[J'avais par erreur posté ce message dans la rubrique histoire de dire. Je le duplique donc ici, avec toute mes excuses.]
Journée d'étude toute la journée de demain sur le thème : « quelle place pour le travail dans le patrimoine industriel ? » J'aime la question, même si en l'occurence j'aurais préféré me tenir au programme « comment botter les fesses à premier ministre hautain. » Bon, au pire, je m'éclipserai une heure ou deux pour aller battre le pavé et je reviendrai. Mais sérieusement, la question est intéressante, en cette époque où tout devient patrimoine, au risque de transformer le pays en un vaste musée. Évidemment, on peut se poser la question autrement : le patrimoine en question a-t-il encore quoi que ce soit d'industriel dès lors que ce n'est plus un lieu de travail ?
Une usine en bord de Somme, amiens, mai 2005.
Qu'on me comprenne bien. Je faisais partie de ceux que la destruction des usines de Billancourt mettait en rogne, parce que vouloir effacer de la ville toute trace des activités de production, ce n'est pas sain. Il y a une tendance à vouloir cacher l'industrie, ce truc un peu sale, l'éloigner de la ville, essayer de ne plus y penser - nos écolos parisiens, qui conçoivent leurs prétendus plans de circulation sans tenir aucun compte des artisans et industriels qui y produisent encore des choses de leurs main, n'est d'ailleurs qu'une variété du phénomène.
Mais d'un autre côté, si ces bâtiments deviennent, comme c'est souvent le cas, de n-ièmes lieux socio-cul, officiels ou non(les Frigos à Paris, la Fonderie au Mans, le Lieu Unique à Nantes...), n'est-ce pas faire un peu la même chose en en détournant le sens, en faisant oublier que ces murs étaient là dans un but précis et que ce but était une activité industrielle ?
Ces bâtiments déserts ou socio-culturalisé, ce n'est pas de l'industrie, c'est un fossile d'industrie - parce qu'un vrai site industriel, ça change tout le temps. On construit un nouvel atelier ici, on installe là la machine-outil récemment livrée, et il faut faire arriver les trains par là, et puis on va augmenter la hauteur de cette cheminée... Il se trouve que, pour mon mémoire, j'étudie un atelier particulier d'une usine particulière. Ce bâtiment existe toujours ; il est le plus ancien de l'usine. Je ne l'ai au demeurant qu'apperçu et n'ai jamais pu le photographier : l'usine, construite pour faire des canons de marine en 1753, se prépare maintenant à armer la nouvelle classe de frégates franco-italiennes qu'on a annoncé l'hiver dernier - secret défense, pas de photos. Ce qui est sûr, c'est que le bâtiment en question, dénommé aujourd'hui mouleries, ce qu'il n'est plus depuis longtemps, a changé maintes fois de fonctions, sans jamais avoir exactement toutes celles qu'on lui destinait. C'est ça, un site industriel vivant. Comment raisonner en termes de patrimoine là-dedans ?
Un de ces jours, je vous expliquerai comment, par incapacité à concevoir l'industrie comme l'objet d'une histoire, on a tué une des plus vieilles sociétés de non-ferreux de France.
Le Plume vous salue bien.
3 commentaires:
tu t'éclipseras pour "lancer" le pavé, tu veux dire????!!! :))
y aurait pas le train qui passe pas loin de ça, par hasard?
je n'en avais aucune idée, mais tu as raison: la voie ferrée passe un peu plus loin, derrière l'usine. Qui d'ailleurs pourait bien se trouver rue Papin ou rue Stephenson, si j'en crois le plan consulté.
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