Alors voilà, c'est officiel, c'est la crise. Même, notre présidenticule l'a confirmé, qui pour un ancien ministre des finance est un singulièrement mauvais professeur d'économie. Oui, ok, les parachutes dorés pour les PDG qui ont mis leur boîte dans le rouge, c'est ridicule, et ça montre qu'il y a quelque chose de pourri dans la gouvernance d'entreprise. Mais ça n'a rigoureusement rien à voir avec l'origine des secousses actuelles.
Place de la bourse, 31 août 2008.
Pourtant, ça n'est pas très compliqué : l'origine de la crise, c'est le mythe suivant lequel tout le monde doit être ou devenir propriétaire immobilier. Même ceux qui n'ont pas le plus petit début de commencement de capital à y investir.
Ça veut dire que l'on emprunte la totalité de ce capital. Au lieu de payer le loyer de son logement, on paye le loyer du prix de son logement, ce qui n'est pas forcément moins cher, surtout en période de faible inflation. Mais comme de surcroit on fait des remboursements, on se constitue petit à petit, si possible, ce capital que l'on n'avait pas. Soit. Mais observons que le mécanisme se base sur deux mythes collatéraux : que le revenu de l'emprunteur sera au minimum constant, et probablement croissant, durant la durée de l'emprunt ; que la valeur de revente du bien augmentera elle aussi du fait d'une courbe ascendante des prix de l'immobilier. Ce sont deux motivations évidentes pour l'emprunteur mais, surtout, ce sont des impératifs pour le prêteur : de la première hypothèse résulte que l'emprunteur restera solvable, sauf coup dur, rare donc assurable ; le deuxième garantit l'intégrité du capital avancé, puisque le bien immobilier en constitue un gage, que ce soit par le mécanisme des hypothèques chez nous ou des mortgage dans la tradition anglo-saxonne. Dans le pire des cas, le prêteur se retrouve propriétaire du bien acheté, et peut-être même a-t-il fait une plus value. Un monde parfait.
Sauf que, du coup, on a incité à emprunter des gens qui n'en avaient pas les moyens - afin d'aller vers le tous propriétaires que l'UMP nous chantait encore l'an passé. Et il a suffi d'un petit ralentissement économique dû aux coûts de l'énergie pour que tout se détraque, en un cercle vicieux d'insolvabilité, de saisies hypothécaires, de saturation du marché dans les compartiments immobiliers correspondants et donc de chute des cours - et, partant, d'évaporation d'un capital que les banques considéraient comme absolument sûr. D'où contraction du marché du crédit, augmentation des taux, et donc des cas d'insolvabilité pour les prêts à taux variables, et ainsi de suite.
Ce qui explique l'ampleur des dégâts : c'est que précisément, pour les banques les prêts, même subprime, n'étaient pas considérés comme un placement risqué puisque garanti par un bien immobilier. Et la manière dont une banque gère ses placements dépend intimement du risque associé. Les placements les plus sûrs, ce sont les fondations de l'édifice ; tout tassement de ce côté là entraine une paralysie de l'ensemble. Et ce d'autant que la crise financière des années 80, due, elle, à un surinvestissement sur des marchés à haut risque, avait conduit à imposer aux banques des rations entre leurs fonds « sûrs » et le reste de leur activité...
Bref, le fond de la crise, ce n'est pas les parachutes dorés ni un complot de gros messieurs en costume trois pièce ; c'est qu'on a encouragé les particuliers à investir un argent qu'il n'avait pas.
Le Plume vous salue bien.
[Pentax MX, film Ilford HP5+, objectif SMC Pentax-M 50mm f:1.7]