À la jonction de deux années... Le millésime nouveau, l'imaginions nous seulement à l'époque de la tuerie d'Auriol, des grèves de la sidérurgie mosellane (titre de Libération : « Marchais prend la Lorraine en marche ») ou des faux époux Thurenge ?
Jonction de la nouvelle passerelle-rue avec la chaussée de la ZAC rive gauche, Paris 13e, cet après-midi.
Collégien des années 1980, j'étais persuadé que la guerre nucléaire était imminente et que nous ne verrions jamais l'an 2000. Du coup, maintenant, c'est tout du bonus.
Commence demain la période des vœux superficiels, des galettes à la frangipane et des ratures sur les chèques à l'endroit où on marque la date. On se retrouve l'an prochain !
Il n'y a pas eu d'entrée sur ce weblog hier soir parce que je me suis dissipé : au lieu de blogguer, j'écoutais les variations Goldberg de Bach, jouées au clavecin par Gustav Leonhardt.
Voilà ce qui s'est passé : comme je partais déjeuner tout seul hier, je me suis acheté au passage un magazine pour passer le temps, la nourriture Sodexho, quoi que correcte, ne méritant pas une attention sans partage. C'est Classica qui m'a attiré l'œil, avec son dossier spécial Bach. Il était vendu avec des CD : c'est souvent le cas de ces magazines musicaux et, bien souvent, les disques qu'on acquiert ainsi ne méritent pas qu'on s'y arrêtent (bien souvent des enregistrements « historiques » quasi inaudibles mais tombés dans le domaine public) - là, coup de pot, ce n'est pas du tout le cas : trois disques d'œuvres de Bach interprétés ou dirigés part un des grands noms de la révolution baroque des années 60 et 70, Gustav Leonhardt donc - nous étions allé l'écouter jouer à l'orgue de Saint-Louis-en l'Ile il y a quelques mois. Les trois disques en question : les concertos brandebourgeois dans une version un petit peu décevante, des extraits de la passion selon Saint Mathieu et ces variations Goldberg lumineuses.
Désolé : je n'avais pas d'autre instrument à clavier sous la main, pour illustrer, alors j'ai emprunté le piano du petit...
Les variations Goldberg ont un certain nombre de particularités : d'abord, elles n'ont sans doute pas de raison de s'appeler comme ça - c'est le nom d'un élève de Bach, certes très doué, mais les partitions anciennes qu'on en connait n'ont pas de dédicataire, et l'élève en question était encore débutant lorsque ça a été écrit. Ensuite, elles ont été rendues célèbre par une interprétation sur un instrument autre que celui pour lequel elles avaient été écrites : le piano de Glenn Gould, dont l'enregistrement des années 1950 a fait exploser les records de vente. Ceci dit, il est vrai qu'il n'y a aucune raison de confiner les pièces de Bach écrites pour « clavier » au seul clavecin : ça peut être de l'orgue, ça peut être du piano - somme toute c'est l'instrument à clavier auquel nos oreilles sont les plus habituées.
Formellement, enfin, ça ne ressemble ni aux sonates à variations de la génération suivante, ni aux thèmes et variations des romantiques. En taille, pour commencer : trente variations, plus l'air de base au début et à la fin ; entre 40 minutes et une heure de musique suivant le tempo choisi. Et puis, plus que la composition d'un édifice musical à partir du matériau de départ, il s'agit d'une exploration quasi-systématique de la manière de traiter le thème, en le démultipliant en canon notamment. Le tout formant une sorte de grande boucle qui revient à son point de départ.
À se prendre au jeu, on peut passer beaucoup, beaucoup de temps à écouter cascader toutes ces notes !
Me voilà majeur et vacciné, ah, mais. De justesse, vu les heures d'ouverture des centres de vaccination pendant les vacances, mais voilà qui est fait : la deuxième injection du p'tit Plume et l'injection unique du grand (la Madame, c'était déjà fait). Ni le petit, ni le grand n'ont poussé de hauts cris sous la seringue ; le petit a juste un peu râlé quand c'était fini, sans doute parce qu'il s'est rendu compte qu'il avait oublié de pleurer au moment opportun. Il faut dire que son infirmière était une petite blonde, et le p'tit Plume aime bien les petites blondes (le grand Plume, lui, était piqué par un baraqué dont la couleur de cheveux importe peu).
Au fait, pourquoi se faire vacciner ? D'abord, parce qu'une maladie qui est bénigne dans 95% des cas et très, très grave dans les 5% des cas - si on peut l'éviter, c'est pas plus mal ; ensuite parce que je suis régulièrement très en colère contre les gens qui prétendent refuser les vaccins par principe (et donc profitent, en termes épidémiologiques, des vaccins des autres sans en prendre eux-même le risque) et que par conséquent je ne vais pas commencer à faire pareil. Je note d'ailleurs que l'ambiance du centre de vaccination était tout à fait sympa - il faut dire qu'il n'y avait pas par trop de monde, sinon ça peut vite cesser complètement d'être sympa, je pense.
Ça n'empêche pas que cette campagne est assez bizarrement conçue ; en fait, son problème, c'est que ce plan de vaccination a été conçu pour des épidémies beaucoup plus graves (genre, SARS qui serait devenu contagieux entre humains), où potentiellement tous les généralistes auraient été réquisitionnés par les hôpitaux, etc. Et comme on s'était fatigué à élaborer ces plans, on les a appliqués, mais avec des moyens réduits. Bon : si ça peut limiter le nombre de cas graves, c'est tant mieux.
Sinon, je continue à jouer avec mon cadeau de noël ; et oui, les objectifs manuels des années 70 marchent parfaitement avec les boîtiers numériques Pentax.
La porte Saint-Denis vue du boulevard de Bonne-Nouvelle, prise avec mon objectif Pentax-M 200mm.
Évidemment avec ces objectifs on ne peut pas utiliser les modes tout automatiques (il y a même un mode spécial « animal préféré », mais je crois que ça n'est pas fait pour les animaux en peluche) ; à la place, on a un mode manuel un peu assisté : on choisit son diaphragme, on appuie sur un bouton et ça calcule la vitesse qui va bien en fonction de l'exposition. Sauf que pour les tout petits diaphragmes il a tendance à sous-exposer ; suffit de le savoir et de compenser. Il faut aussi faire gaffe à la balance des blancs, assez différentes avec les anciens objectifs et les nouveaux. pas les mêmes traitements des lentilles, je suppose. Mais le jeu en vaut bien la chandelle, sauf à pouvoir s'offrir les optiques à focale fixe haut de gamme, cher cher cher plus TVA.
Rien à voir : avez-vous déjà essayé d'extraire une mèche de faux cheveux entortillée autour d'un axe de roue de poussette ? Si vous n'habitez pas à proximité du métro Château d'eau, la probabilité de l'incident est faible, il faut bien le dire. Eh bien, ça nécessite de l'énergie, une pince à bec fin, un bon couteau et pas mal de temps. Been there, done that.
Réflexion de lendemain de noël : la peste doit des fabricants de jouets qui font des machins électroniques qui hurlent, et sur lesquels il n'y a pas moyen de baisser leur son. Je leur souhaite de passer l'éternité dans une petite pièce avec leur production qui hurle à tue-tête.
Opération à cœur ouvert sur ma table de travail hier après-midi.
J'avais ouvert la bestiole (un Thomas the Tank Engine télécommandé) à la recherche d'une résistance variable cachée dans un coin qui aurait pu permettre de baisser le volume, mais il n'y a pas. J'envisageais d'en ajouter un, mais auparavant j'ai testé la suggestion de la Madame (un bon coup de gaffer's tape à la sortie du haut-parleur afin qu'il parle moins haut) et ça calme le jeu en effet. Du coup, je ne vais pas m'embêter à aller acheter un potentiomètre.
