt prometteur. Évidemment, dans un premier temps, il va être un peu au milieu des terrains vagues - je suppose qu'ils évacuerons la carcasse de Renault 5 qui rouille juste en face avant l'ouverture.

Quant à Lavoisier, on ne le présente plus. Il n'est bien sûr pas le fondateur de la chimie moderne, dans la mesure où son œuvre forme un tout avec celle de ses contemporains, l'anglais Priestley, les français Berthollet et Guyton de Morveau par exemple. Ce qui le distingue sans doute, c'est peut-être son attention toute particulière à la nomenclature - c'est fondamental, puisque c'est ce qui définit le système de pensée de la chimie moderne.

Ce qui fait ça célébrité, c'est quand même aussi et peut-être surtout de s'être fait couper le cou. Véritable miracle pour la propagande contre-révolutionnaire du siècle suivant... Rappelons tout de même que ce n'est pas parce qu'il était chimiste qu'il a été guillotiné (même en ces temps troublés, ce n'était pas considéré comme un motif suffisant) mais en tant que fermier général.

Un fermier général, ce n'était pas un cultivateur, c'était un financier qui avançait à l'État l'argent des impôts indirects et qui ensuite se remboursait en les percevant pour son compte - avec un supplément pour sa pomme, de préférence. Un peu comme si un banquier postait des sbires armés de battes de base-ball à la sortie de Carrefour pour vous faire payer la TVA, sous prétexte qu'il a prêté de l'argent au gouvernement... Il faut dire que l'ensemble des circuits financier de la monarchie absolue fonctionnait comme ça, sans que l'on puisse jamais distinguer réellement les fonds publics des fonds privés. La Révolution a mis en place le système des finances publiques tel que nous le connaissons actuellement (un trésor public, la séparation des ordonnateurs et des comptables, etc.) - mais du coup le système de la ferme générale apparaissait comme du vol pur et simple. Et les fermiers généraux ont été collectivement zigouillés, à titre rétrospectif en quelque sorte, ce qui est difficilement défendable.

Reste que ce n'est pas parce que « la république n'a pas besoin de savants » que Lavoisier a été décapité ; au contraire, cette période a vu une mobilisation sans précédente des savants pour la défense nationales. Les chimistes au premier plan : Berthollet, Fourcroy, Guyton... Un Lavoisier en plus là-dedans n'aurait pas fait de mal - après tout, il était expert en explosifs et avait même échappé de peu à une explosion à la poudrerie de Corbeil, quelques années auparavant. L'exécution de Lavoisier n'est pas, comme on l'a dit, l'expression d'une haine révolutionnaire de la science - c'est par contre un acte d'une stupidité sans borne.

Le Plume vous salue bien.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

J'avoue : je ne savais pas situer l'époque de Lavoisier:$ Voilà qui ets fait, et qui ne me fait pas de mal !