Sinon, le rhume qu'avait le petit à Angoulême, je l'ai récupéré. Il a pas dû s'amuser, le petit bouchon : j'ai l'impression d'avoir une troupe de buffles qui cavale sous mon crâne.
Le Plume vous salue bien.
Boîtier Pentax K-M, objectif SMC Pentax-DA L 18-55mm f:3.5-5.6 AL
Musique obligatoire : générique de Thomas the Tank Engine and his Friends. C'est le générique de la version anglaise ; c'est clairement à celle là qu'on a droit !
L'an dernier le p'tit Plume était un peu trop petit pour que noël lui dise quelque chose ; cette année, du haut de ces dix-sept mois et de ses deux jambes, c'est une autre histoire. Les cadeaux, les gâteaux, complète surexcitation et pleurs de fin de journée : un chouette noël, quoi.
Le sapin et les guirlandes, si, si !
Les grands n'ont pas été oubliés non plus. Votre humble serviteur s'est fait offrir ce qu'il avait commandé : un boîtier réflex numérique Pentax. Le modèle de base parce que ça me suffit largement, et Pentax parce que ça me permet d'utiliser toute ma gamme d'objectifs, pas négligeable à force. Premier contact tout à fait satisfaisant, même s'il y a encore beaucoup de choses à explorer.
Le soleil a pointé le bout de son nez entre les nuages, juste avant de se coucher : lumière d'or sur les toits de Paris.
Le Plume vous salue bien.
Boîtier numérique Pentax K-M, zoom Pentax-DA L 18-55mm f:3.5-5.6.
Nous avons eu notre cadeau de noël en avance cette année. Le p'tit Plume jouait dans sa chambre ce matin, jusqu'à ce qu'on entende un petit tip tip tip tip dans le couloir : pour la première fois, Monsieur traversait l'appartement, bien droit sur ses deux jambes. Genre, j'ai pris mon temps, mais maintenant je maîtrise.
Pour les autres cadeaux, j'espère que le traineau du père Noël est bien bâché : il pleut copieusement à Paris Ile-de-France. Mais sans doute a-t-il adopté un mode de transport plus moderne :
Un airbus A300-600TS Béluga à atterrissage à Nantes, décembre 2009.
À propos, je n'ai toujours pas compris en quoi il était raisonnable de construire des avions aux quatre coins de l'Europe et de déplacer leur morceaux à grands frais pour les assembler. Mais ça permet de photographier des avions rigolos.
Dans les jours qui viennent, je reviendrai sur l'échec prévisible (et prévu) du sommet de Copenhague ; je dirai quelques mots de la réforme de la couverture sociale aux États-Unis ; je prendrai sans doute des photos rigolotes avec mon cadeau de noël ; et dans une semaine, comme tout le monde, je ferai un récapitulatif de l'année 2009 sur ces pages, chiffres à l'appui. Donc : restez à l'antenne !
Retour ce soir de quelques jours à Angoulême : les cagouilles devaient prendre leur pieds durant ces quelques jours ; dès lors que la neige a fondu, il n'a plus cessé de pleuvoir.
Le but du voyage n'était de toute façon pas de bronzer au soleil mais bien de rassembler trois générations de la famille Plume, ce qui fut fait - d'autant mieux réunies qu'il était difficile de mettre le nez dehors, et ce d'autant que la plus jeune de ces générations avait récupéré un bon virus hivernal qui n'incitait guère à le sortir.
Vindelle (Charente), hiver 2002-2003.
Conséquence : je voulais aller voir des amis dans le coin, mais le temps que les virus susdits ne daignent s'effacer, il était pratiquement temps de rentrer. Bon : à titre d'aide mémoire, pour mieux m'organiser la prochaine fois, j'illustre cette entrée avec une photo de leur coin !
La dernière bougie de Hanukkah, c'était hier ; le solstice d'hiver, demain ; noël, dans pas longtemps. Quant à nous, nous nous éclipsons pour quelques jours au pays des cagouilles - accès réseau non garanti, donc : quelques jours de pause pour ce weblog.
Échaffaudage de noël, décembre 2008.
Retour prévu en milieu de semaine. Et en fin de semaine, quelque chose me dis que je devrais avoir de quoi prendre de nouvelles photos pour vous...
Le Plume vous salue bien.
Boîtier Pentax ME Super, film Fuji Pro400H, bjectif SMC Pentax-M 135mm f:3.5.
La neige à Paris, c'est toujours toute une affaire ; c'est plutôt beau, aussi.
Quai François Mauriac, Paris 13e, janvier 2009.
L'ennui, c'est que du coup j'ai laissé mon scooter jaune au bercail, la chose semblant périlleuse ; et ce alors que j'avais une journée riche en déplacements sur les deux rives. J'ai ainsi eu l'occasion de vérifier que si, le métro parisien existe bien. En plus, la dernière fois que je l'avais pris il y faisait une chaleur insupportable et là, beaucoup moins. Il est vrai que la dernière fois, c'était le 31 juillet...
Au nombre des destinations du jour, la belle exposition Camondo au musée d'art et d'histoire du judaïsme. On retrace les pas de cette dynastie de banquiers juifs séfarade de Constantinople, installés à Paris vers 1860 ; les collections d'art absolument incroyable, les meubles, la musique... Parmi les plus belles pièces, deux minuscules rouleaux du livre biblique d'Esther, dans leurs petites boites de la taille d'un dé à coudre. Et rien que les tableaux du XIXe siècle valent qu'on la visite, cette expo.
Et puis les dernières salles, qui évoquent la fin de la dynastie : terrassé par la mort de son fils Nissim, aviateur dans l'armée française en 1917, Moïse de Camondo liquide la banque familiale et donne par testament à l'État français son hôtel particulier de la rue Montceau ainsi que toutes les œuvres et objets d'art qu'il contient. Il meurt quelques années avant que les derniers membres de sa famille (sa fille et son petit-fils) ne soient exterminés à Auschwitz, comme tant d'autres, avec l'aide de ce même État français. À méditer en ces temps de débats sur l'identité nationale.
Tout le monde parle de Copenhague ces temps-ci, et c'est tant mieux : c'est une ville que j'aime bien, Copenhague.
Copenhague, Nyhavn, été 2007.
Ceci dit, je crois comprendre que ce n'est pas tout à fait pour des raisons touristiques ou culturelles qu'il en est question. Pensez vous : c'est le sommet, qui à en croire la presse doit décider de l'avenir de la planète, ou à peu près.
Disons les choses clairement : mieux vaut miser aujourd'hui sur le fait que l'échec de ce sommet n'équivaut pas à la fin du monde à brève échéance, parce que ce sommet, il n'en sortira rien, ou quasiment rien.
Résumons : Pour des raisons différentes, la Chine et les États-Unis ne concéderont presque rien ; la Chine parce qu'elle a profité à plein des délocalisations d'industries émettrices de CO2 après Kyoto, et qu'elle ne voit pas de raison de ne pas continuer ; les États-Unis parce qu'un accord contraignant n'aurait aucune chance d'être ratifié par le Congrès (ce serait un suicide politique pour les parlementaires). Européens et Japonais considèrent qu'ils ont déjà beaucoup donné depuis Kyoto et qu'ils n'aimeraient bien ne pas être les seuls. Les pétromonarchies ne veulent pas jouer pour des raisons évidentes. Et les pays les plus pauvres entendent monnayer pour argent comptant un accord qui finalement ne les passionnent pas mais qui seraient politiquement utile aux pays développés...
Au fait, pourquoi une telle différence entre Europe et États-Unis en ce qui concerne le prix à payer électoral de ces mesures ? La réponse est à deux tranchants, il me semble. D'une part, l'idée d'une limitation de la consommation est totalement étrangère à la culture américaine ; une telle limitation est perçue comme un danger majeur pour l'emploi, et donc pour le niveau de vie général de la population. De l'autre côté, les Européens sont plus sensibles aux questions environnementales mais parfaitement aveugles à ce coût économique - qui me semble certain mais dont personne ne parle. Il me semble que c'est voulu : en jouant notamment sur l'écart de perception entre niveau européen et niveau national (quand quelque chose ne va pas, c'est toujours la faute de l'Europe) et à grand coup de rhétorique, on fait totalement disparaitre la question. Sûrement une bonne méthode si l'on veut faire avancer la cause, mais est-ce tout à fait honnête ?
Pour finir, une question : un accord qui n'inclurait pas les deux plus grands pollueurs (USA et Chine) vaudrait-il la peine d'être signé par les européens ? D'un point de vue environnemental, ça ne rimerait pas à grand chose ; du point de vue économique, ce serait accepter des contraintes qui ne s'appliquent pas à nos principaux concurrents ; est-ce bien raisonnable ? Ceci dit, compte tenu de l'état de l'opinion européenne, ce n'est pas impossible que cela se produise quand même, que ça serve à quelque chose ou non. Et dans ce cas se contentera d'envoyer encore plus d'usines en Chine...
Bref : s'il l'on croit vraiment que seul un accord à Copenhague peut sauver la planète (et après tout c'est ce qu'on entend un peu partout), on peut se mettre à désespérer. L'autre solution, c'est de se mettre le pus vite possible à croire différemment !
Le Plume vous salue bien.
Boitier Pentax MZ-10, film Fuji Reala 100.
John Corrigliano, symphonie n°3 Circus Maximus pour grand orchestre d'harmonie (2004).
En aval de Nantes, c'est clair : la Loire devient de plus en plus atlantique. Il y a des bateaux ; il y a même des phares.
Depuis l'embarcadère du bac de Basse-Indre, 3 décembre 2009.
Le ciel n'était pas complètement clément ce jour là, c'est vrai ; d'ailleurs, une fois passé sur l'autre rive par le bac (enfin, presque sur l'autre rive, puisque le bac aboutit à Indret qui était autrefois une île), je me suis fait rincer.
Si c'était à refaire, je ferais pareil, en prenant d'avantage de photos.
Les quelques flocons d'hier et la température d'aujourd'hui me donnent à penser que nous ne sommes pas tout à fait en été. Me trompé-je ?
Boulevard Masséna, 9 janvier 2009.
Annonce : Famille nucléaire bien sous tous rapports (2 ad., 1 enf., nbreuses peluches) cherche caverne pas trop froide pour hiberner. Occ. prévue : déc - avril. Écrire au journal qui transmettra.
Je m'y prends bien tard ; je crains que toutes les cavernes soient occupées.
Dimanche en intérieur : j'ai regardé les flocons tomber ce matin, puis ne plus tomber ; j'ai joué avec le petit bonhomme tout plein ; je n'ai pas fait plein de choses que je voulais faire, mais quelques unes, si ; le tout en gardant un toit au dessus de ma tête pendant toute la journée.
Les toits de paris vu de l'institut d'anglais, rue Charles V, le 4 novembre dernier.
Il n'y a pas particulièrement de quoi se vanter, je sais.
Comme un chalutier de retour de campagne, me voilà de nouveau au port. À la maison, quoi. Avec du sommeil à rattraper, etc.
Perros-Guirec, jetée du Linkin, 8 août 2009.
Tiens, une question de mode pour les fans des frères Coen : en matière d'ensemble caleçon/robe de chambre, faut-il préférer le caleçon écossais très chic de Jeffrey Lebowski (Jeff Bridges) dans la scène initiale de The Big Lebowski ou le ravissant caleçon bleu d'Osbourne Cox (John Malkovich) vers la fin de Burn After Reading ? J'avoue hésiter.
Le Plume vous salue bien.
Boîtier Pentax ME Super, film Fuji Pro800Z, objectif SMC Pentax 300mm f:4.
Jean Cras, Trio pour violon, violoncelle et piano interprété par Philippe Koch, Aleksandr Khramouchin et Alain Jacquon, CD Timpani, 2008.
La principale raison pour laquelle la ville de Nantes m'a agréablement surpris lors de mon dernier séjour, c'est qu'à l'exception d'une nuit passée en auberge de jeunesse il y a très longtemps et de quelques cours enseignés à la Chapelle-sur-Erdre, dans les lointaines banlieues nord, ce que je connaissais de Nantes, c'était principalement ça :
Le pont de Cheviré vu de Saint-Herblain, 3 décembre 2009.
Sauf que je le voyais d'en haut, avec la ferme intention d'y rester, en haut, ou du moins d'en descendre en pente douce. Ajoutons à cette vue de Nantes l'échangeur qui tue au débouché de l'autoroute A85 sur le périphérique : si vous ne vous insérez pas immédiatement (sous prétexte par exemple que cela vous ferait passer sous un semi-remorque), votre file d'insertion se transforme immédiatement en bretelle de sortie et vous êtes renvoyés aussi sec vers la cambrousse vendéenne que vous quittiez sans regret. Une sorte de reconduite immédiate à la frontière qui ne donne pas une franche impression d'hospitalité, disons-le.
Je comprends maintenant mon erreur : le pont de Cheviré est nettement plus beau vu d'en bas.
Mon séjour nantais de la semaine dernière était à caractère professionnel ; j'entends par là la profession qui me nourrit de manière régulière. Toutefois, comme habituellement je ne travaille pas les jeudis aprè-midi, j'avais décidé de consacrer le jeudi à mon activité d'historien - sachant que la région nantaise apparaît avec persistance dans mes dossiers. J'avais par conséquent deux possibilités : choisir un dépôt d'archibve et y faire un défrichement des sources disponibles ; il m'est arrivé de tirer pleins d'info de séances de travail guère plus longue que ça. J'avais pas mal de possibilités pour ça, archives départementales, affaires étrangères (dont le dépôt est à Nantes), médiathèque (qui contient des quantités de manuscrits concernant mes affaires), etc. Ou alors, aller me promener.
Il faisait beau ; j'ai donc choisi cette solution. Pas n'importe où : sur le site d'une ancienne fonderie de canons sur laquelle j'ai lu beaucoup depuis des années, dans les sources comme dans la bibliographie.
Les rives de Loire à Basse-Indre ; en arrière-plan, l'usine d'Indret. Indre (Loire-Atlantique), jeudi 3 décembre 2009.
Du site lui-même, je n'ai pas vu grand chose : comme l'usine de Ruelle, Indret travaille toujours pour la Marine de guerre, ce qui rend difficile le safari-photo dans les ateliers, à la recherche d'un pan de murs de 1778... Mais j'ai vu le site : historiser sur un site dont je n'ai aucune idée, ça m'est très difficile.
(Entre autre, j'ai pu voir les vaches paître sur ce que les plans du XVIIIe siècle désignent comme bassin à marée destiné à alimenter une roue hydraulique ; on se plaint très rapidement de son envasement : on avait raison de le craindre, semble-t-il.)
Mais mon besoin d'aller voir ne s'explique pas par le besoin de constatations matérielles : je ne suis pas archéologue ; mes prospections ne vont donc pas au delà d'une vue d'ensemble. C'est d'avantage, je crois, le besoin de replacer les témoignages qui constituent les sources de l'historien dans leur localité ; les paysages (si changé qu'ils soient depuis), la lumière, le temps qu'il fait... L'histoire, ça parle des gens ; les gens, ça évolue dans des lieux bien réels, pas dans des concepts ou des statistiques.
Et puis ça permet de se promener.
Le Plume vous salue bien.
Johann Sebastian Bach, Partita per violino senza basso accompagnato n°1 en si mineur (BWV 1002), VIII : Tempo di Borea, double ; Hélène Schmitt, violon.
Le jour ne s'est pas levé beaucoup aujourd'hui sur Paris mais on s'en fiche : pas besoin de ciel bleu pour jouer avec le P'tit Plume jusqu'à ce que petits et grands n'en puissent plus.
Ensuite, la nuit parisienne a remplacé la grisaille. Le moment de se reposer.
Faubourg Saint-Denis, novembre 2009.
Plus généralement, il faut bien dire qu'en ce moment, ce qu'on voit de Paris, c'est plus les néons et les lampadaires que le reste. Bientôt le solstice d'hiver...
Le Plume vous salue bien.
P.S. : le brave Canon Ixus 400 qui accompagne ce blog depuis sa création semble bien n'avoir pas survécu à son séjour nantais, ce qui est bien contrariant - même si à près de six ans et quinze mille photos on peut considérer qu'il n'a pas démérité.
Boîtier Pentax ME Super, film Fuji Pro800Z, objectif SMC Pentax-M 50mm f:1.4.
La Loire à Nantes a été passablement massacrée par les ingénieurs qui voulaient absolument l'éloigner du centre de la ville, tant et si bien que le bras qui avait donné son caractère portuaire à la ville est maintenant remplacé par un boulevard ; l'Erdre ne s'en est guère mieux tirée. Mais descendez de quelques kilomètres et vous retrouverez le caractère du fleuve...
En aval du pont de Cheviré, les joncheraies s'installent ; Haute et Basse Indre : usines métallurgiques (presques toutes fermées), bateaux à quai ou dans les étiers ;un bac transborde voitures, vélos et piétons, inlassablement, depuis les abords de l'usine DCIM d'Indret, ancienne fonderie royale de la Marine.
Les bords de Loire à Basse-Indre hier après-midi.
Je suis rentré à Paris maintenant, avec dans mes bagages quelques spécialités locales, un enregistrement des quatuors à cordes de Philip Glass, un autre des sonates et partitas pour violon seul de Bach, et quelques films des frères Coen en DVD. Avec tout ça, ça devrait aller.
Le Plume vous salue bien.
Philip Glass, cinquième quatuor à cordes, 2e partie (quatuor Kronos, 1995).
Pour un historien des techniques, une ancienne usine est un lieu idéal pour des rendez-vous de travail. Et si c'est pour manger, autant que ce soit une usine de biscuits !
C'est donc tout naturellement que le lieu unique, sur le site de l'ancienne biscuiterie LU (et accessoirement à deux pas de la cité des congrès que je fréquente avec ma casquette d'informaticien), est devenu ma cantine nantaise.
Le lieu unique vu de l'avenue Carnot mardi dernier.
Par ailleurs mon jeudi après-midi buissonnier et néanmoins ensoleillé m'a amené du côté d'une ancienne fonderie de canons, avec l'aide du tramway n°1, des autobus 25 et 81 et du bac de Basse-Indre à Indret - auxquels il faut ajouter une bonne marche à pied dans la mesure où j'étais descendu de l'autobus à Haute-Indre et non a Basse-Indre, animal que je suis. Pour le retour, une autre marche à pied (sous l'averse), l'intégralité de la ligne d'autobus 89 et une bonne partie du tramway n°3 : je l'aurai rentabilisé, mon passe des transports de l'agglomération nantaise.
Le ciel est bas sur Nantes mais je m'en fiche ; les promenade au bord du fleuve prennent ainsi la saveur subtile de la méditation. Ce qui m'ennuie d'avantage c'est que la petite famille soit restée dans les pays de l'Est, là-bas... Temporaire, cet inconvénient est temporaire.
Au confluent de l'Erdre et de la Loire, Nantes, écluse Saint-Félix, hier après-midi.
Bousculé et fatigué, je n'avais pas ou peu préparé ce voyage - mais je vais tout de même réussir à voir les gens que je voulais voir. À l'exception toutefois de ceux qui trouvent intelligent de déménager huit jours avant mon passage : exprès pour me contrarier, j'en suis sûr. Pour mes archives et manuscrits, par contre, il faudra que je revienne je pense. Mais justement je vais avoir envie de revenir.
Le Plume vous salue bien.
Tri Yann, « Tri Martelod » Tri Yann an Naoned (1972).
Bon : encore une ville où je me sentirais facilement chez moi. Malgré le petit crachin qui s'est installé en soirée - malgré, ou peut-être à cause de ?
Puisqu'on parle de Californie, un morceau de musique contemporaine tout à fait approprié : les L.A. Variations du finlandais Esa-Pekka Salonen, qui a pendant des années dirigé le Philarmonique de Los Angeles.
Walt Disney Concert Hall, S. Grand Avenue, Los Angeles, Californie, août 2004.
Le philarmonique de Los Angeles a changé de tête depuis cette année ; le Finlandais plutôt réservé a été remplacé par l'exubérant et très médiatique Gustavo Dudamel, dont les bouclettes feront certainement merveille lors des retransmissions télévisuelles. Mais ils perdent l'osmose entre composition et interprétation qu'offrait Salonen.
Au fait : si la falaise de l'entrée d'hier vous a paru périlleuse, vous aviez raison, elle l'est.
Solana Beach, San Diego Co., Californie, août 2004.
Sur le panneau : Attention, falaises instables. Ne pas s'approcher des escarpements, surplombs et cavernes. Le sac Fendi ne risque rien : il est du bon côté de la ligne jaune.
Un problème de marché : que valent les maisons en bord de falaise, à la vue imprenable sur le Pacifique, mais menacées d'effondrement à tout instant ?
Une belle soutenance de thèse aujourd'hui, d'un ami qu'on a vu avancer au cours des années, avec qui on a partagé des grillades pas bien loin du Pacifique... Le voilà muni du grade de docteur, et soulagé d'un grand poids. Bravo l'artiste !
Solana Beach, Californie, juillet 2004.
En parlant de Californie : il est question d'y retourner l'été prochain. Et juste là maintenant, ça me semble une excelletne idée.
J'avais raison de soupçonner le Pentax ME Super de me couver quelque chose : s'il restait encore des photos sur la pellicule alors que le compteur avait largement dépassé les 37, c'est que le boîtier s'était amusé à m'en empiler une douzaine au même emplacement. Dans le soucis je suppose de compenser les multiples blancs, où le levier d'armement avait fait avancer le film sans armer l'obturateur... Je récupère 24 photos sur ce rouleau ; c'est mieux que rien.
Araignée sur sa toile un jour pluvieux, Louannec, été 2009.
Dans le tas, quelques macro-photos, en particulier cette araignée sur sa toile, prise avec un soufflet et un vieil objectif à vis (avec un diaphragme à six lames comme on peut le voir sur l'arrière plan). Il faudra que je continue les essais de ce genre, j'aime bien.
À part ça, rien - la fatigue saisonnière de la fin novembre. Je pars quelques jours à Nantes pour un congrès professionnel la semaine procaine ; ce sera l'occasion d'être encore plus fatigué.
Le Plume vous salue bien.
Boîtier Pentax ME Super, film Fuji Pro800Z, objectif Chinon MC 55mm f:1.8 avec soufflet Asahi Pentax Bellows et adaptateur K/M42.
Je devais aller chercher des photos au labo aujourd'hui ; ça m'est complètement sorti de la tête. Un rouleau sur lequel il devrait y avoir des trucs rigolos, macro et longues focales : c'est une pellicules 800ISO, tout à fait indiquée pour ce genre de facéties. Enfin, si tant est qu'il y ait quelque chose : le boîtier utilisé me cause quelque souci, et le fait que je n'étais pas arrivé au bout de la pellicule bien après la 36e pose ne me rassure guère. On verra demain.
En attendant, une photo de mer, parce que ça fait longtemps, et parce que j'étais en train d'écouter Pêcheur d'Islande de Joseph-Guy Ropartz.
Baie de Perros, 19 août 2009.
Pêcheur d'Islande, c'est une pièce pour orchestre en trois mouvements adaptée d'une musique de scène destinée à une pièce de théâtre tirée du roman de Loti. Ça en fait, des chaînons, mais l'idée est là : il ne s'agit pas de plaisance au soleil mais de campagnes invivables dans des conditions peu clémentes. Le premier mouvement, « mer d'Islande », avec son rythme chaloupé et ses bois grinçants, parle de houle sans vent dans le brouillard, à déconseiller aux victimes du mal de mer.
Les longues campagne de pêche à la morue étaient devenues, aux environs de 1900, un sujet d'émotion pour l'opinion : pas mal d'écrivains avaient décrit le coût humain de cet apport de protéines pour une Europe en pleine croissance. On partait entassés pour une longue traversée, jusqu'aux régions les plus brumeuses qui soient, entre Islande et Groenland. Le bateau restait alors sur la zone de pêche le plus longtemps possible et les hommes embarquaient dans de petits doris pour aller tirer leur lignes, au risque de se perdre dans la brume ou d'être balayés par un coup de vent. Si on revenait au bateau, le plaisir continuait : il fallait préparer le poisson et surtout le saler : il faut imaginer travailler à main nue dans les bailles pleines de saumure - l'idée d'utiliser de l'eau douce pour se laver après étant bien entendu ridicule. Et après, on recommençait. Inutile de dire que le taux de mortalité de ces campagnes était énorme...
Moi, la seule pêche que j'ai pratiquée, c'est celle de maquereau, et encore pas beaucoup.
Soit un distributeur de sucreries et autre saletés à relative proximité de mon bureau. Notons que les produits disponibles dans ce distributeurs coûtent tous 80 ou 90 centimes.
Soit maintenant un porte-monnaie moyen. Quelle est la probabilité pour qu'à un moment donné on y trouve les trois pièces en laiton nécessaires pour faire l'appoint ? Pas énorme. Si maintenant un usager a dans son porte monnaie une pièce de un ou deux euros, quelles sont les chances pour qu'il ne cherche même pas à savoir s'il a la ferraille pour faire l'appoint ? Considérables.
Sachant que la société à qui appartient le distributeur passe une fois tous les 36 du mois, quel est la probabilité pour qu'il n'y ait plus la monnaie et que la pièce d'un euro qu'on s'apprêtait à dépenser bêtement, alors que par ailleurs on n'a pas la ferraille nécessaire, eh bien, on puisse la remettre dans sa culotte ? Énorme.
Finalement il n'y a rien de plus agaçant que de ne pouvoir gaspiller ses sous une fois qu'on avait décidé de le faire.
Une expo plus ou moins artistique devant le distributeur, Grands Moulins, mars 2008.
Face à une telle contrariété les avenues qui s'ouvrent au malheureux pèlerin ne sont pas légion : taper un collègue pour avoir la ferraille ; forcer le distributeur ; traverser la cour pour aller au distributeur d'en face où les prix sont plus élevés de dix ou vingt centimes et qui acceptera donc volontiers la pièce d'un euro ; partir en courant et en poussant des cris de bête jusqu'au Monoprix voisin ; retourner travailler en se passant de la dose de sucres rapides et de mauvaise graisse que l'on s'était accordée. C'est généralement l'option que je choisis.
(Ah, et non, bien sûr, le distributeur n'accepte pas les cartes Monéo, alors même que les cartes d'étudiants en font maintenant office et que le distributeur se situe précisément dans des bâtiments universitaires, où la quasi-totalité des passants ont donc sur eux une carte monéo plus ou moins chargée.)
Là. Voilà. Tout le monde s'en fiche, mais ça fait plus de bien que de cogner bêtement sur le distributeur.
Je parlais hier des feuilles qui s'accumulent ; s'accumuler, elle le font bien, notamment au bord des chaussées, pour la plus grande joie des utilisateurs de deux-roues.
Boulevard de Strasbourg, dimanche matin.
Après tout, c'est une excuse traditionnelle des chemins de fers britanniques : train delayed because of leaves on tracks. Pourquoi ça ne s'appliquerait pas aux scooters parisien ? D'autant que si l'on n'y prend pas garde, l'accumulation de feuilles détrempées, ça fait une bonne patinoire à roue arrière. Pas aussi bien que le vieux carton ondulé gorgé d'eau, mais pas loin.
Prudence donc sous le crachin. La semaine ne fait que commencer.
En ce dimanche pluvieux, c'est le moment d'écouter une musique venue d'un monde disparu : le Yiddishland de l'Est de l'Europe - un monde diffus, multiple ; toujours précaire, menacé par l'invention des nationalismes, attaqué par les cosaques du Tzar, brûlé, exterminé par les Nazis et leurs complices. La plupart des survivants on quitté leur terre et leur langue pour une autre histoire et un autre continent.
Ce qui reste de cette culture, où le trouver ? Des bribes sans doute en Europe de l'Est ; ses traces dans les rues de Paris ou de New York ; la mémoire familiale au sein de cette diaspora (pour quelques générations encore !) ; sa marque culturelle aussi, sur la musique, le cinéma, les arts plus généralement.
Synagogue de la rue Notre-Dame-de-Nazareth, Paris, novembre 2009.
Place de la République, les feuilles de platane s'accumulent aux stations de vélib ; à deux pas de là, la rue Notre-Dame-de-Nazareth est vide. Sur le fronton de la synagogue, la devise républicaine : Liberté, égalité, fraternité. Bien des Juifs venus de Russie, de Pologne ou de Roumanie y on cru, à cette devise ; beaucoup l'ont payé de leur vie.
Voici donc une chanson, mélancolique et entraînante, comme l'est souvent cette musique - un air klezmer des plus connus, Basarabye, dont le titre évoque la province de Bessarabie, à peu près à l'actuelle Moldavie, entre Ukraine et Roumanie.
Azoyfil lider hob ikh gehert
Nor ale hobn mir deresn
Nor eyn lid iz mir geblibn
En ekkh ken im nisht fargesn
Tirl, tirl, tirl
Shpilt der pastekh oyf zayn floyer
S'iz dos lid fun Basarabye,
Finem pastekh en fin zayn troyer
J'ai tant entendu de chansons
Et de toutes je me suis lassé
Il n'y en a qu'une qui m'est restée
Celle-là, je ne peux l'oublier
Tireli, tireli, tireli
Joue le pâtre sur son flutiau
C'est le chant de Bessarabie
Du pâtre et de son chagrin
Geveyn amol a pastekhl, a kleyner
A kind geveyzn tsvishn kinder
Hot er geposet ba zan totn
Tsign, lemer, shof, en rinder
Hot dus pastekhl, dus kleyne
A kleyn sheyfele farlorn
Oy vey vaulyu vaulyu tit er veynen
Valulyu vaulyu tit er veynen
Vaulyu vaulyu tit er klugn
Il était une fois un pâtre, tout jeune
Un enfant parmi les enfants
De son père il menait paître
Chèvres, moutons, vaches et agneaux
Et donc ce pâtre, ce petit
Avait égaré un agneau
Oh, hélas hélas il pleurait
Hélas hélas il pleurait
Hélas hélas se lamentait
Di, mayn sheyne Basarabye
Land fin freyd un land fin troyer
Ven ekh drmon zekh in dayne tuln
Vi ekh veyn un ikh badoyer
Ô ma belle Bessarabie
Pays de joies et de malheurs
Quand je repense à tes vallées
Comme je pleure et me désole
(Texte yiddish par Bella Gottesman, d'après Zemerl - www.zemerl.com, traduction française approximative par votre serviteur d'après le texte anglais de Bella Gottesman.)
Le Plume vous salue bien.
Basarabye (trad. yiddish, Ytzhak Perlmann au violon, eh oui !)
La semaine s'achève ; une bonne partie de ce qui devait être impérativement fait ne l'a pas été ; maintenant, c'est trop tard, ça n'est pas grave, on verra lundi.
Pssage Brady, 17 juin 2008.
Une belle journée ; sandwich dans le jardin public des grands moulins, maintenant qu'il est ouvert : profiter du soleil sur ces immeubles que j'ai vu sortir de terre. L'air frais, c'est bon pour l'appétit ; les étudiants sur le banc voisins qui discutent leurs problèmes dermatologiques, un peu moins, mais on fait avec.
En rentrant hier j'avais eu le temps d'écouter les sonates pour violon et piano de Bartók en buvant une bière fraîche ; aujourd'hui, non, mais je me rattrape en soirée - l'enfant baigné, nourri, dormant profondément. J'écoute du Fauré, ça va bien avec mon humeur du moment.
Suite du message d'hier : même genre de pellicule, mais en Fuji.
À la fenêtre, juin 2008.
Sinon, retombé en farfouillant dans les archives sur des photos d'il y a un an. 15 mois moins un an, ça fait trois mois : le petit bonhomme a tellement changé en un an - tout en restant le même.
Le Plume vous salue bien.
Boîtier Pentax Auto 110, film Fujicolor 200, objectif Pentax-110 50mm f:2.8.
Tiens, parlons photo pour une fois... Les lecteurs réguliers ont dû remarquer de temps à autre d'étranges photos comme celle-ci :
Rue de l'échiquier, Paris, printemps 2009.
Outre que cette boutique au visage endormi est une représentation assez fidèle de l'état de mon cerveau ce soir, de quoi s'agit-il ? De films au format 110, ces mini-pellicules à photo de vacances qui se vendaient comme des petits pains dans les années 80, avec un corps plastique reliant deux rouleaux, un pour le départ et l'autre pour l'arrivée, et qu'on utilisait surtout dans les appareils du type instamatic.
Pentax avait mis au point de jolis petits boîtiers réflex à objectifs interchangeables qui utilisaient ces pellicules : les Auto 110, répliques miniatures des réflex 24×36. J'en ai un, et même deux, achetés d'occasion (le premier que j'avais acheté était dans un état suspect) ; j'ai les pellicules qui vont avec ; j'ai même trouvé un labo qui les développe.
Le défaut de ces pellicules, c'est que du fait de leur forme les appareils sont obligés de leur faire confiance pour garder le film bien à plat et à la bonne distance de l'optique, ce qu'elles font très mal. Du coup, Pentax a beau s'évertuer, la netteté des photos est toujours douteuse...
Mon style naturel de photos aurait tendance à être plutôt analytique, comme celle d'hier : après tout le monde est fait de plein de détails. Du coup si je mettais les photos tirées de pellicules 110 tel quel, ça ferait bizarre, je trouve.
Ça tombe bien : comme je numérise ces films avec mon scanner à plat, j'ai tout loisir de scanner un peu au delà de la surface réglementaire de l'image - sachant qu'une particularité unique (et pas bien maligne) du format 110, c'est que la pellicule est préexposée avec des cadres marquant l'emplacement de l'image et son numéro sur le film. Et suivant les marques, les cadres sont de couleurs différentes, c'est plutôt marrant : jaune et vert sur les Ferrania Solaris (un des derniers fabricants sui produise ce format), bleu et rouge chez Fuji, vert sur les vieilles pellicules Kodak... Je trouve ça marrant, et ça sépare clairement ces photos de celles réalisées sur un format de pellicule plus raisonnable !
Il y a eu pire, ceci dit. Qui se souvient des Kodak Disk ?
Le Plume vous salue bien.
Boîtier Pentax Auto 110, film Ferrania Solaris 200, objectif Pentax-110 18mm f:2.8.
On parlait hier de musique à propos de locomotives ou de trains. Il y a une autre possibilité : faire de la musique avec les sons ferroviaires. Il y a par exemple l'étude aux chemins de fer de Pierre Schaeffer (1948) - qui ouvre la voie, si l'on peut dire. Mais aussi un disque sur lequel j'étais tombé par hasard et dont je ne regrette pas l'achat : Locomotive Symphony, du hongrois László Sáry. Un disque de 2002 consacré aux locomotives à vapeur : Sáry est fils de chef de gare et fier de l'être.
Emprises SNCF vues du pont de la rue Riquet, Paris 19e, 31 mai 2008.
Sa matière première cependant est plus ancienne, des enregistrements réalisés par un collectionneur de sons dans tous les dépôts de locomotives à vapeur de Hongrie - le disque comprend la symphonie elle-même, une étude antérieure et une bonne partie du matériau sonore de base.
Le résultat : de la musique, pour de vrai. L'ingénierie du son du XXIe siècle permet beaucoup plus que les bandes magnétiques de Schaeffer, bien sûr ; mais l'outil ne fait pas tout. László Sáry est un compositeur, un vrai, à découvrir au son des pistons et des sifflets.
Le Plume vous salue bien.
P.S. : je trouve que ce serait plutôt une sonate qu'une symphonie - vif, lent, vif, avec une texture musicale plus proche de la musique de chambre que de l'orchestre symphonique. Mais bon, ça, c'est juste moi.
Boîtier Pentax ME Super, film Fuji Pro400H, objectif SMC Pentax-M 200mm f:4.
László Sáry, Locomotive Symphony, CD Budapest Music Center, 2002.
La locomotive, les trains : depuis 150 ans, une matière première rythmique évidente, à la portée de tous - et notamment des musiciens de métier, grands voyageurs si l'en est. Des poètes aussi : Whitman parle de rythme, de métrique, de pulsation pour sa locomotive en hiver (1876) ; William Carlos Williams, une cinquantaine d'années plus tard, met en scène la danse des locomotives.
Les voies de la gare de l'Est près de la rue Philippe de Girard, Paris 10e, 8 novembre 2009.
En musique, curieusement, les références ferroviaires explicites prennent assez longtemps à apparaître. J'ai tendance à voir du ferroviaire dans le scherzo du premier quatuor avec piano de Fauré (op. 15), qui date de la même époque que le poème de Whitman - mais il se pourrait que je sois le seul à entendre ça, et encore : certain jour j'y entends une promenade à bicyclette.
Tout à fait explicite, par contre (et à peu près contemporain du poème de Williams) : Pacific 231 d'Arthur Honegger (1923), qui se présente non pas comme une imitation mais comme une traduction musicale des impressions visuelles, sonores et physiques de la reine des locomotives à vapeur : la Pacific 231 (deux essieux-guides, trois essieux moteurs, un essieu arrière : 2-3-1).
Il s'agit d'une courte pièce pour orchestre, qualifiée par son auteur de « mouvement symphonique » : si les pièces courtes pour piano étaient depuis longtemps rentrées dans les mœurs, par contre, pour orchestre, on était habitué à des compositions beaucoup plus longues, symphonies ou concertos. N'empêche : c'est sans doute la pièce la plus connue d'Honegger, et de loin. C'est la seule que je connais, d'ailleurs, grâce à Madame Plume qui me l'a fait découvrir.
Si pas mal de compositeurs de cette époque faisaient dans la musique de scène (cf. Poulenc ou Ropartz, dont je recauserai), destinée à accompagner des pièces de théâtre, Pacific 231 a son origine dans une nouvelle sorte de musique d'accompagnement, vouée à un bel avenir : la musique de film. Honegger avait en effet composé la musique de La Roue d'Abel Gance ; et comme il n'y avait guère de marché de la B.O.F. à l'époque, il l'a retravaillé pour en faire une pièce de concert - ce fameux mouvement symphonique.
Parti du film, Pacific 231 revient au film : je parlais à mon cher père de ce morceau et il m'a parlé d'un film réalisé comme mise en image du morceau, qu'il avait vu alors qu'il était étudiant à Caen dans les années d'après-guerre. Ce film, je l'ai retrouvé grâce aux moteurs de recherche habituels : il est de Jean Mitry, date de 1949 ; ni vidéo-clip, ni documentaire, c'est tout à fait remarquable.
Le Plume vous salue bien.
Références :
- Walt Whitman, « To a Locomotive in Winter », Leaves of Grass (p.471 de l'édition critique Norton).
- William Carlos Williams, « Overture to a Dance of Locomotives », Sour Grapes (1921) (Collected Poems, vol. 1, Londres, Paladin, p. 146).
Musique du jour, devinez quoi : Arthur Honegger, Pacific 231 : ci dessous la vidéo (avec texte en anglais) du court-métrage de Mitry et, pour compenser la médiocre qualité de la bande son du film, une interprétation par le Philarmonique d'Oslo dirigé par l'excellent Mariss Jansons.
Le vent souffle sur la ville, secouant sérieusement nos lauriers, romarins,oliviers, etc. Les plantes du cordon littoral sont généralement mieux adaptées à ce genre de traitement.
Plougrescant, pointe du château, août 2009.
Entre les roselières abritées des fonds de baie et la roche à nu des pointes les plus exposées, le jour et la nuit, à quelques kilomètres de distances. Le littoral est fait de ces oppositions.
Parmi les disques que j'ai reçu récemment, deux compositeurs bretons du début du XXe siècle : Joseph-Guy Ropartz et Jean Cras, l'un Guingampais, l'autre Brestois.
Je connaissais d'avantage Jean Cras pour la « règle-raporteur de l'amiral Jean Cras » (dans toutes les bonnes tables à cartes) mais à l'époque où il composait il n'était pas encore amiral quoique déjà officier de Marine. Sa musique n'est sans doute pas diablement innovante au regard de son époque : en gros, il est dans la droite ligne de Gabriel Fauré - on fait pire, comme lignage.
Anse de Pellinec, Penvénan, août 2009.
Je ne suis pas certain que la musique de Cras soit plus bretonne qu'une autre - maritime, sûrement ; ce n'est quand même pas la même chose. Mais je ne vois pas pourquoi ça m'empêcherait de vous proposer une photo du jour bretonne comme tout, périphériquement maritime (pieds dans l'eau garantis à marée haute), et carrément en biais.
Au premier plan, un pied de salicorne. Il y en avait plein d'autre ; j'en ai juste croqué quelques, pour goûter.
Une jolie expression anglaise, venue des temps anciens : post haste : aussi vite que la poste. Dans le contexte d'alors, parfaitement logique : les diligences royales, qui transportaient notamment la correspondance officielle, étaient le plus rapide des moyens de transports terrestres. Notons au passage que si, partout, les services postaux étaient des services de l'État, c'est qu'il était vital pour ces États en cours de consolidation de connaître de la situation du pays et de diriger promptement ses exécutants - un système nerveux, au fond.
Aujourd'hui, bien sûr, cette fonction est largement remplie par d'autres moyens de communications (dont le courrier électronique, si aisément falsifiable que les décolleurs d'enveloppe de jadis passeraient pour de laborieux tâcherons) ; inversement, on dispose d'avion et de trains à grande vitesse pour accélérer le mouvement...
Boulevard Poniatowski, 21 juillet 2008.
Pourquoi ce propos ? Eh bien, vous souvenez-vous de ces disques que j'avais commandé et que je n'avais jamais reçus ? Eh bien : il ne faut jamais dire jamais ; je les ai reçus aujourd'hui. Ils ont donc mis un mois et quatre jours pour aller du faubourg du Temple au faubourg Saint-Denis, une distance qui, à pied, se parcourt en une vingtaine de minute sans presser le pas. J'ai fait le calcul : en prenant en compte la distance à vol d'oiseau, on obtient la vitesse fabuleuse d'1,62 mètre par heure. Les fourgons tracté par escargots, ça c'est écolo !
Satisfaction en tout cas : en plus du John Corigliano que j'avais fini par recevoir, me voilà donc heureux détenteur d'œuvres de Jean Cras, Jean-Guy Ropartz et Lázló Sáry (la Symphonie pour locomotive, ça, j'y tenais). Je vous en reparlerai.
Le Plume vous salue bien.
Boîtier Pentax MX, film Fuji Pro400H, objectif SMC Pentax M 50mm f:1.7.
Passage obligé du jour : la chute du mur. Pas d'un mur, du mur. J'apprécie la force du symbole, bien entendu, mais tout de même, c'est loin d'être le moment unique, et peut-être pas le moment central de des évènements de l'été-automne 1989. Mais bon, symboliquement, c'est entendu : c'est une rupture, un changement de période, etc. Du coup, d'ailleurs, tout le monde y était, comme bien on sait !
Je ne suis pas un adepte des commémorations en tout genre, de toute façon ; par contre, si ça peut être l'occasion de réfléchir et de prendre du recul, pourquoi pas. À ce propos je vous renvoie à toute une série de billets sur un blog ami qui précisément ont le mérite de remettre les choses en perspective.
En revenant en arrière dans cette série, on est frappé par l'importance des évènements qui se déroulent dès le printemps, non pas en RDA, mais en Pologne et, peut-être surtout, en Hongrie : Budapest avait en effet eu en 1956 la primeur de l'intervention directe (et sanglante) de l'armée russe dans un « pays frère ». Que le parti communiste hongrois décide de réhabiliter Imre Nagy, le premier ministre chassé en 1956 (et emprisonné, et exécuté après un procès sommaire), c'était considérable : ni plus ni moins qu'une déclaration d'indépendance.
Le tribunal militaire de Budapest, 30 juillet 2009. La place située juste après s'appelle maintenant place Imre Nagy. La station Shell qui s'y trouve n'est pas d'époque.
Le détricotage commence là : le couvercle se soulève, et l'URSS ne semble pas faire mine de vouloir le refermer. Pour des raisons de politique intérieure, ont le sait maintenant : pour Gorbatchev, envoyer l'armée à Budapest ou à Varsovie, c'était laisser la main aux « durs » de l'armée et du KGB, ses opposants les plus farouches. S'il leur donnait le pouvoir là bas, tôt ou tard ils le prendraient à Moscou : au mieux sa fin politique, plus probablement sa fin tout court.
Du coup, à l'automne 1989, l'édifice du pacte de Varsovie est en ruine. La RDA fait figure de dernier morceau ; ce n'était pas une lointaine périphérie du Pacte, mais au contraire un cœur intellectuel, scientifique et technique pour le bloc soviétique - avec des habitants économiquement mieux lotis que tous leurs voisins de l'Est, pour ne pas parler des ressortissants de l'URSS. Seulement voilà : l'attrait de l'autre Allemagne est tel que l'on ne peut conserver en état de marche le pays qu'en interdisant aux habitants de le quitter. Du coup, dès lors que les voisins du pacte s'ouvrent, tout (et tout le monde) fiche le camp : je me souviens très bien d'un dessin de Plantu (j'achetais de temps en temps Le Monde à l'époque, chez un buraliste de Pessac, voisin de ma cabane d'étudiant) où l'on voyait un garde-frontière seul dans un mirador dont s'éloignent des pas : si ça continue, dit-il en croyant s'adresser à son camarade, il ne restera plus que nous deux.
La chute du mur, c'est donc ça : le résultat d'un processus par lequel une construction qui ne tenait que par la force, contre les tropismes géopolitiques et économiques, s'effrite dès lors précisément que la force se relâche ou ne peut s'exprimer. Et dans la joie et la bonne humeur des célébrations, n'oublions pas que cet effritement, c'est aussi les massacres de l'ex-Yougoslavie (la dérive nationaliste de la Serbie de Milosevic avait commencé depuis plusieurs années déjà), les guerres du Caucase qui font suite à l'éclatement de l'URSS, la ruine de l'économie russe suivie du retour au pouvoir de ceux précisément que craignait Gorbatchev... Célébrons si l'on veut, mais lucidement.
Le Plume vous salue bien.
P.S. : chez nous aussi, il y a de chouettes murs, cf. celui-ci !
Nos week-ends il faut bien le dire tournent autour d'un petit bonhomme, qui le vaut bien cela va de soi. Les jours de semaine, il est vrai, nous ne le voyons que matin et soir ; ça ne fait pas tant que ça. Jeux, promenade : en fait, je ne vois pas ce qu'on pourrait faire de mieux ; tant pis si d'autres occupations possibles passent à l'as.
Avoir un enfant change l'emploi du temps : un scoop, n'est il pas, j'entends d'ici ricaner ceux qui en ont trois ou quatre. Mais le temps de toute façon n'est plus le même : on est embarqué pour de bon dans le grand manège des générations, celui qui fait qu'après notre temps il y en aura d'autres, et d'autres, et d'autres... La mortalité est plutôt rigolote vue de ce point de vue.
Forum des halles, 24 mai 2009.
Bon. Une de mes occupations prévues pour ce week-end, c'était de ranger mon bureau. Surprise : c'est loupé. Tant pis.
Le Plume vous salue bien.
boîtier Asahi Pentax Auto-110, film Ferrania Solaris 200, objectif Pentax-110 70mm f:2.8.
Heitor Villa-Lobos (1887-1959), Prole do bebê n°1, VII : Polichinelo (Nelson Freire, piano).
Promenade aujourd'hui entre chien et loup, entre canal Saint-Martin et boulevard de Strasbourg aussi. Quelques panneaux ont eu une fin de semaine un peu rude semble-t-il ; du coup, ils n'indiquent plus grand chose.
Boulevard Magenta, près de la rue des vinaigriers, en fin d'après-midi.
Mais je connais le chemin ; la poussette fut poussée ; le font de l'air fut frais ; la nuit est tombée. En redescendant le faubourg Saint-Martin, cap sur un nuage gris-bleu au dessus de la porte illuminée (Saint-Martin). Derrière lui un ciel bleu-gris, quelques reflets verts, façon nuit américaine - les soirées parisiennes de novembre ont une palette bien à elles.
De la musique aussi aujourd'hui, mais ça n'irait pas avec la photo du jour. Et des rires d'enfant, beaucoup - ça, ça va avec tout.
Toutes photos maritimes mises à part c'est dans la ville que je vais et viens. Dans une brume plus ou moins, souvent - il bruine sur la ville et l'on fonce en mal voyant.
Marché du carreau du Temple, rue Eugène Spuller, Paris 3e, printemps 2009.
D'autres choses qu'on voit mal : des gouffres de finance qui s'approfondissent ; le temps qui avance ; les lendemains chantent-ils ? Les jours sont des boutiques obscures, surtout en novembre.
Je ne suis pas entièrement certain que lire des poètes modernistes encourage une grande clarté de style. On fera mieux demain.
Le Plume vous salue bien.
Mini-boîtier Asahi Pentax Auto-110, film Ferrania Solaris 200 (format 110), objectif Pentax-110 50mm f:2.8.
Le titre de la note d'aujourd'hui est empruntée à un poème de William Carlos Williams : Asphodel, This Greeny Flower. C'est un poème d'amour et ça tombe bien, de l'amour, il y en a. J'avais aussi des fleurs vertes en stock, mais pas des asphodèles, qui à ma connaissance sont jaunes ou blanches - mais je suis très ignare en fleurs, connaissant mieux les oiseaux de mer.
Ma fleur verte à moi s'en rapproche un peu d'ailleurs - une plante de mer, du littoral pour être honnête ; les botanistes disent végétation halophile, ce qui se pose un peu là dans les conversations. Photographiée le dos à la mer et au granit du phare de Mean Ruz : imaginer le bruit des vagues sur les rochers, etc.
Criste marine à Ploumanac'h, 23 juillet 2009.
Mais revenons au commencement : pourquoi lisais-je donc la poésie du Dr Williams, si ce n'est parce qu'il se trouve qu'on en trouve pas mal sur les étagères familiales ? C'est la faute d'un musicien, voilà ce que c'est.
Le compositeur américain Steve Reich a commis en 1984 un œuvre dénommée The Desert Music dont je vous avais déjà parlé ; le titre est tiré d'un recueil de William Carlos Williams, The Desert Music and other poems (1954) : nous y voilà.
C'est d'avantage que le titre qui est tiré de Williams : l'œuvre comporte une partie vocale, dont les paroles, quant il y en a, sont issues du recueil en question (ou presque puisqu'Asphodel, that Greeny Flower n'y est pas, ou y est partiellement). Mais :
le poème intitulé The Desert Music, à propos d'un voyage à El Paso (Texas) et sa voisine Ciudad Juarez (Mexique), n'est pas utilisé pour la partie chantée ;
un paragraphe de prose, chanté dans le mouvement central, est sans doute lui-même une citation (plus ou moins reconstruite) du philosophe, logicien et pacifiste Bertrand Russell ;
par contre je me demande si la structure elle-même de l'œuvre (« en forme d'arche » d'après Reich), en mouvements séparés par des montées ou descentes de tempo, n'a pas quelque chose à voir avec le poème éponyme.
Et donc je lisais. Et relisais. Et écoutais. Etc.
I am that he whose brains
are scattered
aimlessly*
Le Plume vous salue bien.
*William Carlos Williams, « The Desert Music », Picture from Brueghel and other poems, New Direction Paperback, 1962, p.118 (cf. aussi une édition avec appareil critique : Collected Poems, volume II, 1939-1962, éd. Christopher MacGowan, Paladin, 1991).
Comme vous ne vous êtes pas assez ébaudis sur la photo d'hier, je vous infligerai un de ces jours sa petite sœur - mais aujourd'hui, pour reposer l'œil, un coin ombragé d'un jardin public, pas bien loin de là ; la sortie nord des jardins du palais de justice à Lannion.
Lannion, août 2009.
Cette partie du jardin m'était assez peu familière dans ce sens là - car dévalant la pente depuis la rue Joseph Morand je l'ai traversée souvent, haut comme trois pommes, en rentrant de l'école primaire voisine. J'allais contempler le chêne vert tout en bas du jardin puis marcher le long du Léguer, pas encore déguisé en stade d'eau vive.
C'était la séquence « nostalgie du lundi », merci de nous avoir suivi !
Qu'a-t-il vu, ce vent qui vient taper à nos fenêtres en ce dimanche d'automne ?
Pointe de Landrellec, Pleumeur-Bodou, 20 août 2009.
Réponse improvisée, en roue libre et en plein vent : il a vu
Les digues de Horta que décorent les marins à l'escale
Les brumes du banc de Terre-Neuve
Les voleuses de sable du Cap-vert ou les gazons d'Islande
Des poissons-lunes et des requins-baleines
Des pétrels fulmars et des océanites tempête
Un bateau ivre et ses cohortes
Un pianiste en kimono de soie dans une villa de Sainte-Addresse
Des trains bleu-gris lancés à pleine vitesse
Des petits pots de myrtille et des jouets de couleur, derrière des vitres doubles où la pluie tape.
C'est dimanche ; on reste au chaud ; l'esprit peut aller se promener.
Le Plume vous salue bien.
Boîtier Pentax MX, film Fuji Pro400H, objectif 135mm f:3.5.
Claude Debussy, Préludes, livre 1, n°7 : ce qu'a vu le vent d'ouest (composé vers 1910).